Le président russe, sous le coup d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale, n’est plus en mesure de circuler aussi librement qu’il le souhaiterait. En août 2023, celui-ci avait été contraint d’annuler sa visite prévue en Afrique du Sud pour le sommet annuel des BRICS de Johannesburg en raison du risque d’être arrêté par les autorités sud-africaines.

Un an et demi après la délivrance d’un mandat d’arrêt, Vladimir Poutine a entamé lundi 2 septembre sa première visite dans un pays ayant ratifié le Statut de Rome.

  • Il est peu probable que les autorités mongoles arrêtent le président russe. Une cérémonie d’accueil officielle lui a été donnée par son homologue Ukhnaagiin Khürelsükh.
  • En amont de la visite, le consultant politique proche du Kremlin Sergueï Markov déclarait que le pays hôte avait « garanti à 100 % que ni Poutine ni aucun membre de la délégation ne sera détenu »1.
  • Malgré des tentatives de rapprochement avec les pays occidentaux — les États-Unis et la France notamment, Emmanuel Macron étant devenu en mai 2023 le premier président français à se rendre en visite officielle en Mongolie2 —, Oulan-Bator reste très étroitement lié à Moscou : 95 % de ses importations de pétrole viennent de Russie3.

L’invasion de l’Ukraine de février 2022 a néanmoins suscité une baisse significative de la popularité de la Russie parmi la population mongole. En 2019, 85,2 % des Mongols en moyenne déclaraient que Moscou est « le meilleur partenaire » pour leur pays. Cette année, cette part est tombée à 69,3 % — son niveau le plus faible depuis 2017, selon le baromètre annuel de la fondation Sant Maral4.

  • Si l’Occident demeure peu populaire en Mongolie, le déficit de confiance qui semble s’être installé vis-à-vis de la Russie depuis 2022 bénéficie aux pays asiatiques.
  • Un tiers des Mongols considère désormais que la Chine est le meilleur partenaire pour le pays (+ 10 points depuis 2014). Le Japon (+ 7 points) et la Corée du Sud (+ 11 points) ont eux aussi connu un important gain de popularité.

La population rurale entretient toutefois toujours des liens étroits avec Moscou, près d’un tiers (32,5 %) déclarant en avril-mai que « la Russie doit être soutenue » dans sa guerre contre l’Ukraine (+ 7 points par rapport à mai-juin 2022). Dans le quotidien mongol Unuudur, Vladimir Poutine dénonçait en amont de sa visite la « politique délibérée des pays de l’Occident commun dirigée contre la Russie », dont la guerre en Ukraine serait « la cause principale »5.