L’Arizona, situé dans le sud-ouest des États-Unis, est le swing state qui comporte la part d’électeurs hispano-américains la plus importante : elle représente 25 % du total de l’électorat. Alors que Donald Trump et son entourage ont durci leur rhétorique raciste et anti-immigration durant la campagne, l’un des principaux déterminants de l’élection dans cet État de la sun belt sera la manière dont celle-ci impactera le vote en Arizona.

À première vue, l’État du Grand Canyon se trouve dans une dynamique électorale favorable aux Démocrates.

  • Contrairement au Nevada, qui a glissé vers la droite en 2016 et 2020, le ticket démocrate a réalisé des gains substantiels en Arizona entre les deux dernières présidentielles : + 4,78 points, tandis que Trump a progressé de 0,98 point.
  • Les deux États de la sun belt partagent pourtant des caractéristiques communes, notamment un fort taux de population résidant dans des zones urbaines — 94,1 % pour le Nevada et 89,3 % pour l’Arizona, soit bien plus que les autres swing states.
  • Là encore, cette population est concentrée dans les deux grandes métropoles du sud de l’État, Phoenix et Tucson, qui représentent à elles deux plus de 30 % des 7,1 millions d’habitants de l’Arizona.

Phoenix et ses banlieues sont la clef pour remporter l’État. En 2020, les quartiers où résident principalement des hispano-américains et des travailleurs appartenant à la classe moyenne ont massivement voté pour Joe Biden par rapport à 2016. En-dehors des grandes villes, Trump a quant à lui amélioré son score dans les comtés à la frontière avec le Mexique 1.

  • Les chiffres de 2020 suggèrent que le candidat républicain pourrait disposer d’une réserve de voix dans ces comtés de Cochise, Santa Cruz, Yuma et Pima (dont Tucson est le siège).
  • En addition de l’élection présidentielle et des autres scrutins fédéraux (notamment au Sénat, où la sénatrice sortante Kyrsten Sinema ne s’est pas présentée à sa réélection), les habitants de l’Arizona voteront également pour la proposition 314.
  • Cette mesure de vote vise à faire du franchissement illégal de la frontière un crime dans la législation de l’État, décourager les migrants en situation irrégulière à solliciter des prestations sociales et autoriser les juges à ordonner des expulsions.

Depuis le départ de Trump de la Maison-Blanche en janvier 2021, le nombre de franchissements illégaux de la frontière a considérablement augmenté. Ce grand nombre de nouvelles arrivées exerce une pression importante sur les structures municipales et à l’échelle des comtés, notamment celles en charge de l’accueil puis de l’accompagnement des migrants.

  • Donald Trump a insisté tout au long de sa campagne sur l’inaction de l’administration Biden et le manque d’investissements plus large du gouvernement fédéral.
  • C’est pourtant le candidat républicain qui a tué dans l’œuf au début de l’année un projet de loi visant à passer dans un seul paquet des mesures visant à améliorer la situation à la frontière et renouveler l’assistance militaire à l’Ukraine.
  • L’Arizona partage la deuxième plus grande frontière avec le Mexique parmi les États américains (600 km), derrière le Texas (2 000 km).
Sources
  1. Patrick Ruffini, Is Arizona the Democrats’ Last Sun Belt Hope ?, 8 juillet 2024.