Points clefs
- Le souverain pontife s’est éteint au Vatican le 21 avril à 7h35. Aujourd’hui, 26 avril, ont lieu les funérailles. La célébration, qui a commencé à 10h sur la place Saint-Pierre, réunit plus d’une centaine de délégations étrangères ainsi que des fidèles.
- Le conclave devrait commencer entre 15 et 20 jours après la fin du pontificat de François, mais sa date pourrait être avancée si les cardinaux le décident en congrégation générale.
- 135 cardinaux, en âge de voter, éliront le prochain pape à bulletins secrets aux deux tiers des voix. Effet François, pour la première fois dans l’histoire de l’Église, les cardinaux électeurs européens ne seront pas majoritaires.
- Quelques jours après la visite de J. D. Vance, Donald Trump se rend au Vatican : selon plusieurs analystes, le conclave qui s’ouvre pourrait voir, pour la première fois depuis plusieurs décennies une tentative de déstabilisation de la part d’une grande puissance.
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Après les neuf jours de deuil suivant les funérailles, 135 cardinaux électeurs réunis en conclave éliront le successeur de François.
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Le cortège emprunte en partie la via Papalis, l’ancienne route qui reliait le Vatican, résidence papale, à la basilique Saint-Jean-de-Latran, cathédrale officielle de Rome, et passe devant l’église de la Compagnie de Jésus, la Chiesa del Gesu.
François est le premier pape à décider de ne pas être enterré à Saint-Pierre depuis Léon XIII (1878-1903), inhumé dans la basilique Saint-Jean-de-Latran, la cathédrale du diocèse de Rome.

Fin de la messe : que se passe-t-il maintenant ?
À l’intérieur de la basilique, les cardinaux ont à nouveau formé un couloir pour accompagner le retour du cercueil du pape vers l’autel au-dessus duquel la dépouille de saint Pierre est enterrée.
- Le cercueil du pape François va maintenant être transporté de l’autre côté du Tibre jusqu’à la basilique Sainte-Marie-Majeure, où François a choisi son lieu de sépulture.
La place Saint-Pierre a éclaté en applaudissements lorsque le cercueil du pape a été soulevé

Le bureau du président ukrainien Zelensky vient de partager la photo de la discussion avec Donald Trump, qui, selon la Maison Blanche, a été « très productive ». Il s’agit de la première rencontre en personne entre les deux depuis les échanges tendus dans le Bureau ovale fin février.
- Le programme de Trump devrait laisser peu de temps pour des discussions avec d’autres dirigeants européens : il devrait quitter Rome moins de trois heures après le début de la cérémonie et s’envoler pour Newark, dans son club de golf situé à proximité.

Trump et le piège du jet-lag
Au Vatican, certains s’interrogent sur l’état de forme du président américain.
À son âge, et compte tenu des effets possibles du décalage horaire (il sera environ 4 heures du matin pour Donald Trump au moment de la cérémonie), sa capacité à rester alerte pendant plusieurs heures sans être surpris en train de bailler ou de somnoler devant les caméras suscite des interrogations.
Le pape François aurait sans doute élaboré un stratagème pour tirer parti de cet état de chose, à l’image du cérémonial sophistiqué qu’il avait imposé lors de la première visite du président américain au Vatican en 2017.
Après l’avoir publiquement critiqué — déclarant, comme l’a d’ailleurs rappelé l’homélie du cardinal Re, que « celui qui construit des murs n’est pas chrétien » —, François avait accepté de recevoir Donald Trump au Saint-Siège.
Lors de cette rencontre, le président était tombé dans un véritable piège.
Comme le rappelle Alberto Melloni, le pape avait orchestré un parcours à travers loggias et couloirs du palais apostolique, escorté par une garde d’honneur, menant Trump jusqu’à la chapelle Sixtine. Le point culminant de cette mise en scène fut immortalisé par deux photos célèbres : à côté d’un président tout sourire, entouré de sa famille en grande tenue, le pape apparaissait fermé, sombre, presque figé dans une expression soigneusement travaillée, marquant une distance irréconciliable.

« Par ce geste, François, fidèle à sa formation de jésuite, opposait la solidité triomphante de l’histoire ecclésiale à l’éphémère toute-puissance d’un chef d’État ».
La recherche de l’œcuménisme
Comme lors des obsèques de Jean-Paul II, les Églises catholiques orientales sont mises à l’honneur lors de l’absoute, la prière de la liturgie catholique qui termine la cérémonie des funérailles à l’église.
Plus de 200.000 personnes présentes place Saint-Pierre
Le Saint-Siège estime qu’environ 200 000 personnes se sont rassemblées sur la place Saint-Pierre pour la messe funéraire, dont 220 cardinaux et environ 750 évêques et prêtres.

Les textes choisis pour l’homélie s’inscrivent dans une forte continuité
Les textes liturgiques choisis pour les obsèques du pape François reprennent ceux utilisés lors des funérailles de Jean-Paul II, à la différence de ceux de Benoît XVI, dont la cérémonie avait adopté une tonalité plus sobre et uniforme. À l’époque, Benoît XVI avait eu pour évangile celui du Bon Larron.

« Construire des ponts et non des murs », analyse à chaud de l’homélie du cardinal Re
Lors de son homélie pour Benoît XVI en 2022, le pape François avait très peu évoqué son prédécesseur. En revanche, l’homélie prononcée par l’alors cardinal Joseph Ratzinger pour Jean-Paul II avait été particulièrement remarquée : elle avait renforcé sa stature de papabile, en alliant une méditation spirituelle profonde à une véritable biographie du défunt. Ratzinger avait notamment structuré son propos autour des étapes clés où Jean-Paul II avait répondu « oui » à l’appel de Dieu.
Le cardinal Re revient à un format plus classique : l’homélie-biographie.
En mettant en avant l’itinéraire particulier menant le souverain pontife « à la périphérie de la périphérie », Re se permet des allusions appuyées à des éléments qui ont placé le pape François en opposition avec le président américain Donald Trump, en rappelant sa visite à la frontière entre le Mexique et les États-Unis ainsi que l’une de ses devises : « Construire des ponts et non des murs ».

Le président Zelensky et Donald Trump ont brièvement échangé avant le début de la messe. Hier, le président américain avait assuré que Kiev et Moscou étaient « très proches d’un accord ». L’envoyé spécial Steve Witkoff a pour sa part rencontré Vladimir Poutine pendant plus de 3 heures à Moscou hier.
- Nous avons résumé ici les principales propositions américaines pour un accord de paix.
- La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, espère elle aussi une entrevue avec Trump pour évoquer la guerre commerciale qu’il a lancée le 2 avril.
Les funérailles de François sont présidées par le cardinal Giovanni Battista Re, 91 ans, doyen du Collège des cardinaux, une figure centrale de la Curie sous Jean-Paul II et Benoît XVI — il avait d’ailleurs déjà célébré les funérailles de ce dernier, en présence de François.
- Le cardinal Re est trop âgé pour participer au conclave.
- Vous pouvez découvrir ici notre analyse granulaire des 135 cardinaux électeurs.
La messe a commencé
Avec le Requiem, les funérailles de François ont débuté à Saint-Pierre devant plus de cinquante chefs d’État et de gouvernement et des milliers de fidèles. Après la messe, le cortège funèbre se dirigera par la suite vers Sainte-Marie-Majeure pour être accueilli par les pauvres et les nécessiteux.
Milei est arrivé

Le président argentin avait dit « le Pape François est le représentant du Malin sur Terre. »
Santo Subito ! Faut-il attendre une canonisation rapide ?
Lors des funérailles de Jean-Paul II le 5 avril 2005, des fidèles réunis sur la place Saint-Pierre dans le « carré polonais » avaient entonné en chœur « Santo Subito ! (Qu’il soit proclamé tout de suite saint !) », largement repris et devenu célèbre depuis, en finissant par être scandé et affiché le 5 janvier 2023 lors des funérailles du pape Benoît XVI.
L’acclamation des fidèles était inhabituelle par rapport à la pratique de l’Église.
- La bulle pontificale Novae leges pro causis Sanctorum (1983) prévoit que le processus de canonisation d’une personne ne peut commencer avant cinq ans après son décès.
- Benoît XVI a toutefois accédé à la demande en accordant une dérogation — exception qui a également été requise pour la canonisation de Mère Teresa et Jacques Hamel. La cause a été officiellement ouverte le 28 juin de la même année et Jean-Paul II a été béatifié en 2011 par son successeur, ce qui arrivait pour la première fois depuis un millénaire.
Sur les 266 évêques de Rome, autour de 30 % (soit 81) ont été canonisés.
- 52 des 55 premiers papes ont été canonisés au cours des 500 premières années de l’Église, souvent par l’acclamation des fidèles lors des funérailles (vox populi).
- Au cours des 1 000 dernières années, seuls huit papes ont été canonisés, avec une accélération impressionnante dans les dix dernières années : deux papes ont été canonisés en 2014 (Jean-Paul II et Jean XXIII) et un en 2018 (Paul IV).
Comment ranger les grands de ce monde ? Par ordre alphabétique évidemment
Les délégations étrangères seront réparties en groupes : les monarques régnants d’abord, puis les chefs d’État, les chefs de gouvernement, les membres des familles royales, et ainsi de suite jusqu’aux ministres et autres dignitaires.
Au sein de chaque groupe, les invités seront placés par ordre alphabétique, selon le nom de leur pays en français, d’après une liste publiée par le Vatican. Ainsi le président des États-Unis sera rangé entre les présidents de l’Estonie et de la Finlande, à côté du président français.
Seules deux délégations bénéficieront de places privilégiées. La délégation argentine, conduite par le président Javier Milei, sera placée au plus près, suivie par celle de l’Italie.
Quelques absents notables
Le premier ministre du Canada, Mark Carney, qui se prépare à un scrutin clef prévu ce lundi 28 avril, ne sera pas à Rome. Le Canada sera représenté par la gouverneure générale, Mary Simon.
Le roi d’Angleterre, Charles III, sera également représenté par le prince William. La reine Élisabeth II n’avait pas non plus assisté aux obsèques d’un souverain pontife durant son règne.
Donald Trump est arrivé

Tous les États européens sont aujourd’hui représentés au plus haut niveau, plusieurs d’entre eux ayant envoyé à la fois les chefs d’État et de gouvernement.
- François a entretenu durant son pontificat une relation paradoxale avec l’Europe au point de n’avoir visité de façon officielle aucun des grands pays de tradition catholique comme la France, l’Espagne ou l’Allemagne.
- Devant le Parlement européen, François avait exhorté « la grand-mère » Europe, jadis lieu d’expansion du christianisme, réservoir de saints et de théologiens, désormais vieillie et repliée sur elle-même, à un sursaut moral… et démographique.
Négocier ? Zelensky à Rome
Le président ukrainien Zelensky — critiqué désormais presque quotidiennement par Donald Trump — sera aujourd’hui présent à Rome.
En 2022, l’absence de condamnation franche par François de la guerre d’agression déclenchée par le régime poutinien avait choqué le camp occidental — en affirmant qu’il fallait « avoir le courage de négocier » avec tous les belligérants, le pacifisme radical du pape François s’est manifesté dans le conflit ukrainien et lui aura été reproché.
« Négocier n’est pas un signe de faiblesse mais de courage », répétaient le pape et le cardinal Parolin : Volodymyr Zelensky avait rejeté vivement « une médiation virtuelle entre quelqu’un qui veut vivre et quelqu’un qui veut vous détruire ».
Joe Biden est arrivé
Le deuxième président catholique de l’histoire des États-Unis, après J. F. Kennedy, a pris place sur la place Saint-Pierre.

Quelles funérailles ?
En novembre 2024, les rites funéraires du pape ont été grandement simplifiés par François : a été supprimée notamment l’étape de l’exposition publique de la dépouille dans un catafalque au Palais Apostolique, ainsi que l’utilisation d’un triple cercueil de cyprès, plomb et chêne.
- Paul VI avait déjà ôté aux funérailles papales beaucoup de leur pompe, supprimant par exemple l’exposition de la dépouille du pape sur un grand catafalque surélevé.
- Dans son testament, François a demandé selon le Vatican une tombe simple, sans ornements, avec pour seule inscription « Franciscus ».
- Après les funérailles, pendant 9 jours consécutifs, les cardinaux doivent célébrer une messe quotidienne de suffrage pour le repos de l’âme du défunt.
Le soleil resplendit sur Rome
Les premières images de la place Saint-Pierre et du Vatican sont éblouissantes.
Le temps sera beau à Rome aujourd’hui : les températures oscilleront entre 13°C au plus frais et atteindront jusqu’à 25°C. Cette amplitude thermique offrira une atmosphère douce le matin, avant de laisser place à une chaleur assez forte, avec un ressenti de 32 °C sous le soleil, dans l’après-midi.

François et la Chine
La Chine — qui n’entretient pas de relation diplomatique avec le Saint-Siège — n’a ni confirmé ni infirmé la présence d’une délégation aux funérailles. Sous François, le Vatican avait conclu en 2018 un accord avec Pékin, prolongé en octobre 2024, sur la nomination des évêques — resté secret. Il s’agit de l’un des points les plus critiqués de son pontificat en matière d’initiative dipomatique, la Chine ayant violé l’accord depuis.
- Taïwan, qui compte le Vatican parmi les 12 pays le reconnaissant encore comme un État souverain, sera représenté par l’ancien vice-président Chen Chien-jen, à la suite de consultations avec le Saint-Siège.
- En 2013, le président, Ma Ying-jeou, avait assisté à la messe inaugurale du pape François.
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Avec la disparition du pape François s’efface le profil d’un leader religieux peu aisé à cerner, qui s’est plu à désarçonner interlocuteurs et commentateurs.

De ses débuts avec la Compagnie de Jésus en Argentine à son accession au trône de Pierre en passant par les périphéries géographiques et sociales que François avait placées au cœur de son pontificat, Jean-Benoît Poulle revient sur le style et le parcours d’un pape hors norme.
Les lieux des funérailles
Le pape François a choisi un lieu de sépulture original : la basilique Sainte-Marie-Majeure, l’une des quatre grandes basiliques romaines.
- Il est ainsi le premier pape à décider de ne pas être enterré à Saint-Pierre depuis Léon XIII (1878-1913), inhumé dans la basilique Saint-Jean-de-Latran, la cathédrale du diocèse de Rome.
- Seuls 7 autres papes reposent à Sainte-Marie-Majeure, le plus récent, Clément IX (1667-1669), remontant au XVIIe siècle.
Qui participe aux funérailles de François ?
- Parmi les chefs d’État qui ont confirmé leur présence, on compte notamment : le président français Emmanuel Macron, le président ukrainien Zelensky, le président brésilien Lula, le président argentin Milei, le président polonais Duda, la présidente moldave Maia Sandu et le président des États-Unis Donald Trump.
- Plusieurs pays seront représentés par leur chef d’État ainsi que leur chef de gouvernement, notamment l’Italie, la Roumanie, l’Autriche, l’Allemagne, la Hongrie, le Portugal et l’Irlande.