Malgré les sanctions et la réorganisation de ses dépenses publiques visant à favoriser les investissements dans la défense, l’économie russe continue d’afficher une croissance positive en rythme annuel. Au premier semestre, le PIB a augmenté de 1,4 % et de 1,1 % au second. Ces chiffres cachent toutefois une stagnation de l’activité des secteurs ne bénéficiant pas directement de la hausse des dépenses militaires.

  • La croissance d’un trimestre à l’autre s’est contractée en début d’année, avant d’enregistrer une légère hausse au deuxième trimestre, évitant de justesse une récession technique.

Selon une étude du Centre d’analyse macroéconomique et de prévision à court terme (CMASF), un centre de recherche affilié au gouvernement russe, la croissance dans les secteurs civils est quasiment nulle depuis l’été 2023.

  • Dans une note publiée fin juillet, le CMASF estime que la hausse de la production observée au deuxième trimestre de l’année « est exclusivement liée à l’activité des secteurs où l’industrie de défense est prédominante » 1.
  • Lorsqu’on exclut le complexe militaro-industriel (produits métalliques, armement, optique, électronique, aéronefs…), la production se contracte chaque mois de 0,3 % par rapport au mois précédent.
  • Derrière ces chiffres d’une hausse de la production, tirés vers le haut par la défense, se cache notamment une accélération du déclin de la production de matériaux de construction depuis le début de l’année.
  • En juillet, l’activité manufacturière dans ce secteur était presque tombée au niveau de l’été 2020, marqué par la pandémie de Covid-19.

L’industrie automobile souffre elle aussi d’un ralentissement des ventes de voitures neuves de près de 25 % depuis le début de l’année par rapport à 2024 2. En avril, le directeur d’AvtoVAZ — marque qui fabrique depuis les années 1970 la Lada —, Maxim Sokolov, pointait du doigt les taux directeurs élevés de la Banque centrale ainsi que la concurrence exercée par les constructeurs chinois.

  • Les économistes sondés par la Banque centrale russe en juillet s’attendent toujours à ce que la Russie termine l’année avec une croissance positive de 1,4 % — en baisse de 0,1 point par rapport à la précédente enquête de mai 3.
  • Ce chiffre est largement en-dessous des 4,3 et 4,1 % de croissance enregistrés en 2024 et 2023.
  • En mars, la présidente de la Banque centrale russe, Elvira Nabioullina, évoquait un soft landing à venir de l’économie russe dû au ralentissement de la demande intérieure et à la persistance des pénuries de main-d’œuvre 4.

Malgré une économie en surchauffe, l’inflation a commencé à montrer des signes de ralentissement ces derniers mois — passant de 10,3 % en mars à 8,8 % en juillet —, ce qui a conduit l’institution à abaisser son taux directeur à deux reprises ces dernières semaines. 

  • Les taux demeurent toutefois très élevés : 18 %, soit en baisse de 3 points par rapport à la période novembre 2024-juin 2025.
  • La Banque centrale russe n’exclut pas des baisses supplémentaires de son taux directeur d’ici la fin de l’année.