L’annonce d’Alexis Kohler met fin à une dizaine de jours de négociations particulièrement compliquées, François Bayrou ayant été nommé le 13 décembre par le président de la République.

La liste des ministres de plein exercice et des ministres délégués, telle qu’elle a été lue par le secrétaire général de l’Élysée, est disponible ici

1 — Le gouvernement Bayrou est le plus large depuis Ayrault II où Manuel Valls était ministre de l’Intérieur

Le gouvernement Bayrou compte 14 ministres de plein exercice (contre 19 pour le gouvernement Barnier mais un nombre identique avec le gouvernement Borne) et 21 ministres délégués (contre 15 pour le précédent gouvernement). La liste des secrétaires d’État n’a pas encore été communiquée.

  • Composé de 14 ministres de plein exercice et de 21 ministres délégués, le gouvernement Bayrou dépasse en taille le précédent gouvernement Barnier.
  • Quatre ministres sont ministres d’État jouissant d’une prééminence protocolaire dans le gouvernement. Le titre n’avait plus été utilisé depuis le gouvernement Philippe II. 
  • À noter également, la 10e place du MEAE, alors qu’avant 2024, le ministère des Affaires étrangères figurait toujours parmi les cinq premiers rangs protocolaires des gouvernements de la Cinquième République. Si la présence de quatre ministres d’État et de deux anciens premiers ministres le relègue mécaniquement au-delà, on observe toutefois un glissement depuis la deuxième place du ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian.

2 — Un gouvernement plus parisien que celui de Barnier – mais qui reste beaucoup moins parisien que ceux d’Attal et Borne

Le gouvernement Bayrou est un peu plus parisien que le gouvernement Barnier.

  • La distance médiane à Paris des lieux de naissances des ministres de plein exercice est de 187 kilomètres, contre 210 kilomètres pour le gouvernement Barnier. 
  • Parmi les régions de naissance, l’Île-de-France (5 ministres) et la Bourgogne-Franche-Comté (3 ministres) regroupent plus de la moitié des nominations. 
  • Hormis le premier ministre, natif du Béarn, et Laurent Marcangeli, né en Corse, aucun ministre de plein exercice n’est originaire de la moitié Sud de la France.

Pour mémoire, la géographie du gouvernement Barnier marquait une rupture par rapport à celle des gouvernements Attal et Borne. 

  • La distance médiane était de 17 km pour les ministres du gouvernement Attal.
  • Elle était de 15 km pour le gouvernement Borne, caractérisé par un nombre important de membres nés à Paris.

3 — Une forte continuité, pas vraiment d’ouvertures : une reprise en main par l’Élysée ?

Dans les nominations on remarque une forte continuité avec les équipes ministérielles des précédents gouvernements, s’appuyant sur la majorité présidentielle. 

  • Sur les 14 ministres de plein exercice nommés, 9 ont déjà exercé des fonctions ministérielles sous la présidence d’Emmanuel Macron 1.
  • Sur les 21 ministres délégués, 13 ont déjà occupé des fonctions au sein d’un gouvernement sous Macron 2.
  • L’ancienne Première ministre, Élisabeth Borne (en fonction de mai 2022 à janvier 2024), retourne au gouvernement 11 mois après l’avoir quitté, en tant que numéro deux, avec un grand ministère de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. 
  • Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur et des Outre-mer de 2020 à 2024, revient également en tant que ministre d’État, Garde des Sceaux, ministre de la Justice. 
  • Amélie de Montchalin — actuelle représentante permanente de la France auprès de l’OCDE et membre du gouvernement entre 2019 et 2022 (secrétaire d’État chargée des Affaires européennes dans le gouvernement Philippe II, ministre de la Transformation et de la Fonction publiques dans le gouvernement Castex, ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires dans le gouvernement Borne) — sera chargée des comptes publics. 

Sept membres du gouvernement Bayrou figuraient déjà dans l’équipe précédente de Michel Barnier : Bruno Retailleau, Jean-Noël Barrot, Sébastien Lecornu, Rachida Dati, Annie Genevard, Agnès Pannier-Runacher et Catherine Vautrin.

  • Pour mémoire, dans le gouvernement Barnier, 6 ministres sur 19 avaient déjà été membres d’un gouvernement depuis qu’Emmanuel Macron est président de la République.

François Bayrou n’a pas réussi à obtenir une ouverture vers la gauche ou le Parti socialiste, malgré la présence notable d’anciens membres du PS tels qu’Astrid Panosyan-Bouvet, Élisabeth Borne, François Rebsamen, Juliette Méadel ou Manuel Valls.

  • Ancien Premier ministre de mars 2014 à décembre 2016 sous François Hollande, Manuel Valls fait son retour au gouvernement. En tant que ministre d’État, ministre des Outre-mer, il sera notamment chargé de la reconstruction de Mayotte ainsi que de la gestion de la situation en Nouvelle-Calédonie. 
  • Alors que la principale tâche du gouvernement sera de faire adopter un budget pour 2025, et que le déficit public français devrait atteindre 6,1 % en 2024, , Éric Lombard, directeur de la Caisse des dépôts, de sensibilité social-démocrate, est nommé  ministre de l’Économie. 

4 — La formation des membres du gouvernement Bayrou est diversifiée, avec une prépondérance de ministres ayant fréquenté l’université publique, une école de commerce ou l’IEP — on ne compte que deux énarques.

La formation des membres du gouvernement Barnier est dominée par un parcours au sein de l’université publique, d’un Institut d’études politiques ou d’une École de commerce. 

  • La majorité des membres du gouvernement ont fait des études à l’université (21 sur 35), dont un nombre important de juristes (9). 
  • Près d’un tiers du gouvernement a fait des études dans un Institut d’études politiques (11) ou dans une École de commerce (12)
  • La seule ancienne élève de l’École polytechnique est l’ancienne première ministre Elisabeth Borne. Quant à l’École normale supérieure, aucun de ses anciens élèves ne figure dans le gouvernement.
  • Deux membres du gouvernement sont énarques : Agnès Pannier-Runacher et Juliette Méadel. 
  • Trois profils plus techniques sont titulaires d’un doctorat : Philippe Baptiste, Marc Ferracci et Juliette Méadel.

5 — Le gouvernement Bayrou est aussi paritaire que celui de Michel Barnier

Le gouvernement Bayrou se compose de 18 femmes et 17 hommes, dont seulement 6 femmes sur 14 occupent des postes de ministres de plein exercice. 

  • Cette répartition maintient des proportions similaires en matière de parité à celles du gouvernement Barnier, qui comptait 20 femmes et 19 hommes, avec 11 hommes ministres de plein exercice contre seulement 8 femmes.

6 — Deux anciens premiers ministres au gouvernement : une première dans la Cinquième République

Avec la nomination de Manuel Valls et celle d’Élisabeth Borne, le gouvernement Bayrou intègre deux anciens Premiers ministres, une première dans la Cinquième République. 

7 — Une perte d’influence nette d’Auvergne-Rhône-Alpes, région de Michel Barnier et Laurent Wauquiez

Si on considère les régions de dernière élection des ministres de plein exercice, le nombre des élus issus d’Auvergne-Rhône-Alpes passe de quatre (Michel Barnier, Didier Migaud, Antoine Armand, François-Noël Buffet) à zéro. 

Le Centre-Val-de-Loire perd également ses deux ministres, Gil Avérous et Guillaume Kasbarian. 

La Corse, la Normandie et la Bourgogne-Franche-Comté gagnent chacune un ministre, tandis que l’Île-de-France conserve quatre représentants malgré un nombre de ministres de plein exercice en baisse.

Sources
  1. Élisabeth Borne, Gérald Darmanin, Bruno Retailleau, Catherine Vautrin, Sébastien Lecornu, Rachida Dati, Jean-Noël Barrot, Agnès Pannier-Runacher, Annie Genevard.
  2. Aurore Bergé, Sophie Primas, François Noël Buffet, Astrid Panosyan-Bouvet, Amélie de Montchalin, Clara Chappaz, Nathalie Delattre, Patricia Mirallès, Valérie Létard, Françoise Gatel, Benjamin Haddad, Laurent Saint-Martin, Thani Mohamed Soilihi.