Selon le groupe ukrainien DeepState, les troupes russes auraient avancé d’au moins dix kilomètres, suivant deux axes distincts, dans le cadre de leur offensive visant à prendre le contrôle total de l’oblast de Donetsk.

  • Ces avancées se concentrent près de trois villages situés dans un secteur stratégique, entre Kostyantynivka et Pokrovsk, que Moscou cherche à encercler en exploitant le manque d’effectifs côté ukrainien.
  • Depuis la chute d’Avdiivka en février 2024, ce secteur maintient des voies logistiques vitales ukrainiennes dans l’oblast de Donetsk.
  • À ce stade, l’armée ukrainienne parle plutôt d’« infiltration » que de percée 1
  • Selon l’Institute for the Study of War : « il est prématuré de qualifier les avancées russes dans la région de Dobropillia de percée opérationnelle, même s’il est très probable que les forces russes cherchent, dans les prochains jours, à transformer leurs gains tactiques en percée » 2.
  • Selon Yaroslav Trofimov, correspondant du Wall Street Journal, « jusqu’à présent, rien n’indique que d’importantes unités russes aient poursuivi leur infiltration pour exploiter la brèche ».
  • Dans la soirée, Zelensky a confirmé que des soldats russes avaient avancé d’environ 10 kilomètres sur certains secteurs du front, ajoutant qu’ils « n’ont pas d’équipements, seulement leurs armes dans les mains. Certains ont été détruits, d’autres faits prisonniers. Nous trouverons les autres et les détruirons prochainement ».  
  • L’état-major ukrainien a annoncé le déploiement de « forces et de moyens supplémentaires pour détecter et détruire les groupes de sabotage ennemis qui pénètrent derrière la ligne de défense en direction de Pokrovsk » 3.
  • Kiev poursuit également sa campagne de frappes de drones contre les infrastructures de l’industrie de défense russe : le Service de sécurité d’Ukraine a annoncé aujourd’hui une attaque contre un entrepôt de drones kamikazes Shahed à Kzyl Yul, dans la république du Tatarstan 4.

Ces avancées, qui confirment l’accélération du rythme de progression de l’armée russe, s’expliquent par plusieurs facteurs.

  • Comme le souligne Michel Goya, l’action d’un dispositif russe massif aurait été facilitée par une certaine faiblesses des forces ukrainiennes. Moscou aurait ainsi engagé d’importantes ressources et déployé des groupes mobiles capables de contourner les points de résistance pour s’enfoncer profondément dans les lignes adverses.
  • La tactique russe repose presque exclusivement sur l’infanterie, appuyée par des moyens motorisés légers, comme des motos ou des vélos.
  • Cette avancée montre ainsi que si les drones — pour lesquels les Ukrainiens ont un réel avantage — jouent un rôle majeur dans le conflit, l’infanterie demeure décisive.
  • Michel Goya explique : « les Ukrainiens disposent d’un atout avec leur industrie de drones, qui leur permet de compenser la faiblesse de leur aviation, de leur artillerie et de leur infanterie, mais cela ne suffit pas à résoudre la crise de cette dernière. L’Ukraine manque cruellement de fantassins pour tenir le front, et ce manque s’aggrave alors que l’infanterie russe continue de progresser » 5.

Les avancées russes, trois jours avant le sommet entre Trump et Poutine qui aura lieu ce vendredi 15 août en Alaska, présentent un double risque pour l’Ukraine.

  • Tout d’abord, ils permettent d’obtenir des gains importants sur le plan tactique et menacent l’encerclement du Donbass, qui est un objectif central des revendications territoriales de Vladimir Poutine.
  • Cette manœuvre s’inscrit également dans une stratégie politique. Poutine cherche à démontrer sa capacité à lancer des offensives d’ampleur et à se poser en acteur « conciliant » devant le président américain en proposant à l’Ukraine un accord impliquant l’abandon des territoires du Donbass que la Russie n’est pas parvenue à prendre par la force.
  • Mardi 12 août, Zelensky a déclaré qu’il n’abandonnerait pas le Donbass : « Pour les Russes, le Donbass est une tête de pont pour une future offensive ». Il a toutefois ajouté : « Aucune question territoriale ne peut être séparée des garanties de sécurité » 6.

La Russie contrôle environ 88 % du Donbass : la quasi-totalité de Louhansk, et environ 75 % du territoire de Donetsk 7.