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Le vote du Brexit en juin 2016 et la période chaotique qui s’en est suivie jusqu’au retrait effectif du Royaume-Uni de l’Union européenne en 2020 a eu un effet paradoxal : pour les conservateurs d’outre-Manche, la campagne du Leave n’a jamais vraiment pris fin.

L’asymétrie dans le traitement de l’information entre les pays de l’Union et le Royaume-Uni est frappante.

Plus de cinq ans après le Brexit, l’Union et le Royaume-Uni ont signé aujourd’hui à Londres un accord qui devrait permettre aux deux partenaires « d’ouvrir un nouveau chapitre » dans les relations bilatérales. 

Le communiqué obtenu à l’issue de la réunion d’aujourd’hui a été négocié jusqu’à la dernière minute, après que les États membres, notamment la France, ont demandé au Royaume-Uni des concessions en matière de pêche et sur la mobilité des jeunes.

Pour les journaux britanniques, c’était un événement d’une importance politique capitale.

Pour les conservateurs : une « trahison »

Essentiellement destinés au «  commuters  » qui peuvent le lire rapidement dans les transports en commun, les tabloïds britanniques ont fait de l’art de la Une provocatrice et clivante — affichée en grand format sur les kiosque à journaux — leur marque de fabrique. 

Le souvenir du Brexit : le sujet de la semaine pour la presse généraliste

Dans les capitales européennes, si les rédactions ont dans l’ensemble couvert l’accord et les négociations, la nouvelle ne fait pas la Une.

Au Royaume-Uni, on la retrouve sur la première page des principaux journaux généralistes comme le Guardian ou The Independent ou encore sur la page d’accueil du site du Financial Times.

De l’imbroglio Brexit à la paranoïa Covid : l’obsession Barnier

Lorsqu’il est nommé négociateur de l’Union européenne sur le Brexit par Jean-Claude Juncker en octobre 2016, Michel Barnier n’est pas connu des Britanniques. Si son rôle sera jusqu’en 2021 celui d’un coordinateur des positions européennes, il est peu à peu devenu pour les Britanniques une figure aussi importante qu’un chef d’État  : les tabloïds lui attribuant la responsabilité de décisions.

Environ un an plus tôt, en mars 2020, au début de la pandémie, le Daily consacrait une « double » à la question de savoir si le Premier ministre de l’époque Boris Johnson avait été contaminé au Covid-19 par Michel Barnier.

The Mail on Sunday, «  Barnier a-t-il contaminé BoJo  ?  », 29 mars 2020.
«  Cela pourrait-il être l’ultime revanche pour le Brexit  ? Selon une théorie, le coronavirus qui a atteint Boris Johnson aurait pénétré le cercle restreint de Westminster via le négociateur en chef du Brexit pour l’Union européenne, Michel Barnier.  »