La nouvelle start-up 2wai, co-fondée par l’acteur canadien Calum Worthy et le producteur de films hollywoodiens Russell Geyser et lancée en juin 2025, promet désormais à chaque utilisateur de pouvoir créer un clone virtuel de ses proches avec lequel il sera possible d’interagir après son décès.
- Dans la vidéo promotionnelle ci-dessous, partagée par Worthy mardi 11 novembre sur X, on peut voir une femme réaliser un scan de sa mère en seulement quelques minutes à l’aide de son smartphone.
- Une fois son physique, sa voix et ses expressions enregistrés, son avatar est rendu disponible à portée de main à travers une application dédiée.
- Sa mémoire et sa personnalité, qui serait en mesure de retenir de nouvelles informations, sont par la suite conservées dans les serveurs de la start-up.
L’idée de 2wai semble directement tirée d’un épisode de la série de science-fiction Black Mirror — et c’est en partie le cas, mais il ne s’agit pas de la première fois que celle-ci sert d’inspiration.
- Dès 2016, soit trois ans après la sortie de l’épisode Be right back de la saison 2 de la série britannique, dans lequel une jeune femme poursuit une relation amoureuse avec son compagnon après son décès, l’entrepreneuse russe Eugenia Kuyda a eu l’idée de créer Replika.
- Ce chatbot, téléchargeable sur smartphone, permet de discuter avec un compagnon virtuel capable d’apprendre à nous connaître via des échanges et, in fine, de nous imiter pour devenir un « double numérique » 1.
- D’autres projets similaires ont vu le jour depuis, comme HereAfter, Almaya ou encore Seance AI, une application qui promet une « aventure » basée sur la « rencontre entre l’IA et l’au-delà ».
Initialement pensé pour permettre aux artistes de devenir propriétaire à vie de leurs « HoloAvatars » afin de leur « redonner le contrôle » sur leur identité digitale, le tournant de 2wai s’inscrit dans les débuts de l’application de l’IA au marché de l’au-delà numérique.
- Depuis les années 1990, plusieurs entreprises et sites web proposent des cimetières en ligne, accessibles via navigateur, où il est possible de fleurir et décorer des tombes virtuelles de ses proches.
- Au fil des années, ces cimetières se sont développés et ont intégré de nouvelles fonctionnalités permettant notamment de partager des moments de recueillement numérique avec des amis ou des proches depuis plusieurs appareils.
- En 2015, Facebook a également mis en place une option permettant de choisir des contacts « légataires ». Ces derniers peuvent avoir un accès partiel à un compte suite à la disparition de la personne, afin de faire face à l’augmentation du nombre d’utilisateurs décédés disposant toujours d’un compte actif.
Le développement d’une « industrie numérique de l’au-delà », selon l’expression formulée par les chercheurs Carl Öhman et Luciano Floridi, permet aux entreprises technologiques de générer de la valeur pendant des années voire des décennies après le décès d’une personne, soulevant des questions éthiques sur l’usage de l’innovation numérique et de l’IA 2.
Sources
- Casey Newton, « Speak, Memory. When her best friend died, she rebuilt him using artificial intelligence », The Verge, 6 octobre 2016.
- Öhman, C., Floridi, L, « The Political Economy of Death in the Age of Information : A Critical Approach to the Digital Afterlife Industry », Minds & Machines 27, 639–662 (2017).