Hier, mardi 15 juillet, le Premier ministre du Kazakhstan Oljas Bektenov a annoncé qu’Astana avait entamé la construction d’une nouvelle centrale électrique à Kokchetaou, dans le nord du pays, sans attendre que Moscou n’officialise son implication dans le projet 1. La Russie s’était auparavant engagée à fournir un prêt à un taux préférentiel pour la construction de trois nouvelles centrales dans le pays (à Kokchetaou, Semeï et Öskemen).

  • Sur les 97 unités réparties dans les 22 centrales à charbon en activité au Kazakhstan, 21 ont été construites ou modernisées après l’indépendance du pays en décembre 1991, selon les données de l’ONG Global Energy Monitor.
  • La Russie a joué un rôle substantiel dans chacun de ces projets, apportant une contribution technique, matérielle ainsi que financière, notamment via l’octroi de prêts et de financements.
  • Les entreprises russes (Inter RAO, LMZ, Electrozavod, Power Machines…) jouent par ailleurs un rôle central dans la maintenance et la réparation des chaudières, turbines et transformateurs qui équipent les centrales kazakhes.

L’annonce de Bektenov intervient deux mois après que ce dernier a déclaré que Moscou « rencontrait des difficultés pour financer la fourniture d’équipements » 2 pour ces projets. La question semble avoir fait l’objet de discussions entre le vice-Premier ministre russe Alexandre Novak et son homologue kazakh Roman Sklyar lors du Forum économique de Saint-Pétersbourg qui s’est tenu en juin, sans qu’aucune annonce n’ait toutefois été faite à l’issue de la rencontre. Le coût préliminaire de la construction des trois centrales est estimé à environ 2 milliards d’euros.

Bien que rien ne confirme clairement l’existence d’un lien entre l’impact de la guerre sur les finances de la Russie et l’apparent abandon du projet par Moscou, le Kremlin a néanmoins été contraint de revoir ses dépenses à la baisse le mois dernier en raison de ses pertes élevées sur le front ukrainien.

  • La majeure partie des coupes budgétaires russes pour 2025 concernent les produits de haute technologie, l’automobile et les transports, la recherche et le développement ou encore la robotique industrielle.
  • Dans le même temps, le Kremlin consacre de plus en plus de ressources pour le recrutement de soldats sous contrat et l’octroi de bonus à la signature : près de 36 milliards de roubles (380 millions d’euros) ont ainsi été dépensés pour les contrats militaires au premier trimestre 2025.

Faute de pouvoir obtenir des prêts russes à un taux avantageux, le Kazakhstan pourrait se tourner vers d’autres partenaires, comme la Corée du Sud ou la Chine. Une entreprise turque avait également signalé son intérêt pour le projet, avant de se rétracter. L’entreprise publique russe Inter RAO était la seule à avoir participé à l’appel d’offres.