Selon les données compilées par Bloomberg à partir des itinéraires des pétroliers russes, les exportations de brut se sont établies à 3 millions de barils par jour la semaine dernière, soit une baisse de 17,5 % par rapport à la semaine ayant précédé l’imposition de sanctions par le Trésor américain sur les principaux producteurs russes, Lukoil et Rosneft 1.

Les exportations maritimes de pétrole brut russe ont ainsi connu leur plus forte baisse depuis février : -5 % en moyenne glissante sur quatre semaines.

  • Les principaux importateurs — la Chine, l’Inde et la Turquie — ont ralenti à différents niveaux leurs achats de brut.
  • Dès la semaine dernière, les raffineurs indiens (Bharat Petroleum et Hindustan Petroleum notamment) s’étaient retirés du marché du brut de l’Oural.
  • Les raffineurs turcs ont quant à eux commencé à se tourner vers d’autres producteurs comme l’Irak, la Libye, l’Arabie saoudite et le Kazakhstan.
  • Ankara est le troisième importateur d’hydrocarbures russes après l’Inde et la Chine, représentant 20 % des revenus russes 2.
  • Une baisse des importations indiennes et turques exercerait une pression considérable sur les finances russes. 

Deux des principaux groupes pétroliers chinois, Sinopec et PetroChina, ont également annulé plusieurs commandes de pétrole russe suite à l’annonce des sanctions sur Lukoil et Rosneft. Pékin a considérablement augmenté ses importations ces dernières années, plaçant jusqu’à 10 % des 11 millions de barils acheminés chaque jour dans ses réserves stratégiques, dont la taille est estimée entre 1,2 et 1,3 milliards de barils 3.

Pour l’heure, l’administration Trump n’a toutefois pas signalé vouloir appliquer des mesures spécifiques visant les importateurs chinois.

  • Le président américain a déclaré qu’il n’avait « pas vraiment discuté du pétrole » lors de sa rencontre avec Xi Jinping en Corée du Sud, jeudi 30 octobre.
  • Sans mesures ciblées, comme les droits de douane supplémentaires imposés sur l’Inde à la fin de l’été, il semble peu probable que les raffineurs chinois renoncent à acheter du pétrole russe bon marché.
  • La Chine représente un tiers des revenus générés par les exportations russes d’hydrocarbures.
  • Avec un pic de la demande de pétrole anticipé pour 2027, Pékin ne serait pas en mesure de compenser entièrement la perte de ces marchés.
  • Lors d’une réunion avec le premier ministre russe Mikhaïl Michoustine qui a eu lieu aujourd’hui, 4 novembre à Pékin, Xi Jinping a déclaré que les relations avec la Russie progressaient malgré un « environnement extérieur turbulent » et a appelé à un renforcement de la coopération économique.
Sources
  1. Julian Lee, « Russia’s Crude Deliveries Plunge as US Sanctions Begin to Bite », Bloomberg, 4 novembre 2025.
  2. Vaibhav Raghunandan, September 2025 — Monthly analysis of Russian fossil fuel exports and sanctions, CREA, 14 octobre 2025.
  3. Rebecca Feng, « China Is Filling Up Its Oil Reserves Fast », The Wall Street Journal, 1er novembre 2025.