Trump n’exclut pas une récession : les politiques commerciales de l’administration provoquent la chute du marché boursier américain

L’élection de Donald Trump a été lue comme un signe positif par les marchés financiers américains ainsi que par les investisseurs. Certaines figures proches de l’administration, comme Elon Musk, ont considérablement bénéficié de son retour au pouvoir : la valeur nette du portefeuille du dirigeant de Tesla, X (Twitter) et SpaceX a bondi de plus de 10 % uniquement au cours de la journée du 6 novembre, le lendemain du scrutin. La plupart des milliardaires les plus fortunés au monde ont eux aussi vu la valeur de leurs actifs augmenter suite à l’annonce des résultats.

Depuis son investiture le 20 janvier, la situation économique s’est considérablement dégradée.

• Au 10 mars, le S&P500 a perdu tous ses gains depuis l’élection de novembre. L’indice boursier américain a également sous-performé par rapport au reste du monde.
• Les actions des « Sept magnifiques » (Apple, Microsoft, Google, Amazon, Nvidia, Meta et Tesla), après une hausse initiale de 20 % suite à l’élection présidentielle, sont désormais tombées en-dessous de leur niveau de novembre.

• Les actions de Nvidia, Microsoft et Amazon ont enregistré les pertes les plus importantes. L’action Tesla a quant à elle vu sa capitalisation chuter de moitié par rapport au pic de 1 420 milliards de dollars atteint le 14 décembre (772 milliards aujourd’hui).

Ces indicateurs traduisent l’inquiétude des investisseurs quant aux impacts sur la croissance de l’économie américaine de l’agenda de Trump, notamment en matière de commerce.

• Hier, dimanche 9 mars, le président américain a refusé d’affirmer sur Fox News que les États-Unis n’entreront pas en récession en raison de ses politiques, préférant parler d’une « période de transition […] Nous ramenons la richesse en Amérique. Cela prend un peu de temps, mais je pense que cela devrait être excellent pour nous » ¹.
• Avant cette déclaration, qui a conduit à une baisse des indicateurs boursiers américains, les tarifs douaniers mis en place par l’administration ainsi que le licenciement de milliers d’employés fédéraux inquiétait déjà les analystes.
• Les économistes de chez JPMorgan estiment qu’il y a 40 % de chance que les États-Unis entrent en récession cette année en raison des « politiques extrêmes » mises en place par Trump ².
• La réaction des investisseurs semble moins liée à l’état de l’économie américaine ou au choc des tarifs qu’à l’incertitude provoquée par les annonces et les rétractions de Trump : depuis le 1er février, des droits de douane à l’encontre du Canada et du Mexique ont été annoncés par deux fois, puis mis en pause. Des nouveaux tarifs globaux sur l’acier et l’aluminium sont attendus pour le 12 mars, et des tarifs douaniers réciproques le 2 avril.
• Les droits de douane de rétorsion imposés par la Chine sur environ 22 milliards de dollars de marchandises américaines, y compris des exportations agricoles, sont entrés en vigueur aujourd’hui.

Scott Bessent, le secrétaire au Trésor, a déclaré la semaine dernière que la priorité absolue de Trump était d’améliorer le niveau de vie des Américains ordinaires : « À moyen terme, ce qui est notre principal objectif, l’accent est mis sur Main Street. Wall Street s’en est très bien sorti et peut continuer à prospérer, mais nous nous concentrons sur les petites entreprises et les consommateurs […] Nous allons donc rééquilibrer l’économie ». 

• Pourtant, la confiance des consommateurs est également en train de s’éroder ³ et l’inflation s’accélère — en février 2025, le prix moyen d’une douzaine d’œufs a atteint 8 dollars, un pic historique.

• Le département de la Justice a ouvert une enquête préliminaire samedi 8 mars pour déterminer les causes de l’inflation, alors que Trump a accusé son prédécesseur Joe Biden d’être à l’origine de la hausse du prix des œufs lors de son discours devant le Congrès la semaine dernière.
• Goldman Sachs a revu à la baisse ses prévisions de croissance pour l’économie américaine, à 1,7 % contre 2,4 % au début de l’année, alors que l’administration républicaine semble prête à supporter un coût plus élevé que prévu pour implémenter son agenda.