Depuis le retour au pouvoir de Donald Trump le 20 janvier, le nombre d’arrestations de migrants vivant, dans la plupart des cas, illégalement sur le territoire américain, a doublé par rapport à l’année dernière, sous le mandat de Joe Biden.
- En moins de six mois, près de 100 000 personnes ont été arrêtées sur le territoire américain par l’ICE (Immigration and Customs Enforcement), l’agence de police douanière et de contrôle des frontières.
- Ces opérations ont connu un rythme relativement stable jusqu’au début du mois de juin, avant de connaître une forte augmentation.
- Au même moment, des arrestations de travailleurs sans papiers déclenchaient des manifestations à Los Angeles.
- Au cours des 10 premiers jours de juin (lorsque les données du Deportation Data Project de l’Université de Californie s’arrêtent), le nombre de personnes arrêtées a presque doublé : 11 600, contre 6 100 au cours de la même période en mai.
Avec près de 18 000 arrestations, le Texas est de loin l’État le plus ciblé par les opérations de l’ICE. En raison de sa frontière avec le Mexique longue de plus de 2000 kilomètres, le Texas, un État profondément républicain, comptait en 2022 une population en situation irrégulière d’environ 1,6 million 1. La Floride et la Californie ont connu le plus grand nombre de migrants arrêtés après le Texas, respectivement 9 000 et 5 000.
- Le nombre d’arrestations a augmenté dans l’ensemble des 50 États au cours des six premiers mois de l’année par rapport à 2024.
- Si ce chiffre a en moyenne doublé à l’échelle fédérale, il a triplé en Arizona (+205 %), dans l’Utah (+207 %) et dans le Nevada (+208 %), et a quadruplé en Géorgie (+274 %) et dans le Colorado (+297 %).
L’administration Trump revendiquait début juin avoir déporté plus de 200 000 personnes depuis le 20 janvier. Si ce chiffre est conséquent, le Migration Policy Institute estimait en avril que le nombre de personnes expulsées devrait atteindre environ 500 000 personnes d’ici la fin de l’année, soit moins que les 685 000 déportées sous Biden lors de l’année fiscale 2024 2.
- L’administration républicaine s’est fixé un objectif de déporter un million de personnes par an, un chiffre inférieur aux 15 à 20 millions de personnes que Trump disait l’an dernier vouloir expulser au cours de son deuxième mandat (environ 4 à 5 millions de personnes par an) 3.
- Pour ce faire, le Congrès vient de voter un nouveau budget qui alloue plus de 100 milliards de dollars à l’ICE et à la surveillance des frontières jusqu’en 2029, dont 45 milliards seront dédiés à la construction de centres de détention.
- L’ICE disposera ainsi dès l’an prochain d’un budget annuel supérieur aux dépenses de plusieurs grandes armées du monde : 37,5 milliards contre 34 pour l’Australie en 2024, 30 pour le Canada ou 25 pour l’Espagne, selon le SIPRI 4.
En raison d’un nombre de franchissement de la frontière considérablement plus élevé sous Biden, la plupart des migrants « déportés » étaient en réalité refoulés directement à la frontière par les autorités américaines. L’administration Trump arrête quant à elle les migrants vivant illégalement aux États-Unis principalement dans les villes, ce qui nécessite plus de temps et de moyens — d’où l’écart dans les chiffres de déportations.
Sources
- Jeffrey S. Passel et Jens Manuel Krogstad, What we know about unauthorized immigrants living in the U.S., Pew Research Center, 22 juillet 2024.
- Muzaffar Chishti et Kathleen Bush-Joseph, In First 100 Days, Trump 2.0 Has Dramatically Reshaped the U.S. Immigration System, but Is Not Meeting Mass Deportation Aims, Migration Policy Institute, 24 avril 2025.
- « Read the Full Transcripts of Donald Trump’s Interviews With TIME », Time, 30 avril 2024.
- Xiao Liang, Nan Tian, Diego Lopes Da Silva, Lorenzo Scarazzato, Zubaida Karim et Jade Guiberteau Ricard, Trends In World Military Expenditure, 2024, SIPRI, avril 2025.