Chiara Colombini et Carlo Greppi (dir.), Storia internazionale della Resistenza italiana, Laterza

« Dans la Résistance italienne, partie intégrante d’un conflit mondial qui a dépassé les frontières nationales et emporté des vies et des destins aux quatre coins de la planète, des milliers de personnes — pas moins de 15 à 20 000 — qui n’étaient pas italiennes ont combattu.

On y recense des dizaines de nationalités : Américains et Britanniques, Néo-Zélandais et Sud-Africains, Yougoslaves et Français, Libyens, Éthiopiens, Érythréens et Somaliens, et puis Allemands, Soviétiques, Polonais, Tchécoslovaques, Juifs étrangers. Ils sont poussés à la lutte par une pluralité de motivations et une multiplicité de parcours individuels, allant de l’internationalisme conscient – de ceux qui, par exemple, ont la guerre d’Espagne et un long militantisme politique derrière eux – à la simple recherche d’une voie de salut individuelle. Mais ils se retrouvent impliqués dans le même segment de la guerre mondiale et du même côté de la barricade, soudant leurs trajectoires à celles des Italiens et des communautés traditionnellement persécutées comme les Roms et les Sinti.

Car si le nazi-fascisme a eu une efficacité incontestable, c’est bien celle d’avoir su compacter les rangs de ceux qui s’opposaient à lui et qui l’ont vaincu précisément parce que plusieurs générations d’hommes et de femmes, de toutes convictions politiques et religieuses, de toutes classes sociales et de toutes nations, ont lutté côte à côte. »

Parution le 1er novembre

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José Manuel Rambla (dir.), Sagunto 1984. Reconversión industrial y cambio social, Catarata

« En 1985, Manuel Vázquez Montalbán déplorait dans sa chronique d’El País la perte de conscience critique de la société espagnole pendant la Transition. Selon lui, seule la protestation ouvrière contre la reconversion industrielle avait montré une certaine capacité de réarticulation face aux desseins du pouvoir.

Cette résistance a commencé à Sagunto avec la fermeture d’Altos Hornos del Mediterráneo, qui a touché des milliers de travailleurs et leurs familles. Quatorze mois de grèves, de manifestations et de lock-out se succèdent jusqu’à la fermeture du haut-fourneau numéro 2, le 5 octobre 1984. Les travailleurs, conscients qu’ils ne pouvaient espérer qu’une capitulation dans la dignité, avaient accepté la fermeture en échange de conditions de licenciement moins traumatisantes. Le XXIe siècle, avec la perte d’un mode de vie, de sa culture du travail et de son identité de classe, avait pris son envol dans cette bataille de Sagunto.

Ces pages rappellent des événements qui nous invitent à regarder cette lutte des travailleurs non pas comme un exercice de nostalgie, mais comme une réflexion sur les défis sociaux et démocratiques qui nous attendent. »

Parution le 4 novembre.

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Matthieu Trouvé, Histoire politique de l’Espagne après Franco (de 1975 à nos jours), Presses universitaires de Bordeaux

« Entre essai et manuel universitaire, cet ouvrage analyse l’histoire politique de l’Espagne depuis la mort de Franco. Il traite d’abord de la transition démocratique, marquée par des changements institutionnels qui ont contribué à façonner la vie politique de l’actuelle monarchie. Ni vraiment pacifique ni totalement violente, la transition démocratique espagnole se situe dans un entre-deux complexe et ambigu. La période socialiste

(1982-1996) est analysée dans un second temps. Au pouvoir pour la première fois depuis la guerre civile (1936-1939), les socialistes mènent de profondes réformes contribuant à consolider la démocratie. Une dernière partie aborde les années 1996 à nos jours, marquées par les alternances et crises politiques, économiques, institutionnelles et séparatistes auxquelles le pays est confronté. Malgré les tensions, la démocratie espagnole se normalise et s’européanise.

Adoptant une démarche chronologique, ce travail s’inscrit dans le renouveau de l’histoire politique ayant pour but de décloisonner et d’élargir le champ de l’histoire politique à de nouvelles thématiques. Il invite le lecteur à une approche nuancée de l’histoire politique espagnole récente. »

Parution le 4 novembre.

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Claire Pagès, Pierre Clastres. Les sociétés contre l’État, Amsterdam

« Penser les sociétés dites « primitives » non pas comme des sociétés sans État mais comme des sociétés contre l’État, telle est la révolution copernicienne opérée par Clastres dans le champ de l’anthropologie politique.

Au côté de James C. Scott et de David Graeber, Clastres est une des figures éminentes de ce qu’il est convenu d’appeler « l’anthropologie anarchiste ». Pour cette dernière, il s’agit avant tout de s’intéresser aux sociétés qui ont constitué des mécanismes de résistance à la verticalisation du pouvoir et qui se sont employées à limiter le risque de voir apparaître des institutions autoritaires et des rapports de domination.

Dans nos sociétés à État, à l’heure où les formes du contrôle étatique et de la dépossession politique se renouvellent et s’intensifient, la pensée de Clastres constitue une ressource inestimable pour qui s’interroge sur notre consentement à la domination et sur les moyens de nous rendre ingouvernables. »

Parution le 5 novembre.

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Perry Anderson, A Sextet on the Great War, Verso

« Dans Disputing Disaster, Perry Anderson choisit, dans l’historiographie très chargée de la Première Guerre mondiale, un historien de premier plan de chacune des grandes puissances qui ont survécu à la conflagration : Fritz Fischer, célèbre historien de la culpabilité de guerre allemande ; Pierre Renouvin, militaire invalide et autorité prééminente sur le conflit en France ; Luigi Albertini, magnat de la presse italienne qui, fait unique parmi les spécialistes de la Grande Guerre, a joué un rôle dans l’engagement de son pays dans cette guerre ; Paul W. Schroeder, l’expert américain du système des relations interétatiques en Europe et de son effondrement en 1914 ; Keith Wilson, le seul à s’écarter radicalement du consensus patriotique sur le rôle de la Grande-Bretagne dans le déclenchement des combats ; et, depuis l’Australie (appelée à entrer en guerre en tant que dominion), Christopher Clark, l’auteur acclamé de The Sleepwalkers

Il propose ce faisant une analyse des principales versions concurrentes de la genèse de la Grande Guerre, un éclairage nouveau sur le passé politique de ses principaux historiens et une synthèse inédite des pressions déterminantes qui ont mené le conflit à son terme. »

Parution le 6 novembre.

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Alberto Sabio Alcutén, Excomunistas. De la Revolución a la Guerra Fría cultural : Joaquín Maurín (1896-1973), Galaxia Gutemberg

« Persécuté par le fascisme et le stalinisme, Joaquín Maurín a été l’un des grands leaders sociaux de la première moitié du XXe siècle en Espagne, le chef incontesté du communisme espagnol hétérodoxe. Il a parcouru et dirigé différentes organisations ouvrières, de la CNT au PCE, puis a créé ses propres organisations, comme le Bloque Obrero y Campesino ou le POUM. Il a ensuite passé plus de dix ans dans les prisons franquistes. Son exil américain est généralement laissé dans l’ombre. C’est alors, à travers son agence littéraire et journalistique liée à Sender, Miguel Ángel Asturias, Gómez de la Serna, Araquistáin et Madariaga, entre autres, qu’il exprime son engagement intellectuel renouvelé, déjà très proche du socialisme démocratique européen.

Contrairement au mythe d’Andreu Nin, la figure de Maurín, qui devint un traître à la cause, a été beaucoup plus floue. Pour certains témoins intéressés, il a toujours été l’agent de quelqu’un : d’abord de Franco, puis de la CIA. Dans ce livre, enrichi de la correspondance conservée de Maurín avec de nombreuses personnalités politiques et culturelles, Alberto Sabio raconte comment s’est forgée sa biographie et comment a évolué son opinion sur le monde, depuis son séjour dans la Moscou bolchevique jusqu’à son exil ultérieur à New York, lié au Congrès pour la liberté de la culture. Il en résulte le portrait complet d’un homme résolument engagé dans son temps. »

Parution le 6 novembre.

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François Hourmant, L’étoffe des contestataires, PUF

« Les contestations sociales et politiques s’inscrivent dans une histoire du corps : des soutiens-gorge jetés dans les « poubelles de la liberté » par les féministes américaines des années 1960 à la nudité des Femen, des Gilets jaunes aux Bonnets rouges en passant par le k-way noir des black blocs, l’apparence fait partie du message. 

Elle est elle-même un slogan.

Au-delà du vestiaire, ce sont surtout les corps — grimés, masqués, vêtus, et parfois dévêtus — qui sont au cœur de ce livre.

Expression des revendications, le corps invite à une autre histoire des résistances sociales et politiques, entre sensations et émotions. »

Parution le 6 novembre.

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Alfred Dreyfus, Œuvres complètes (1894-1936). Édition et préface de Vincent Duclert et Philippe Oriol, Les Belles Lettres

« Alfred Dreyfus, l’officier innocent qui donna son nom à l’Affaire bouleversant la France et le monde au tournant du XXe siècle, est demeuré l’inconnu de l’Histoire. Son combat est pourtant celui d’un homme défendant son honneur et celui de sa famille, oeuvrant à la vérité et à la justice. Celui aussi d’un patriote viscéralement attaché aux valeurs démocratiques de la France libérale et républicaine, reconnu en cela par les dreyfusards vouant leur vie à la cause de l’innocent. Enfin celui d’un soldat d’exception contraint de renoncer à sa carrière par suite d’une dernière injustice mais engagé durant toute la guerre de 14-18 jusqu’à la victoire.

Demeuré pour la postérité le « capitaine Dreyfus », il adopta l’écriture comme un principe de survie et un acte de vérité, restituant l’histoire vraie d’un homme et d’une humanité espérant dans la justice. À la dernière humiliation d’une réhabilitation complète qui lui était refusée, il opposa l’exactitude de sa parole et la langue de la vérité. Pourtant, une large part de ses écrits demeure inconnue, tandis que ses livres et articles publiés semblent définitivement perdus dans le passé. La force et le sens du combat de Dreyfus disparaissent.

Les Lettres d’un innocent, suivies trois ans plus tard de son journal de l’île du Diable, Cinq années de ma vie, ne sont qu’une partie des écrits de l’homme résistant à la raison d’État et à la persécution raciale qui allaient progressivement submerger l’Europe — et que préparait déjà la violence coloniale.

Les Œuvres complètes du capitaine Dreyfus, pour la première fois réunies et publiées par deux historiens de renom, révèlent ce que fut la destinée d’un homme — à la patrie et à l’humanité reconnaissantes. Une vie à la modernité civique et politique évidente, qui nous parle et nous émeut comme rarement. Avec Dreyfus dans le texte, c’est l’Affaire tout entière qui nous revient au présent. »

Parution le 12 novembre.

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Sheila Fitzpatrick, Lost Souls : Soviet Displaced Persons and the Birth of the Cold War, Princeton University Press

« À la fin de la Seconde Guerre mondiale, environ un million de personnes que l’Union soviétique revendiquait comme ses citoyens se trouvaient hors des frontières de l’URSS, principalement dans les zones d’occupation occidentale de l’Allemagne et de l’Autriche. Ces « personnes déplacées » — Russes, citoyens soviétiques d’avant-guerre, habitants de l’Ukraine occidentale et des États baltes incorporés de force à l’Union soviétique en 1939 — refusent d’être rapatriées en Union soviétique malgré les demandes de cette dernière. C’est ainsi qu’a débuté l’un des premiers grands conflits de la guerre froide. Dans Lost Souls, Sheila Fitzpatrick s’appuie sur de nouvelles recherches d’archives, y compris des entretiens avec des centaines de déplacés soviétiques, pour offrir un compte rendu vivant de cette crise, des manœuvres concurrentielles des politiciens et des diplomates à la vie quotidienne des personnes déplacées.

L’enthousiasme des Américains pour le financement des organisations de réfugiés s’occupant des personnes déplacées s’est rapidement estompé après la guerre. Ce n’est qu’après la redéfinition des personnes déplacées — de « victimes de la guerre et du nazisme » à « victimes du communisme » — en 1947, qu’une solution est trouvée : les États-Unis financeront leur réinstallation massive en Amérique, en Australie et dans d’autres pays en dehors de l’Europe. L’Union soviétique a protesté contre ce « vol » de ses citoyens. Mais c’était un coup d’éclat pour les États-Unis. Le choix des personnes déplacées de vivre une vie libre à l’Ouest, et l’accueil qui leur y était réservé, devinrent un thème important dans la bataille de propagande de la guerre froide entre les États-Unis et l’Union soviétique. »

Parution le 12 novembre.

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François Hartog, Départager l’humanité. Humains, humanismes, inhumains, Gallimard

« Créer, disent les grands textes fondateurs, c’est partager et départager : entre des mortels et des immortels, entre des humains et des bêtes, entre un Dieu éternel et des êtres éphémères, entre un corps périssable et une âme immortelle…

Ce geste premier lance toute l’enquête. Scruter les façons dont ces partages ont été repris, transformés, contestés, rejetés au cours des siècles : tel est son objet. Ce sont donc autant de figures historiques de l’homme qui sont, un chapitre après l’autre, interrogées : l’anthrôpos grec, l’homo humanus romain, l’homo christianus, puis l’homme des humanistes, celui aussi qui fait sien le « je suis homme et rien d’humain ne m’est étranger », avant que la proclamation « l’homme est un Dieu pour l’homme », elle-même bientôt suivie par l’annonce de « la mort de l’homme », ne débouche sur la récusation d’un « propre » de l’homme et de tous les dualismes qui, au cours des siècles, ont jalonné son histoire.

Humains, humanismes, inhumains : le sous-titre précise encore le cadre historique. En se conjuguant et en s’opposant, les trois termes font système. Les humanismes, en s’attachant à départager l’humain de l’inhumain, ont recherché des voies pour que les humains, au moins certains d’entre eux, le soient plus ou mieux. Ce qui ne les a pas toujours empêchés, il s’en faut, d’être aveugles à l’inhumain. Aujourd’hui, c’est l’humanitaire qui, face à l’inhumain, revendique d’agir au nom d’un propre de l’homme : sa dignité.

Parcourir ce grand arc qui mène de la formation d’anthrôpos à sa dissolution n’implique ni que ce chemin fût tracé d’avance ni qu’il doive déboucher sur une quelconque apocalypse. En revanche, c’est montrer comment le moment présent, celui d’une désorientation généralisée, s’inscrit dans une histoire longue. Et, du même coup, aider à le mieux comprendre. »

Parution le 14 novembre.

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Jean-Pierre Cabestan, Deng Xiaoping. Révolutionnaire et modernisateur de la Chine, Tallandier

« “Vous voyez le petit homme là-bas, il est très intelligent et il a un très grand avenir devant lui.” Ainsi parlait Mao à Khrouchtchev en 1957, à propos du camarade Deng. 

Jean-Pierre Cabestan retrace la carrière de ce véritable animal politique : sa jeunesse au Sichuan, ses années de formation en France, son passage en Union soviétique, son ralliement à la guérilla de Mao, son ascension au sein du Parti communiste chinois, ses rôles clés et ses disgrâces… Autoritaire et doué d’un solide sens de la survie, il sut naviguer au sein du Parti et, en visionnaire, entraîna son pays dans des réformes pour l’ouvrir au monde.

Pourquoi a-t-il réprimé dans le sang le mouvement démocratique de Tiananmen ? Quelles leçons a-t-il tirées de l’effondrement de l’URSS ? Quel héritage a-t-il laissé ? Si la Chine de Xi remet Mao à l’honneur, les intellectuels et les réformistes d’aujourd’hui se sentent davantage proches de Deng. 

Cent vingt ans après sa naissance, le “petit homme”, dont le parcours connut mille rebondissements, reste un sujet toujours sensible et vivant. C’est tout l’enjeu de cette biographie éclairante. »

Parution le 14 novembre.

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Paolo Borruso, L’Italia e l’Africa. Strategie e visioni dell’età postcoloniale (1945-1989), Laterza

« L’empire colonial italien s’est effondré avec la Seconde Guerre mondiale, bien avant ceux des grandes puissances européennes. Paradoxalement, c’est précisément cette décolonisation « précoce » qui a permis à l’Italie de s’engager, politiquement et diplomatiquement, en termes non plus de sujétion mais de partenariat. La création de l’association euro-africaine, prévue par les traités de Rome de 1957, a été l’occasion pour le pays de jouer un rôle de trait d’union et d’acquérir une nouvelle réputation auprès des pays nouvellement indépendants.

L’Église catholique interagit également avec ces perspectives. L’ouverture du Concile Vatican II — auquel participait pour la première fois une représentation africaine visible — et les attentions manifestées par le pape Paul VI lors de ses voyages en Afrique, ont donné un élan décisif aux projections africaines de l’Italie.

Dans ce cadre, de nouveaux acteurs de la société civile sont apparus, tels que les associations catholiques et laïques et les réseaux missionnaires, qui ont contribué à la maturation d’une sensibilité et d’un élan de solidarité varié dans la société italienne.

Tout cela a pris fin en 1989 : la fin du monde bipolaire et, au niveau interne, la dissolution de l’ordre politique et le phénomène croissant de l’immigration ont ouvert une saison de fortes pulsions introspectives et afro-pessimistes. »

Parution le 15 novembre.

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Trevor Wilson, Alexandre Kojève and the Specters of Russian Philosophy, Northwestern University Press

« Ce livre jette une lumière nouvelle sur les origines intellectuelles d’Alexandre Kojève et sur son rôle dans l’émigration de la philosophie russe vers l’Occident au début du XXe siècle. Trevor Wilson montre comment Kojève, à la fois adversaire des communautés insulaires de la philosophie émigrée et pourtant dépendant de leurs réseaux et de leurs idées pour réussir professionnellement, a navigué parmi les spectres de la tradition russe à la recherche d’une définition autonome de lui-même en tant que philosophe et intellectuel.

Il analyse la relation complexe du philosophe avec la diaspora de l’entre-deux-guerres et le rôle joué par la tradition russe dans sa formation intellectuelle. Trevor Wilson étudie les premiers écrits de Kojève dans la presse émigrée sur la philosophie religieuse russe, la politique soviétique et l’eurasisme, et fait valoir leur pertinence pour comprendre Kojève dans sa période de maturité. Il replace dans leur contexte les célèbres séminaires de Kojève sur Hegel et examine comment la pensée de Kojève s’est inscrite dans la politique de la guerre froide. S’appuyant sur des documents d’archives nouvellement transcrits et traduits, il met en lumière un échange d’idées transnational entre intellectuels d’Europe de l’Est et d’Europe de l’Ouest qui n’avait pas été reconnu jusqu’à présent et montre comment il a joué un rôle central dans l’histoire intellectuelle du XXe siècle et dans son héritage au XXIe siècle. »

Parution le 15 novembre.

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Frédéric Turpin et Éric Roussel (dir.), Histoire de la Ve République, Tome I : 1958-1981, Bouquins

« En place depuis plus de soixante-cinq ans, la Ve République a battu le record de longévité détenu jusque-là par la IIIe : éclatant démenti à ceux qui, en 1958, prédisaient que les institutions voulues par le général de Gaulle ne lui survivraient pas.

Depuis la fin du Second Empire, le pouvoir exécutif se trouvait en France diabolisé, le Parlement étant aux yeux des républicains la seule source de la légitimité. L’homme du 18 Juin aura réussi à inverser la tendance et à établir un régime stable, qui sut peu à peu recueillir un consensus large.

Cette entreprise collective, menée avec le concours des meilleurs spécialistes, offre le récit vivant et documenté de plus d’un demi-siècle de vie politique française – dans la lignée de la célèbre Histoire de la IVe République de Georgette Elgey. Elle propose aussi pour la première fois un panorama complet des évolutions économiques, sociales et culturelles des dernières décennies.

Consacré aux années 1958-1981, ce premier volume fait ressortir, au-delà des péripéties politiques, l’unité profonde des trois premières présidences de la Ve République. »

Parution le 15 novembre.

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Bruno Leipold, Citizen Marx : Republicanism and the Formation of Karl Marx’s Social and Political Thought, Princeton University Press

« Dans Citizen Marx, Bruno Leipold affirme que, contrairement à certains lieux communs interprétatifs, la pensée de Karl Marx a été profondément influencée par le républicanisme.

 La relation de Marx au républicanisme a évolué au cours de sa vie, mais son influence complexe sur sa pensée ne peut être réduite à une adoption ou à un rejet en bloc. Remettant en cause les représentations courantes de Marx qui minimisent ou ignorent son engagement en faveur de la politique, de la démocratie et de la liberté, Bruno Leipold montre que Marx considérait les institutions politiques démocratiques comme essentielles pour surmonter l’absence de liberté sociale et la domination du capitalisme. L’une des principales valeurs politiques de Marx est une conception républicaine de la liberté, selon laquelle on n’est pas libre lorsqu’on est soumis à un pouvoir arbitraire.

Plaçant le communisme républicain de Marx dans son contexte historique — sans pour autant l’y enfermer — Bruno Leipold retrace l’évolution de la relation de Marx au républicanisme au cours de trois grandes périodes. 

Tout d’abord, Marx a commencé sa vie politique en tant que républicain attaché à une république démocratique dans laquelle les citoyens détenaient une souveraineté populaire active. Ensuite, il est passé au communisme, critiquant le républicanisme mais intégrant l’opposition républicaine au pouvoir arbitraire dans ses critiques sociales. Selon lui, une république démocratique n’est pas suffisante pour l’émancipation, mais elle lui est nécessaire. Troisièmement, sous l’impulsion des événements de la Commune de Paris de 1871, il en vint à considérer le contrôle populaire de la représentation et de l’administration publique comme essentiel à la réalisation de l’émancipation. »

Parution le 19 novembre.

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Friedrich von Borries, Architektur im Anthropozän. Eine spekulative Archäologie, Suhrkamp

« Pour en savoir plus sur les dinosaures, les paléontologues d’aujourd’hui déterrent des fossiles. Pour en savoir plus sur notre gestion du changement climatique, les chercheurs de demain se pencheront sur les technofossiles : les vestiges de bâtiments et d’infrastructures. Car dans l’Anthropocène, l’ère terrestre dont l’évolution géologique est marquée par l’homme, il y a plus de masse construite que de masse naturelle.

Friedrich von Borries adopte la perspective des futurs archéologues qui se mettent à la recherche des architectures caractéristiques de notre époque. Ils trouvent des objets significatifs surtout aux abords des villes. 

Les incinérateurs de déchets et les data centers, les porcheries à plusieurs étages et les coffres-forts en disent plus sur notre mode de production et de vie destructeur que les bâtiments représentatifs des centres-villes. Dans son archéologie spéculative, von Borries dresse également un psychogramme des sociétés industrielles avancées. 

Et ose entrevoir une architecture qui ne soit plus uniquement centrée sur l’homme et ses besoins. »

Parution le 18 novembre.

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Vanessa Grossman, A Concrete Alliance ; Communism and Modern Architecture in Postwar France, Yale University Press

« Le remodelage massif des villes françaises qui eut lieu entre 1958 et 1981 est généralement considéré comme un épisode unique au cours duquel les idéaux modernistes ont été mis à l’épreuve à une échelle sans précédent. Pourtant, l’histoire du modernisme français d’après-guerre n’a jamais pleinement tenu compte de l’influence de l’un des plus importants mécènes institutionnels de l’architecture, le Parti communiste français (PCF). En faisant dialoguer la théorie politique et l’histoire de l’architecture, Vanessa Grossman étudie l’alliance changeante mais durable entre l’architecture moderne et le PCF au lendemain de la crise politique de 1958, provoquée par la guerre d’indépendance algérienne et l’arrivée au pouvoir de Charles de Gaulle.

En se concentrant sur des épisodes clés, elle examine le travail de Renée Gailhoustet (une des rares femmes architectes de sa génération), de Jean Renaudie et des membres de l’Atelier d’urbanisme et d’architecture (AUA), en collaboration avec des aînés de l’architecture tels que Jean Prouvé et Oscar Niemeyer, qui se sont exilés en France, et en relation avec des penseurs marxistes contemporains tels que les philosophes Louis Althusser et Henri Lefebvre. 

Vanessa Grossman montre comment la politique communiste et le modernisme architectural étaient des idéologies qui se renforçaient mutuellement et qui circulaient en France à travers des réseaux nationaux et internationaux d’architectes, d’urbanistes, de fonctionnaires, d’intellectuels, d’activistes et d’hommes politiques. Elle une nouvelle compréhension de la prise de conscience de l’après-guerre que l’architecture, en particulier le logement, pouvait être utilisée comme un outil politique. »

Parution le 19 novembre.

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Crédits
Sauf indication contraire, tous les textes de présentation des ouvrages sont les citations des quatrièmes de couverture des éditeurs.