Hier, mardi 30 septembre, le gouvernement russe a annoncé prolonger l’interdiction temporaire d’exportation d’essence vers l’étranger, qui devait initialement expirer aujourd’hui, face à une baisse de la production domestique qui menace l’approvisionnement du marché intérieur 1. Au cours des deux premières semaines de septembre, la production quotidienne était en baisse de 11 % par rapport à janvier en raison des attaques ukrainiennes visant les infrastructures énergétiques russes 2.
- En plus des restrictions concernant l’essence, Moscou a décrété de nouvelles interdictions visant les exportations de diesel, de fioul marin et d’autres gasoils. Ces nouvelles mesures seront en place jusqu’au 31 décembre.
- Sur les 38 raffineries du pays, 16 ont été frappées — parfois à plusieurs reprises — par des frappes de drones ukrainiens, affectant jusqu’à 38 % de la capacité de raffinage du pays au 28 septembre 3.
- Les prix de l’essence payée par les consommateurs ont considérablement augmenté : + 42 % depuis le début de l’année pour le sans plomb 92 dans l’ouest de la Russie, selon les chiffres de la bourse Saint-Pétersbourg.
Face à d’importantes perturbations d’approvisionnements, les stations-services n’appartenant pas à un groupe ont été particulièrement exposées. Au niveau national, le nombre de stations indépendantes a diminué de 2,6 % depuis la fin du mois de juillet — soit avant l’intensification de la campagne ukrainienne —, de 14 % dans le sud du pays et jusqu’à 50 % dans la région ukrainienne de Crimée, occupée illégalement par la Russie depuis 2014.
Afin de lutter contre les pénuries, le Kremlin a mis en œuvre plusieurs mesures.
- Tout d’abord, les achats auprès des raffineurs biélorusses ont connu une augmentation de 36 % sur les trois derniers mois en glissement annuel, ce qui représente près de 100 000 tonnes d’essence et de diesel 4.
- Hier, mardi 30 septembre, la Commission économique eurasienne a annoncé la suspension des tarifs douaniers portant sur les importations de produits pétroliers au sein des pays de l’UEEA jusqu’en juillet 2026 5.
- Moscou considère également la suppression des tarifs douaniers de 5 % sur les importations d’essence en provenance de Chine, de Corée du Sud et de Singapour.
- Enfin, le gouvernement propose de ré-autoriser temporairement l’usage de la monométhylaniline (MMA) dans la production d’essence, un additif améliorant l’indice d’octane interdit depuis 2016. Le ministère des Finances devrait également se pencher sur les incitations économiques à l’emploi de l’éthanol dans la production d’essence 6.
Pour la population russe, les pénuries et l’augmentation du prix de l’essence sont quelques-unes des rares marques de la guerre à grande échelle que la Russie livre à l’Ukraine depuis février 2022. L’amélioration des capacités de frappe en profondeur de Kiev sur le territoire russe pourrait installer cette crise dans la durée. La Russie a déjà connu des crises pétrolières, notamment en 2021, en 2018 et en 2011.
Sources
- Publication du gouvernement russe sur Telegram, 30 septembre 2025.
- « Перебои в колонках », Kommersant, 24 septembre 2025.
- « В России остановились почти 40 % мощностей нефтезаводов », The Moscow Times, 30 septembre 2025.
- Платон Щукин, « Россия резко нарастила закупку бензина в Белоруссии », Lenta, 30 septembre 2025.
- « В ЕАЭС обнулили пошлины на импорт топлива до июля 2026 года », Вестник Кавказа, 30 septembre 2025.
- « С горючим участием », Kommersant, 1er octobre 2025.