Né en 1993, Charlie Kirk s’est engagé en politique dès le lycée. Il quitte l’université pour se consacrer entièrement à l’activisme et crée, à l’âge de 18 ans, l’organisation Turning Point USA, dont la mission est « d’identifier, d’éduquer, de former et d’organiser des étudiants afin de promouvoir les principes de liberté, de libre marché et de gouvernement limité ».
- En quelques années, Charlie Kirk transforme un petit groupe étudiant conservateur en l’une des forces les plus influentes de la politique républicaine.
- Avec une stratégie qui combine une présence massive sur les réseaux sociaux et un fort ancrage local dans tout le pays, il en fait une organisation tentaculaire rassemblant plus de 850 chapitres sur les campus américains dotée d’un budget de plus de 8 millions de dollars.
Il se fait connaître du grand public aux États-Unis lors de la Convention républicaine de 2016.
- À seulement 22 ans, il électrise la foule de Cleveland en déclarant que le Parti républicain est « le parti de la jeunesse et de la diversité ». Il lance le slogan : « Big government sucks ».
- Dans la foulée de cette apparition, il devient un habitué de Fox News, où il défend les politiques populistes et anti-immigration de Donald Trump, tandis que Turning Point USA continue son ascension grâce à des polémiques savamment dosées — affiches provocatrices, débats sur les campus et conférences dans l’écosystème des Big Tech.
- Contrairement à d’autres figures du trumpisme uniquement associées au premier mandat, l’ascension de Kirk se poursuit pendant les années de la présidence Biden, dont il profite pour intensifier son activisme.
Structure clef de la guerre culturelle américaine, Turning Point USA lance également la très controversée Professor Watchlist.
- Cette « liste noire » référence les enseignants accusés de faire la promotion du « wokisme » en classe. Sa publication provoque des campagnes de harcèlement en ligne contre des professeurs pour leurs publications académiques ou leurs prises de position sur les réseaux sociaux.
L’approche combative de Charlie Kirk lui vaut des alliés au sommet du Parti républicain, dont Donald Trump Jr., qui le qualifie de « véritable rock star de ce mouvement ».
Au-delà de son activisme, Kirk avait également réussi à bâtir une marque médiatique sur son image.
- En 2019, il lança The Charlie Kirk Show, une émission quotidienne de radio et de podcast qui devint l’une des plus téléchargées sur Apple Podcasts.
- Son empire s’élargit avec Turning Point Live, qui repose essentiellement sur la culture du debating sur les campus américain. Il investit une formule simple : plusieurs étudiants doivent lui faire face à tour de rôle pour « lui prouver qu’il a tort ».
- Aux vidéos virales diffusées sur TikTok et YouTube de confrontations sur les campus — qui consolident sa notoriété — s’ajoutent plusieurs livres, dont The MAGA Doctrine (2020), qui fera de lui l’un des principaux interprètes du trumpisme pour la jeune génération.
La fusillade qui a coûté la vie à Charlie Kirk ce 10 septembre survient alors qu’il s’apprêtait à lancer sa tournée nationale intitulée The American Comeback Tour : une série de débats sur les campus destinée à reproduire ses fameuses discussions « Prove me wrong » où il répond à la chaîne aux arguments des étudiants.
- Sa venue annoncée avait suscité une vive opposition : plus de 6 000 personnes avaient signé une pétition demandant à l’université d’Utah Valley State d’annuler son intervention prévue le 30 septembre.
Kirk incarnait le conservatisme trumpiste adapté à la Génération Z.
En quelques années, il a contribué à redéfinir la droite américaine comme une force contre-culturelle pour la jeunesse américaine, rebelle et provocatrice — une réponse à ce que Turning Point USA percevait comme la domination de la culture libérale dans l’enseignement supérieur.
- Le soutien accru de la jeunesse à Donald Trump — notamment chez les jeunes hommes — est en partie attribuable aux efforts de Kirk. En mettant l’accent sur des thèmes comme le mariage, la maternité, la masculinité et l’opposition à l’activisme climatique, Turning Point USA cultivait une identité culturelle autant que politique.
- La tournée Comeback prolongeait cette formule, à la fois comme spectacle et comme outil de recrutement, visant à repositionner le Parti républicain comme le parti de la jeunesse contestataire.
Son assassinat spectaculaire présente aujourd’hui le risque d’enflammer certains campus américains et d’accentuer les guerres culturelles déjà exacerbées qui s’y jouent.
- Alors qu’aucun suspect n’a été pour le moment identifié, l’assassinat pourrait être utilisé comme un argument pour tous les partisans d’une politique de répression plus dure de la liberté académique — qui pourraient accuser « la gauche » de l’assassinat en arguant que les Démocrates auraient développé une « culture de haine ».
- Dans un moment de divisions profondes, cet événement pourrait également faire de la figure de Kirk celle d’un martyr unissant la fragile coalition de Donald Trump — tiraillée sur plusieurs sujets, de la politique de l’administration envers les Big Tech à l’affaire Epstein.
- Après la tentative d’assassinat contre Donald Trump à l’été 2024 et dans un contexte de violence marquée, dans les six premiers mois de cette année, par 150 attaques pour motifs politiques — soit presque deux fois autant que sur la même période en 2024 1 — ce meurtre pourrait ouvrir une séquence inédite.