Les autorités n’ont pas communiqué le nombre exact de blessés. Une source a déclaré à Reuters que les roquettes Katyusha étaient tombées à l’intérieur de la base. Au moins une autre roquette serait tombée dans les environs sans faire de dégâts.

  • Selon le quotidien libanais, L’Orient le Jour, cette attaque a eu lieu « après une frappe américaine mardi, ayant visé des combattants irakiens pro-iraniens ‘qui tentaient de faire décoller des drones d’attaque’ qui ‘constituaient une menace pour les forces américaines et de la coalition antijihadiste dans la région’ selon un responsable américain de la défense. La frappe, qui selon des sources irakiennes a fait quatre morts, était la première menée par les forces américaines en Irak depuis février »1.
  • « Un commandant d’un groupe armé pro-iranien a pour sa part affirmé à l’AFP, également sous couvert d’anonymat, qu’au moins ‘deux roquettes ont ciblé’ la base, sans préciser qui était à l’origine de l’attaque. Une autre source du groupe a confirmé qu’une attaque avait eu lieu ». 

L’incident survient dans un contexte d’intensification des tensions au Moyen-Orient. L’Iran et son allié libanais, le Hezbollah, avaient promis de réagir aux assassinats par Israël du chef politique du Hamas, Ismail Haniyeh, à Téhéran, et du commandant militaire du Hezbollah, Fuad Shukr, à Beyrouth le 30 et 31 juillet qui intervenaient à leur tour après qu’une roquette vraisemblablement tirée par le Hezbollah depuis le sud du Liban avait tué 12 enfants israéliens sur le plateau du Golan. 

  • Les États-Unis s’attendaient à une riposte. Le secrétaire d’État des États-Unis Antony Blinken avait informé le 4 août, ses homologues des pays du G7 qu’une attaque de l’Iran et du Hezbollah contre Israël pourrait commencer dès ce lundi.
  • Pour se préparer, le Pentagone avait déclaré qu’il allait déployer des avions de chasse et des navires de guerre supplémentaires au Moyen-Orient.
  • Depuis le 30 juillet, différents pays de l’Union ont demandé à leurs ressortissants de quitter le territoire libanais. 

Qu’est-ce qu’une escalade ? 

« L’escalade est un phénomène profondément lié aux perceptions des acteurs ». On distingue généralement entre escalade verticale et escalade horizontale. Selon Olivier Schmitt qui a publié une étude dans nos pages :

  • « L’escalade verticale renvoie à l’augmentation de l’intensité des hostilités dans le cadre d’un conflit dont le périmètre reste identique. Par exemple, dans un conflit conventionnel, le ciblage délibéré par l’un des belligérants de la population civile ou des dirigeants de son ennemi serait certainement perçu comme une escalade.
  • L’escalade horizontale élargit le périmètre du conflit, soit par l’ouverture de nouveaux théâtres, soit par l’inclusion de nouveaux domaines. Par exemple, durant la Guerre Froide, les superpuissances ont régulièrement eu recours à l’escalade horizontale, c’est-à-dire des affrontements par « proxys » interposés, afin d’éviter l’escalade verticale ». 

La doctrine iranienne de « la nouvelle équation »

Avec l’attaque d’Israël du 13 au 14 avril 2024, la doctrine iranienne avait connu un infléchissement radical.

  • Le militaire du plus haut rang de l’armée iranienne, Mohammed Hossein Baqeri l’avait définie en ces termes : « Une nouvelle équation a été établie avec cette opération : si le régime sioniste attaque, il sera contre-attaqué depuis l’Iran. »
  • Engagés depuis longtemps dans une « guerre de l’ombre » qui voyait l’Iran et Israël s’affronter d’une manière non-linéaire avec la mise en place de proxies plus ou moins directement manipulés par Téhéran, les deux appareils politiques et militaires sont de plus en plus directement impliqués dans une dynamique escalatoire. 
  • Dans une étude publiée dans nos pages, le spécialiste du Hezbollah Christophe Ayad souligne que le groupe constitue « la meilleure armée stratégique de l’Iran face à Israël, la frontière avancée de la République islamique dans la région ».
  • Avec un arsenal de 150 000 roquettes et missiles de diverses portées pointés sur Israël, « le Hezbollah est l’arme de dissuasion la plus massive à la disposition de l’Iran dans sa confrontation avec Israël » et dispose « de la capacité de saturer la défense antiaérienne israélienne en tirant plusieurs milliers d’engins par jour ».  
  • Le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Nasser Kanani, a déclaré aujourd’hui que « l’Iran aurait légalement le droit de punir Israël ». « Nous considérons notre droit à défendre notre sécurité nationale, notre souveraineté et notre intégrité territoriale comme un droit incontestable ».