Élections américaines 2024

Retrait de Joe Biden : les mots du Président des États-Unis

Une semaine après la tentative d’assassinat contre Donald Trump, dans une lettre publiée sur les réseaux sociaux, Joe Biden a annoncé se retirer de la course pour la présidentielle américaine. Nous la traduisons en apportant des éclairages sur les conséquences que pourrait avoir cette décision — inédite par sa temporalité — sur une campagne déjà hors du commun.

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Le Grand Continent
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© AP Photo/Manuel Balce Ceneta

À 19h45 (Paris) le dimanche 21 juillet, Joe Biden postait sur ses réseaux sociaux le texte suivant, annonçant qu’il se retirait de la campagne pour l’investiture du Parti démocrate. Il avait remporté 3 896 des 3 934 « délégués promis »1 lors des primaires. 

Alors que la pression sur lui s’était accélérée ces derniers jours, les sondages indiquaient déjà depuis plusieurs mois que les électeurs démocrates nourrissaient de sérieux doutes vis-à-vis de l’âge du candidat et de sa capacité à terminer un second mandat. Son débat catastrophique du 27 juin contre Donald Trump a provoqué une levée de boucliers contre sa candidature au sein du Parti démocrate. De nombreux cadres du Parti, d’importantes figures politiques (Barack Obama, Nancy Pelosi notamment) ainsi que 29 élus démocrates du Congrès ont exprimé de sérieux doutes en privé vis-à-vis de sa candidature et/ou l’ont appelé à se retirer.

Dans une publication ultérieure sur X, il apporte son soutien à la candidature de la Vice-Présidente des États-Unis, Kamala Harris, pour la convention démocrate. Celle-ci devrait également choisir un colistier avec qui elle figurera sur le ticket présidentiel en novembre. Les principales figures démocrates qui pourraient être considérées sont Josh Shapiro, Andy Beshear, Gretchen Whitmer, Gavin Newsom ou encore Wes Moore.

Mes chers compatriotes,

Au cours des trois dernières années et demie, nous avons accompli des progrès considérables en tant que Nation.

Cela peut paraître anodin, mais c’est clef dans la stratégie de Biden, même au moment de se retirer de la course : même si ces deux qualités sont difficilement dissociables dans ce moment, il s’adresse ici aux citoyens des États-Unis plutôt comme président que comme candidat — ou, en l’occurrence, non-candidat. C’est du moins ainsi que l’on peut comprendre la décision d’utiliser un autre canal — un post sur X (ex-Twitter quelques minutes plus tard depuis son autre compte) pour soutenir la Vice-Présidente Kamala Harris.

Aujourd’hui, l’Amérique a l’économie la plus forte du monde. Nous avons réalisé des investissements historiques pour la reconstruction de notre nation, pour la réduction des coûts des médicaments pour les personnes âgées et dans l’amélioration de la prise en charge des soins de santé pour un nombre record d’Américains. Nous avons fourni des soins indispensables à un million d’anciens combattants exposés à des substances toxiques. Nous avons mis en place la première loi sur la sécurité des armes à feu en 30 ans. Nous avons nommé la première Afro-Américaine à la Cour suprême. Et nous avons proposé la loi climatique la plus importante de l’histoire à l’échelle planétaire. L’Amérique n’a jamais été aussi bien placée qu’aujourd’hui pour jouer un rôle de premier plan.

Je sais que rien de tout cela n’aurait pu être fait sans vous, le peuple des États-Unis. Ensemble, nous avons surmonté la pandémie du siècle et la pire crise économique depuis la Grande Dépression. Nous avons protégé et préservé notre démocratie. Et nous avons revitalisé et renforcé nos alliances dans le monde entier.

Vous servir comme Président a été le plus grand honneur de ma vie. Et bien que j’aie souhaité me présenter à ma réélection, je considère qu’il est dans le meilleur intérêt de mon parti et du pays que je me retire et que je me concentre uniquement sur l’accomplissement de mes devoirs comme Président jusqu’à la fin de mon mandat.

Aucun président en exercice ayant été candidat à sa réélection n’a abandonné aussi tard sa campagne dans l’histoire des États-Unis. Harry Truman avait renoncé à briguer un troisième mandat après avoir perdu la primaire démocrate dans le New Hampshire en 1952. Lors des primaires de 1968, Lyndon B. Johnson avait annoncé ne pas être candidat à l’investiture démocrate lors d’un discours prononcé le 31 mars, moins de 3 semaines après la première primaire du parti dans le New Hampshire. Calvin Coolidge est le seul président républicain ayant déclaré ne pas souhaiter se re-présenter à l’investiture du GOP après avoir entamé son mandat — il avait cependant annoncé sa décision 8 mois avant les primaires, en août 1927.

Joe Biden devient ainsi le 7ème président américain a ne pas avoir brigué un nouveau2 mandat électoral après avoir été élu à la Maison-Blanche, à la suite de James K. Polk (1848), Rutherford B. Hayes (1880), Theodore Roosevelt (1908), Calvin Coolidge (1928), Harry Truman (1952) et Lyndon Johnson (1968).

Dans le courant de la semaine, je m’adresserai à la Nation pour expliquer plus en détail ma décision.

Selon plusieurs sources proches du Parti démocrate, Kamala Harris, à qui Biden a apporté son soutien dans une publication séparée sur les réseaux sociaux, ne devrait pas entrer en campagne avant l’adresse à la Nation de Joe Biden.

Pour l’heure, permettez-moi d’exprimer ma profonde gratitude à tous ceux qui ont travaillé si dur dans l’espoir de me voir réélu. Je tiens à remercier la vice-présidente Kamala Harris d’avoir été une partenaire extraordinaire dans tout ce travail. Et permettez-moi d’exprimer ma sincère gratitude au peuple américain pour la foi et l’espoir que vous avez placés en moi.

Je crois aujourd’hui ce que j’ai toujours cru : il n’y a rien que l’Amérique ne puisse faire — quand nous le faisons ensemble. Il nous suffit de nous rappeler d’une chose simple : nous sommes les États-Unis d’Amérique.

Sources
  1. Pledged delegates.
  2. Avant l’entrée en vigueur du 22e amendement en 1951 qui a fixé une limite de 2 mandats présidentiels, qu’ils soient consécutifs ou non, les présidents étaient libres de briguer autant de mandats qu’ils le souhaitaient.
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