En octobre, la Russie a perçu en moyenne 524 millions d’euros par jour pour ses exportations d’hydrocarbures, soit une baisse de 4 % par rapport au mois précédent, selon le Centre for Research on Energy and Clean Air (CREA) 1. Il s’agit du niveau le plus faible pour le secteur énergétique russe depuis le lancement de l’invasion de l’Ukraine, en 2022.

  • Cette baisse est principalement due à la chute des revenus provenant des exportations de produits pétroliers, qui ont baissé de 11 % par rapport à septembre. 
  • Les ventes de charbon ont également connu une baisse de 10 %, et celles du gaz transporté par gazoduc de 6 %.
  • Le pétrole brut — majoritairement transporté par voie maritime — a quant à lui généré près de 240 millions d’euros par jour, un chiffre stable. Celui-ci représente près de la moitié des ventes russes d’hydrocarbures.

Comme le montre le graphique ci-dessus, les revenus énergétiques russes sont passés sous la barre des 500 millions d’euros par jour pour la première fois depuis 2022 à la fin du mois d’octobre. Plusieurs indicateurs, notamment le suivi des itinéraires des pétroliers russes, suggèrent que le mois de novembre pourrait marquer une prolongation de cette tendance suite à l’imposition par l’administration Trump de sanctions sur le secteur énergétique russe, le 22 octobre.

Celles-ci doivent entrer en vigueur cette semaine, vendredi 21 novembre.

  • Plusieurs acheteurs indiens et chinois auraient mis en pause leurs commandes ces dernières semaines. JPMorgan estime que près d’un tiers du potentiel d’exportation maritime de pétrole russe est bloqué à bord des pétroliers.
  • Depuis le début de l’année, les trajets de ces navires ont par ailleurs été considérablement rallongés par les sanctions américaines.
  • Il leur faut en moyenne sept semaines pour livrer du pétrole brut au nord de la Chine depuis les ports de l’Arctique et de la mer Baltique, via la route maritime du Nord 2.
  • En 2024, ce trajet prenait en moyenne quatre semaines.

La baisse des revenus énergétiques a une conséquence directe sur les finances publiques russes. Le déficit budgétaire a ainsi doublé par rapport à 2023, et s’élève à 4 200 milliards de roubles sur la période janvier-août (45 milliards d’euros). L’objectif de déficit revu à la hausse en octobre par le ministère des Finances à 2,6 % du PIB semble difficilement réalisable, et devrait plutôt atteindre 3,5 % d’ici la fin de l’année.

La stabilité financière de Moscou dépend des achats réalisés par la Chine et l’Inde, qui importent à eux deux 85 % du pétrole brut russe.

  • Or, plusieurs sources estiment que New Delhi serait prêt à accepter de réduire progressivement ses importations de brut russe dans le cadre d’un accord commercial avec Washington.
  • En discussion depuis plusieurs mois, celui-ci pourrait être débloqué par le résultat des élections qui se sont tenues la semaine dernière dans l’État du Bihar, où le BJP de Modi a connu une importante victoire.
  • La nomination récente de Sergio Gor — un proche de Trump et de son fils, Don Jr. — au poste d’ambassadeur à New Delhi suggère que l’administration Trump souhaite parvenir à un accord le plus tôt possible 3.
  • Depuis la fin de l’été, l’Inde fait face à des droits de douane de 50 % sur ses exportations de biens vers les États-Unis.
Sources
  1. Petras Katinas, October 2025 — Monthly analysis of Russian fossil fuel exports and sanctions, Centre for Research on Energy and Clean Air (CREA), 13 novembre 2025.
  2. Julian Lee, « Sanctions Blight Arctic Route to China for Russia’s Oil Shippers », Bloomberg, 14 novembre 2025.
  3. Priyanka Salve, « Trump hints at cutting tariffs on India as loyalist Sergio Gor sworn in as ambassador », CNBC, 11 novembre 2025.