Dans la période de transition ouverte suite à son élection en novembre, Trump avait promis d’aller plus vite qu’on au cours de son premier mandat pour mettre en œuvre son agenda. Il a effectivement été beaucoup plus rapide que ses deux prédécesseurs démocrates, signant au cours des 10 premiers jours de son mandat 42 décrets — soit autant que Biden au cours de ses 100 premiers jours en 2021, et deux fois plus qu’Obama lors de son premier mandat.

Trump a fait un usage considérable de son pouvoir exécutif depuis son retour à la Maison-Blanche, allant jusqu’à tester les limites de la constitutionnalité de certaines de ses décisions. 

  • La semaine dernière, un juge fédéral de la cour du district occidental de Washington a signé un ordre de restriction bloquant pendant 14 jours (renouvelable à l’expiration) la tentative de Trump de mettre fin au droit du sol par décret présidentiel, protégé par le 14e amendement.
  • Hier, mercredi 29 janvier, l’administration s’est vu contrainte de lever son gel de centaines de milliards d’aides fédérales annoncé deux jours plus tôt par l’Office of Management and Budget via une note adressée à toutes les directions de départements et agences fédérales 1.
  • La veille, la juge de la cour pour le district de Columbia Loren AliKhan avait accordé un sursis administratif d’une semaine contestant le gel. Celui-ci avait suscité une vague massive de revendications portée par les Démocrates ainsi qu’une coalition d’organisations qui bénéficiaient de ces programmes 2.
  • L’administration Trump a dû par ailleurs revenir partiellement sur la suspension de tous les programmes d’aide à l’étranger annoncée le 24 janvier. Face à la confusion suscitée par cette décision, le département d’État s’est vu contraint de préciser hier, mercredi 29, que la suspension ne concernerait pas les « programmes essentiels de survie » (médicaments, nourriture, abris…)

La portée des mesures prises par Trump jusqu’à présent se limitent avant tout à des sujets liés à l’immigration et aux « guerres culturelles » : reconnaissance par l’administration de « deux sexes : homme et femme », fin du financement apporté aux soins d’affirmation de genre pour les personnes de moins de 19 ans, fin des programmes DEI au sein du gouvernement fédéral, et fin de « l’endoctrinement » dans le système scolaire, notamment via l’arrêt des enseignements de la « théorie critique de la race » (CRT3.

  • Trump a par ailleurs ratifié hier la première législation de son mandat, le Laken Riley Act, un texte qui vise à durcir la politique migratoire du pays en ordonnant aux autorités de détenir puis d’expulser les migrants accusés de crimes, sans condamnation préalable.
  • En voulant agir vite et seul — en évitant notamment le plus possible de s’appuyer sur le Congrès —, Trump n’a toujours pas pris de mesures directes pour combattre l’inflation et le coût de la vie. Son agenda économique (abaissement du taux d’imposition des sociétés de 21 à 15 %, élimination des taxes sur les pourboires et extension du Tax Cuts and Jobs Act de 2017, qui expire à la fin de l’année) semble quant à lui toujours bloqué.
  • Tandis que les présidents donnent traditionnellement leurs directives aux leaders au Congrès, dont les deux chambres sont à majorité républicaine, Trump a répété à plusieurs reprises qu’il ne souhaitait pas se prononcer sur les questions pratiques, mais se concentrer sur la « vision stratégique ».
  • Il a ainsi déclaré lundi lors d’une réunion avec les Républicains de la Chambre concernant le paquet législatif budgétaire en préparation : « Qu’il s’agisse d’un ou de deux projets de loi, cela m’est égal » 4. Or, la stratégie choisie sera centrale pour permettre aux législateurs de faire passer les mesures réclamées par Trump d’ici le 30 avril, date qui marquera la fin des « 100 premiers jours ».

Trump fait partie des rares présidents n’ayant pas eu de carrière politique avant d’être élu. S’il est revenu au pouvoir mieux préparé que lors de son premier mandat, notamment en matière de personnel, sélectionné pour sa loyauté totale, son manque de considération pour le parlementarisme est resté inchangé.

Sources
  1. Matthew J. Vaeth, Acting Director, Office of Management and Budget, MEMORANDUM FOR HEADS OF EXECUTIVE DEPARTMENTS AND AGENCIES, 27 janvier 2025.
  2. Daniel Barnes, « D.C. federal judge temporarily blocks Trump plan to pause federal aid spending », NBC News, 28 janvier 2025.
  3. Ending Radical Indoctrination in K-12 Schooling, Maison-Blanche, 29 janvier 2025.
  4. « The House GOP’s pitfalls in executing Trump’s agenda », Punchbowl News, 28 janvier 2025.