Une semaine après les avancées russes à l’est de Dobropillia, une ville de plus de 20 000 habitants située à une vingtaine de kilomètres au nord de Pokrovsk, dans l’oblast de Donetsk, les opérations ukrainiennes de « stabilisation » de la ligne de front continuent. 

  • Les « infiltrations » de groupes de combattants russes, qui se sont étendues sur une profondeur d’une dizaine de kilomètres — une zone conséquente compte tenu de la progression russe incrémentale observée depuis 2023 —, n’ont pas conduit à une percée opérationnelle.
  • Les forces ukrainiennes sont parvenues à reprendre le contrôle de deux zones, représentant une cinquantaine de kilomètres carrés, initialement capturées par l’armée russe dans les premières heures de l’incursion.
  • Une part importante des combats se situe en ce moment autour du village de Kucheriv Yar, nouveau point de contact entre les deux armées au nord du saillant ouvert par Moscou.

Malgré une apparente stabilisation du front par les forces ukrainiennes dans ce secteur, les équilibres demeurent incertains. Les commandements des deux armées ont mobilisé des effectifs supplémentaires afin de tenter de prendre l’ascendant, tandis que Moscou multiplie les offensives dans plusieurs directions. L’analyste militaire ukrainien Constantin Mashovets décrit une situation qui semble « plus favorable aux forces armées ukrainiennes », sans toutefois se risquer à tenter d’en prédire l’issue 1.

Pour l’Ukraine, le principal risque d’une percée russe durable dans ce secteur est l’encerclement de Pokrovsk par le nord.

  • Cela fait un mois que les forces russes ont pénétré dans le sud-ouest de la ville, sans pour autant avoir réussi à étendre leur contrôle à d’autres quartiers.
  • Dans le cadre des négociations diplomatiques en cours, un effondrement du front dans l’oblast de Donetsk renforcerait la main de Vladimir Poutine, qui demande un retrait des forces ukrainiennes du Donbass — ce à quoi Zelensky s’oppose.
  • Le nord de la région, toujours sous contrôle de Kiev, concentre un réseau de fortifications et de villes bastions qui garantissent à l’Ukraine un certain degré de protection face aux offensives russes.
  • En cédant le Donbass à la Russie, l’Ukraine renoncerait également à ses dernières défenses susceptibles de dissuader de futures attaques vers les oblasts frontaliers de Dnipropetrovsk et de Kharkiv.

Le terrain autour de Dobropillia, principalement composé de grandes étendues ouvertes et de villages faiblement peuplés, favorise les manœuvres tactiques rapides. Il s’agit également d’un environnement dans lequel les drones font peser une menace importante sur les véhicules blindés, ce qui pourrait conférer aux forces ukrainiennes un avantage significatif.