S’exprimant lundi 9 décembre à la Bitcoin MENA conférence d’Abou Dabi, le fondateur et ex-PDG de la plateforme d’échange Binance, Changpeng Zhao (CZ), a déclaré que la mise en place par les États-Unis sous Trump d’une réserve stratégique de Bitcoin conduirait d’autres pays à s’engager sur cette voie. Dans ce contexte, il serait « inévitable » que la Chine accumule également des crypto actifs sous la forme d’une réserve stratégique 1.

  • Zhao, qui a été contraint de démissionner de son poste en novembre 2023 après avoir reconnu sa culpabilité dans une affaire de blanchiment d’argent aux États-Unis, a ajouté qu’il ne serait pas surpris que Pékin ait déjà commencé à acquérir des Bitcoin.
  • « Je serais choqué si [le gouvernement chinois] annonçait quelque chose et le faisait ensuite — je serais beaucoup moins surpris s’il accumulait et annonçait ensuite […] Ils doivent le faire à un moment donné parce que c’est le seul actif ‘dur’ », a-t-il déclaré.
  • Lors de la 2024 Nashville Bitcoin Conference, en juillet dernier, Trump avait promis aux crypto-acteurs présents « que les persécutions […] contre votre industrie prendront fin dès que je serai dans le bureau ovale ». Il avait ajouté qu’il était favorable à la création d’une réserve stratégique de Bitcoin.

Saurait-on y voir une conséquence de l’évolution de la position américaine sur les crypto actifs depuis la victoire de Donald Trump  ?

Cela marquerait une évolution significative de la position chinoise, estime le venture capitalist Jean-Marc Puel. Initiée en 2019 puis renforcée en 2021, la Chine a instauré une interdiction complète de toutes activités cryptos. Les principaux groupes mondiaux (OKX, Binance, Bybit… tous créés en 2017-2018 par des nationaux chinois) avaient, suite à ces décisions, quitté la Chine et Hong Kong pour poursuivre leur développement à l’étranger (Bangkok, Dubaï, Singapour notamment). Leurs dirigeants allaient jusqu’à éviter tout voyage en République populaire.

Plusieurs éléments semblent cependant donner des signes d’évolution de la position de Pékin depuis quelques semaines.

  • Le 20 novembre dernier, un juge de Shanghai, Sun Jie, a considéré dans une formulation toute chinoise « qu’il n’était désormais pas illégal de posséder des cryptos actifs » en Chine 2.
  • De nombreux acteurs (notamment des fonds détenant des crypto actifs) se remettent à opérer à nouveau en toute discrétion à partir de bases chinoises.
  • Enfin, des groupes chinois tels que Kaixin Holdings 3 (spécialisé dans les véhicules électriques) ou Nano Labs 4 (semi-conducteurs) ont annoncé être en discussion pour acquérir des Bitcoin ainsi que des activités de minage au Moyen-Orient.

Ces éléments fournissent autant d’indications de la possible volonté chinoise de reprendre pied sur le réseau Bitcoin, de la technologie blockchain, des cryptos actifs et de retrouver une capacité à offrir des moyens de paiement globaux sur un réseau décentralisé, non soumis aux règles américaines. Les entreprises ne possèdent à ce jour que 3,9 % des réserves de Bitcoin, et les gouvernements 1,5 %.

  • Suite à l’élection de Donald Trump, le prix du Bitcoin a dépassé début décembre la barre symbolique des 100 000 dollars — un plafond considéré inatteignable à court terme quelques mois plus tôt.
  • En raison du nombre limité de Bitcoin à 21 millions d’unités, la rareté croissante de l’offre de la cryptomonnaie pourrait contribuer — si elle devient un actif de réserve — à soutenir la hausse de son prix.