Le parti populiste de droite ANO (PfE), mené par l’ancien Premier ministre Andrej Babiš, au pouvoir de 2017 à 2021, est largement en tête des sondages (environ 30 % des intentions de vote) face à la coalition de centre-droit au pouvoir Spolu dirigée par le président du gouvernement Petr Fiala (environ 20 %). 

Le scrutin s’annonce clef pour l’orientation pro-européenne et internationale du pays. 

  • Un gouvernement ANO pourrait ainsi rapprocher la Tchéquie de la Hongrie et de la Slovaquie, créant un troisième siège en d’opposition constante à Bruxelles.
  • Cette situation rappellerait les années du groupe de Visegrád en 2015 dans une ambiance désormais ukraino-sceptique — avec l’exception d’une Pologne gouvernée par les libéraux.
  • Andrej Babiš est toutefois perçu plutôt comme étant pragmatique, dont les choix pourraient dépendre des coalitions qu’il parviendra à construire.
  • À Strasbourg, ANO a longtemps fait partie de Renew avant de rejoindre les Patriotes pour l’Europe (PfE) en 2024.

ANO promet de réduire les impôts, baisser les prix de l’énergie et s’oppose aux quotas migratoires, tout en promettant de stopper les livraisons d’armes à l’Ukraine. En face, la coalition sortante Spolu insiste sur l’importance de la défense, le respect des engagements internationaux et la continuité du soutien à l’Ukraine. Le scrutin est également marqué par la montée de mouvements radicaux, comme la coalition SPD (extrême droite) ou le parti Stačilo ! (gauche radicale).

  • Comme dans les cas de la Roumanie et de la Moldavie, l’ingérence russe au cours de la campagne électorale a été amplement documentée.
  • Selon une analyse réalisée par la revue tchèque Voxpot, les plus grands sites de désinformation proches du Kremlin produisent plus de contenu que tous les médias traditionnels tchèques réunis 1.
  • Le 28 septembre, le Centre de recherche sur les risques en ligne notait dans un communiqué que des comptes TikTok tchèques comptant des millions d’abonnés « diffusent systématiquement de la propagande pro-russe et soutiennent les partis antisystème par le biais d’une manipulation de l’engagement » 2.

Selon une enquête Lord Ashcroft, près de la moitié (46 %) de la population tchèque considère que le soutien à l’Ukraine « rend le pays moins sûr ». Ce chiffre monte à 56 % chez les électeurs d’ANO, tandis qu’il n’est que de 19 % chez les soutiens de la coalition de centre droit Spolu 3.

  • Selon le Kiel Institute, la République tchèque se classe au 24e rang des pays ayant apporté une assistance à l’Ukraine depuis février 2022, avec une aide rapportée au PIB de 0,16 %.
  • Prague a néanmoins joué un rôle clef dans plusieurs programmes, notamment en coordonnant une initiative visant à livrer plusieurs centaines de milliers d’obus à l’armée ukrainienne.

Le président Petr Pavel, à la tête du comité militaire de l’Alliance atlantique de 2015 à 2018, sera amené à jouer un rôle important dans la formation d’une coalition de gouvernement. Celui-ci a déclaré en août : « Quiconque encourage la Tchéquie à se retirer de l’OTAN ou de l’Union européenne porte, à mes yeux, préjudice à notre pays ». Il a ajouté : « Et c’est l’un des critères que je prendrai en compte lorsque je recevrai une proposition concernant la composition du nouveau gouvernement » 4.

Sources
  1. Vojtěch Boháč et Vojtěch Pecka, « Ruská kampaň v Česku je mnohem větší, než jste si mysleli », Voxpot, 25 août 2025.
  2. Rikard Jozwiak, « Czech Elections Could Shift Country Away From Pro-European Path, Impacting Support For Ukraine », Radio Free Europe, 1er octobre 2025.
  3. Czech Election Survey, Lord Ashcroft Polls, septembre 2025.
  4. Karolina Brodníčková, « Pavel : Každý, kdo nabádá k odchodu z EU a NATO, Česko poškozuje », Novinky, 18 août 2025.