La campagne démocrate avait fortement misé sur le gender gap, l’écart entre les préférences de vote des hommes par rapport aux femmes, pour conquérir les États clefs. La candidate n’avait pas insisté sur un message identitaire, mais plusieurs publicités de campagne démocrates avaient notamment mis en avant l’importance d’un vote féminin afin de préserver les droits reproductifs.

Cette stratégie répondait à une tendance profonde de la structuration de l’électorat. 

Avant l’élection, nous avions construit deux projections avec les données disponibles 1. Le résultat était particulièrement parlant.

  • Si seules les femmes votaient, Harris aurait remporté l’élection avec 365 grands électeurs, contre 173 pour Trump.
  • Si seulement les hommes votaient, Trump aurait gagné avec 376 voix — contre 171 pour Harris.

Cet écart n’a toutefois pas permis à Kamala Harris de prendre l’avance sur Donald Trump dans les États clefs.

  • Selon CNN, Kamala Harris n’est parvenue à dépasser le score de Biden de 2020 dans aucun comté.
  • Selon les derniers exit polls publiés par NBC News, dans les États clefs, 47 % des hommes et 53 % des femmes sont allés aux urnes.
  • Ces taux de participation n’ont pas permis à Kamala Harris de profiter du soutien des femmes, ce qui aurait pu lui permettre de conquérir certains swing states essentiels pour sa victoire.

Le gender gap est un phénomène qui se situe au cœur de la polarisation de la société américaine car, contrairement aux différences de vote liées à la classe sociale, à la localisation géographique, au niveau de revenu, au patrimoine ou à l’éducation, il oppose des personnes qui partagent tout sauf leur genre 2.

Sources
  1. Dernier sondage publié, soit par Emerson College (septembre-novembre 2024), soit, à défaut par l’un des autres sondeurs indiqués en note. Pour les États « sûrs » où aucun sondage récent n’est disponible, on suit la tendance globale de l’État.
  2. Richa Chaturvedi, A closer look at the gender gap in presidential voting, Pew Research Center, 28 juillet 2016.