Le nouveau paquet de sanctions européennes approuvé aujourd’hui, mardi 20 mai, vise principalement la flotte fantôme russe (ciblant 200 pétroliers) ainsi que des personnes et entités qui aident Moscou à contourner les restrictions énergétiques. En addition, de nouvelles mesures restrictives portant sur la situation des droits de l’homme en Russie ainsi que les menaces hybrides posées par Moscou ont également été approuvées.
- Il est toutefois peu probable que ces nouvelles mesures européennes seules aient un impact dissuasif sur les ventes d’hydrocarbures russes – comme en témoigne l’absence de l’opposition de la Hongrie et de la Slovaquie, respectivement premier et troisième importateurs européens d’hydrocarbures russes en avril 1.
- Dans une étude publiée début mai, l’économiste Craig Kennedy notait que les sanctions imposées par le Trésor américain en janvier avaient quant à elles conduit à un effondrement de 46 % des capacités de la flotte fantôme russe.
- Afin de combler cette perte de capacité, les entreprises énergétiques ont davantage recours à des pétroliers traditionnels, exposés quant à eux aux sanctions.
Il y a dix jours, les alliés européens de l’Ukraine ainsi que les États-Unis apportaient leur soutien à l’ultimatum lancé par Kiev à Moscou intimant Poutine d’accepter la mise en place d’un cessez-le-feu, ou bien de faire face à de nouvelles sanctions.
- Pour la première fois depuis le retour au pouvoir de Trump le 20 janvier, les États-Unis semblaient s’aligner sur la position des Européens en choisissant d’accroître la pression sur la Russie plutôt que sur l’Ukraine pour mettre fin au conflit.
- Toutefois, la stratégie employée par le président russe lors des discussions à Istanbul semble pour l’heure avoir réussi à mettre fin à ce momentum.
- Selon le conseiller de Poutine Iouri Ouchakov, le président américain aurait « informé » son homologue russe des sanctions en préparation par des sénateurs républicains lors de l’appel ayant eu lieu hier, lundi 19 mai, mais aurait « souligné qu’il préférait parvenir à un accord plutôt que de recourir à des sanctions » 2.
Si Kaja Kallas a assuré aujourd’hui, mardi 20 mai, que de nouvelles sanctions étaient d’ores et déjà en préparation — Merz a également fait une déclaration similaire la veille —, l’incapacité des Européens à avoir su imposer des mesures restrictives suite au refus de Moscou d’accepter un cessez-le-feu nuit à la crédibilité du bloc. Quelques heures avant l’expiration de l’ultimatum, lundi 12 mai, le porte-parole du gouvernement fédéral allemand, Stefan Kornelius, assurait : « À l’issue de cette journée, des préparatifs seront engagés au niveau des conseillers politiques en vue de l’adoption de sanctions […] Le compte à rebours a commencé » 3.
Sources
- Vaibhav Raghunandan, April 2025 — Monthly analysis of Russian fossil fuel exports and sanctions, CREA, 14 mai 2025.
- Barak Ravid, « Two-hour Trump-Putin call ends without ceasefire », Axios, 19 mai 2025.
- Philip Fabian, « Bundesregierung stellt Putin Ultimatum », Bild, 12 mai 2025.