La popularité de Donald Trump n’a cessé de décliner dès son retour au pouvoir le 20 janvier. De 49 % en moyenne jusqu’au début du mois de février, celle-ci est passée à 43,3 % d’opinion favorable le mardi 29 avril, à la veille de la fin des 100 premiers jours de son deuxième mandat.
- Une enquête du Pew Research Center réalisée du 7 au 13 avril, soit après l’annonce des tarifs « réciproques » le 2 avril et l’effondrement des bourses mondiales qui a suivi, révélait que les Américains étaient très critiques vis-à-vis de la manière dont Trump gouverne ainsi que de son agenda en matière de commerce.
- Si une grande majorité de Républicains soutenait toujours le programme économique de Trump et s’attendait à ce que les « conditions » s’améliorent, sa popularité avait tout de même subi une chute de 8 points de pourcentage entre février et avril.
Après une période constante de baisse jusqu’à la fin du mois d’avril, la popularité du président américain a cessé de chuter, et il semblerait même que la dynamique se soit inversée au cours des deux dernières semaines. De 42,8 % le 30 avril, son taux d’opinion favorable est remonté à 44,3 % aujourd’hui, mardi 20 mai.
Plusieurs facteurs permettent d’expliquer cette évolution :
- Les 100 premiers jours de Trump ont été marqués par un nombre inédit d’actions exécutives, bouleversant aussi bien la politique migratoire américaine, l’économie ou bien le commerce international.
- Au cours de cette période, Trump a mis en œuvre près d’un tiers des mesures recommandées par la Heritage Foundation dans son Projet 2025, allant parfois plus loin que le document : sur le démantèlement de l’USAID et les offres faites aux employés fédéraux d’un paiement en échange de leur démission notamment.
- En affinant par thématiques, les sondages indiquent clairement que les électeurs — démocrates comme républicains — désapprouvaient la manière dont Trump gérait l’économie et le commerce, conduisant à une baisse globale de sa popularité.
- Si Trump a aussi perdu des points en raison de sa politique migratoire, marquée par plusieurs scandales d’ampleur comme l’expulsion « par erreur » de Kilmar Ábrego García vers une prison salvadorienne, il s’agit de la seule thématique pour laquelle Trump est crédité d’une opinion positive, le nombre de franchissements illégaux de la frontière s’étant effondré de 95 % en mars par rapport à 2024.
Si ces dernières semaines n’ont pas été exemptes de scandales et de décisions abusives voire illégales par l’administration républicaine, l’attention des électeurs semble s’être quelque peu relâchée. Une enquête du New York Times et du Siena College suggère ainsi que les Américains sont plus susceptibles d’avoir une opinion positive de Trump lorsqu’ils n’ont pas entendu parler de l’expulsion de García ou de l’affaire Mahmoud Khalil 1.
Un autre facteur susceptible de jouer un rôle déterminant dans l’inversion de la dynamique à l’œuvre dans les sondages est le retrait progressif d’Elon Musk.
- L’implication du PDG de Tesla et de SpaceX dans le fonctionnement de l’État américain via le D.O.G.E est certainement l’une des décisions ayant eu le coût politique le plus important pour Trump depuis le 20 janvier.
- Comme le révèlent les données officielles du Trésor américain, Musk a échoué à baisser les dépenses fédérales — il pourrait même avoir contribué, notamment en licenciant puis en réembauchant des milliers de fonctionnaires, à une augmentation de celles-ci.
- Dans le même temps, le milliardaire est devenu le symbole de l’oligarchie techno-césariste décrite dans ces pages par David A. Bell. Dans l’espoir de contribuer à stopper la chute de l’action Tesla, Trump est allé jusqu’à poser devant des voitures de la marque lors d’un événement organisé en mars dans l’enceinte même de la Maison-Blanche 2.
- En accédant hors de tout cadre constitutionnel aux données personnelles de millions d’Américains, Elon Musk est devenu l’incarnation de « l’assaut contre le gouvernement » dénoncé par l’opposition lors du premier rassemblement d’ampleur du deuxième mandat de Trump, le 5 avril.
Autrefois au centre de la scène politique américaine, allant jusqu’à prendre part aux réunions du cabinet de Trump, Elon Musk serait désormais sur le point de quitter son rôle à la tête du D.O.G.E, son statut « d’employé spécial du gouvernement » (dont l’exercice des fonctions est limité à 130 jours chaque année) arrivant à expiration le 29 mai.
- Depuis le début du mois de mai, l’administration Trump s’est presque complètement détachée de l’image d’Elon Musk, ne mentionnant celui-ci qu’une seule fois sur les réseaux sociaux au cours des trois dernières semaines — contre jusqu’à 10 fois par jour en février 3.
- Il était toutefois aux côtés du président américain en Arabie saoudite le 14 mai.
Sources
- Ruth Igielnik, « One Thing Helping Trump’s Approval Rating : Some People Are Not Paying Attention », The New York Times, 18 mai 2025.
- Ramishah Maruf, « As Trump poses with Teslas in front of the White House, the company’s slumping stock climbs », CNN, 11 mars 2025.
- Jessica Piper et Holly Otterbein, « Why has Elon Musk disappeared from the spotlight ? », Politico, 19 mai 2025.