Si Donald Trump n’a, pour l’heure, pas indiqué son intention de quitter les Nations unies — qui a selon lui, un « potentiel énorme » — il a néanmoins retiré les États-Unis de plusieurs institutions spécialisées de l’ONU et traités, comme le Conseil des droits de l’homme, l’Organisation mondiale de la santé, l’UNESCO, ou encore l’Accord de Paris. L’administration a également supprimé le financement américain de l’Office de secours et de travaux pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA).
- En février, le président américain a par ailleurs lancé une enquête sur le rôle des États-Unis au sein de toutes les organisations internationales, ce qui pourrait conduire à leur retrait de plusieurs d’entre elles, dont l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture et le Programme des Nations unies pour le développement.
- Selon une enquête Gallup, plus d’un tiers des électeurs républicains (36 %) sont en faveur d’un retrait des Nations unies 1.
Les politiques de l’administration ont déjà un impact considérable sur le fonctionnement de l’organisation.
- Les Nations unies devront réduire leur budget d’environ 500 millions de dollars et supprimer 20 % de leurs effectifs d’ici 2026, à la suite de la suppression des financements étrangers par l’administration — qui a déjà réduit d’un milliard de dollars le financement de l’organisation et a informé le Congrès de son intention de diminuer la contribution des États-Unis d’un milliard supplémentaire.
Le déroulement de l’Assemblée générale de cette année doit aussi faire face à des restrictions imposées à plusieurs diplomates étrangers venus à New York pour l’événement.
- Le président de l’État de Palestine — un État observateur permanent auprès de l’ONU —, Mahmoud Abbas, s’est vu refuser l’entrée sur le sol américain en raison de la révocation des visas de plusieurs dizaines de membres de l’OLP et de l’Autorité palestinienne.
- Les responsables iraniens travaillant à la mission de l’ONU à New York et ceux faisant partie de la délégation iranienne présente pour l’Assemblée générale se sont vus interdire d’effectuer des achats dans des magasins de gros, type Costco.
- Les déplacements des membres des délégations de Biélorussie, de la Chine, de Cuba, de l’Érythrée, de la Corée du Nord, de la Russie, de la Syrie, de l’Iran et du Venezuela sont quant à eux restreints à un rayon de 25 miles (40 kilomètres) autour de Columbus Circle, dans le quartier de Manhattan 2.
Depuis 1971, les Nations unies disposent d’un comité chargé de veiller au respect par les États-Unis de la Convention sur les privilèges et immunités des Nations unies de 1946.
- Dans le cadre de ses travaux, le Comité des relations avec le pays hôte rappelle fréquemment qu’il est de l’intérêt de l’ONU « que soient assurées les conditions requises pour que les délégations et les missions accréditées auprès de l’Organisation puissent s’acquitter normalement de leurs tâches » 3.
- Or, les politiques de l’administration Trump mises en place pour des raisons liées à la « sécurité nationale » des États-Unis sont susceptibles d’entraver ces conditions.
- Si la présence lors de l’Assemblée générale de milliers de diplomates étrangers autour du 760 United Nations Plaza contribue à booster l’économie, l’événement annuel de l’ONU a un impact considérable sur les infrastructures de New York, et notamment ses routes.
- En 2023, la vitesse moyenne dans le centre-ville a atteint ses niveaux les plus bas de l’année (jusqu’à moins de 5 km/h) durant le débat général en raison de la fermeture de plusieurs axes et de contrôles de sécurité renforcés.
Les Nations unies ne sont pas la seule organisation internationale dont le fonctionnement a été perturbé par les politiques de l’administration Trump.
- Fin janvier, plusieurs employés colombiens travaillant pour la Banque mondiale ont été expulsés des États-Unis suite à l’imposition par Washington de restrictions de visas 4.
- Lors du premier mandat de Trump, en 2017, l’ONU craignait que les déplacements de certains de ses employés soient entravés suite à la mise en œuvre du « Muslim Ban », qui limitait l’accès aux États‑Unis pour les ressortissants de plusieurs pays majoritairement musulmans 5.
Sources
- Jeffrey M. Jones, United Nations Seen as Necessary but Ineffective, Gallup, 21 septembre 2025.
- Foreign Missions Travel Controls Program, Département d’État américain.
- Resolution adopted by the General Assembly on 4 December 2024, Report of the Committee on Relations with the Host Country.
- Alan Rappeport, « World Bank Warns Colombian Staff Against U.S. Travel After Trump Visa Edict », The New York Times, 27 janvier 2025.
- « U.N. says it received assurances travel ban won’t affect diplomats, staff », CBS News, 30 janvier 2017.