Bikoro. L’aire de santé d’Ikoko Impenge (environ 7 000 habitants), semblerait être l’épicentre d’une nouvelle épidémie d’Ébola qui a déjà fait plus d’une dizaine de victimes.
Le ministère de la santé de la République démocratique du Congo a déclaré qu’au moins trois personnes qui composent l’équipe de l’hôpital principal de Bikoro ont été contaminées par le virus (4). Bikoro se trouve sur le rivage oriental du lac Tumba (750 km2) qui se déverse dans le fleuve Congo dans le nord-ouest du pays et se situe à une trentaine de kilomètres de l’aire de santé d’Ikoko Impenge.
Pour contrôler la diffusion de l’épidémie, les autorités congolaises, accompagnées par plusieurs organisations internationales (OMS, MSF, Croix Rouge), ont disposé une action multiscalaire qui repose sur l’organisation préalable d’unités territoriales définies à partir d’une série de Zones de santé qui réunissent en règle générale une population d’environ 50.000 à 100.000 personnes en milieu rural et de 100.000 à 250.000 personnes en milieu urbain. Chaque Zone est alors découpée en une série d’Aires de santé, 5.000 à 10.000 habitants en milieu rural, 15.000 à 30.000 habitants en milieu urbain. Les Zones de santé sont organisées autour d’un hôpital général de référence (2).
- À l’échelle locale — dans l’aire de santé de Bikoro, une équipe du Ministère de la Santé Publique accompagnée par des représentants de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et de Médecins sans frontières (MSF) a été déployée à Bikoro pour suivre l’évolution de l’épidémie. C’est grâce à son travail qu’Ebola a pu être promptement identifié.
- À l’échelle nationale — tous les voyageurs en provenance de la Zone de Santé de Bikoro devront être soumis à un screening médical, les compagnies qui desservent les principaux chefs-lieux des provinces du pays et le long du Fleuve Congo sont appelées à collaborer avec les autorités.
- À l’échelle internationale — le RDC renforcera les mesures sanitaires de surveillance et de prévention au niveau de ses principaux points d’entrée : axes routiers, ports et aéroports.
La leçon de l’épidémie d’Ébola qui avait frappé l’Afrique occidentale entre 2013-2016 a-t-elle été comprise ? Le rapport de référence sur les causes qui avaient déterminé cette vague responsable plus de 14 000 morts insistait sur la fragilité d’un système mondial de réaction aux crises de santé ne sachant pas s’articuler à des réponses sur l’échelle nationale et locale (1). Grâce à la prise en compte de la nature multiscalaire de la menace, la dernière épidémie d’Ebola en RDC qui avait éclaté en mai dans le nord du pays en 2017 avait été circonscrite en un peu plus d’un mois (3).
Perspectives :
- Juillet 2018 — Le cycle d’incubation d’Ébola est de 21 jours. L’OMS compte 42 jours après le dernier signalement d’une contamination pour déclarer la fin de la contagion. Si où la prise en compte de l’épidémie réussisait dans les prochains jours, on devra donc attendre le mois de juillet pour voir la fin de la menace.
Sources :
- Harvard-LSHTM Independent Panel on the Global Response to Ebola, Will Ebola change the game ? Ten essential reforms before the next pandemic, Lancet 2015
- MUSHAGALUSA SALONGO Pacifique, Etude des déterminants de l’utilisation des services de santé dans la zone de santé de Kadutu, province du Sud Kivu, Maîtrise en Santé publique et économie de la santé, Kinsasha, Université de Kinsasha 2005
- World Health Organisation, Ebola virus disease, 12 février 2018
- World Health Organisation, New Ebola outbreak declared in Democratic Republic of the Congo, 8 mai 2018