Le Moyen-Orient selon Nasrallah : géopolitique du Hezbollah

En Europe, on ne sait rien, ou presque, de l’une des figures les plus influentes du Moyen-Orient contemporain. Depuis le déclenchement de la guerre de Soukkot, Hassan Nasrallah, chef du Hezbollah au Liban, s’est exprimé plusieurs fois. Les images de ses deux derniers discours ont fait le tour du monde. Dans celui de novembre, il explicite la stratégie de l’organisation à la suite du déclenchement de la guerre par le Hamas. Nous le traduisons, introduit et commenté ligne à ligne.

Auteur
Aurélie Daher
Trad.
Aurélie Daher, Léo Samir Rougier
Image
© AP Photo/Hassan Ammar

Le 3 novembre 2023, Hassan Nasrallah, secrétaire général du Hezbollah libanais, s’exprimait pour la première fois sur la reprise à grande échelle du conflit armé israélo-palestinien le 7 du mois précédent. En amont de cette prise de parole, les spéculations au sujet du contenu de ce discours sont allées bon train. Dans les milieux politiques, d’experts ou médiatiques occidentaux, on s’est interrogé sur les raisons qui avaient amené le chef du Hezbollah à rester silencieux aussi longtemps. Surtout, on a craint l’annonce d’une offensive de grande envergure contre Israël depuis le Liban, voire d’un « jihad » contre les États-Unis. 

Trois discours d’appoint feront suite, en novembre 2023 puis janvier 2024. Deux d’entre eux, il est vrai, ont été planifiés indépendamment du contexte, appartenant au calendrier des célébrations traditionnelles du Hezbollah. Tous les 11 novembre en effet, le parti honore la mémoire de ses combattants tombés au champ d’honneur à travers la « Journée du Martyr de la Résistance islamique » (partie armée de l’organisation). Comme il commémore tous les 3 janvier l’anniversaire de la mort du général Qassem Soleimani, commandant de la force al-Qods des Pasdaran iraniens, assassiné en Irak en 2020 par l’armée américaine.

Qu’elles soient circonstancielles ou non, les interventions de Hassan Nasrallah depuis novembre 2023 ont toutes contribué à mieux cerner à la fois ce qu’est le Hezbollah comme ce qu’il n’est pas, et la vision qu’a sa classe dirigeante — Nasrallah en particulier — du Moyen-Orient contemporain. L’importance des discours de Hassan Nasrallah ne se résume en effet pas au fait qu’il dirige une organisation assez puissante militairement pour sérieusement aggraver l’affrontement israélo-palestinien si elle faisait le choix d’attaquer massivement Israël

Le secrétaire général du Hezbollah en particulier, au-delà de l’envergure de l’organisation qu’il dirige, jouit d’un statut particulier, au Liban comme au Moyen-Orient. Et le fait est que si l’hebdomadaire américain Time l’inscrivait déjà en 2011 dans son classement annuel des « 100 personnes les plus influentes du monde », on ne connaît pour ainsi dire rien, en Europe, du personnage. 

Hassan Nasrallah se fait remarquer du public libanais en février 1992. L’armée israélienne vient d’assassiner le secrétaire général du Hezbollah, Abbas al-Moussawi, ainsi que sa femme et leur enfant de six ans. La direction du parti intronise officiellement Nasrallah comme le nouveau chef de l’organisation. L’élu a à peine 31 ans. Jusqu’alors, il était chargé de l’exécutif au sein de l’organisation, et s’était fait remarquer par ses supérieurs pour son efficacité à penser la restructuration interne de celle-ci. À sa nomination au plus haut poste de la hiérarchie, les inconditionnels du parti eux-mêmes ne sont pas tous sûrs que le jeune homme sera à la hauteur des tâches qui l’attendent. Quatorze ans sont passés depuis l’opération Litani au cours de laquelle Israël a occupé le Sud-Liban, et les résultats de la Résistance islamique au Liban (RIL), partie armée de l’organisation, sont alors encore très relatifs. 

Pourtant, sa trajectoire et sa légende se construisent rapidement. Ses soutiens respectent et admirent en lui un profil exceptionnel, inspiré de réalisations avérées, mais aussi de projections flatteuses, dont la validité est parfois sujette à caution. En écho à la tolérance religieuse indéniablement valorisée et défendue par Nasrallah, certaines rumeurs rapportent à titre d’exemple qu’il porterait un médaillon de la Vierge autour du cou. D’autres récits rapportent que son plus grand plaisir, après une journée exigeante, serait d’écouter de la musique classique dans son bain… 

Ce dont nous sommes sûrs est qu’en représailles à l’assassinat de Moussawi en 1992, Hassan Nasrallah ordonne, dès le lendemain et pour la première fois dans l’histoire du Hezbollah, un tir de roquettes sur le nord d’Israël. Son image de « petit jeune » se double aussitôt de celle d’un chef de guerre audacieux et déterminé. L’année suivante, la Résistance islamique, sous sa direction, se montre étonnamment efficace lorsqu’Israël lance l’opération « Règlement de comptes » — rebaptisée ensuite « Justice rendue » — qui, en moins d’une semaine, détruit une partie conséquente du Sud-Liban. En 1996, la Résistance monte encore en compétences, et tient face à Israël lors de l’opération « Raisins de la colère », dont la brutalité culmine avec le massacre par l’aviation israélienne d’une centaine de femmes, enfants et vieillards réfugiés dans un des camps de la Force intérimaire des Nations unies au Liban à Cana. Nasrallah profite de ce drame pour annoncer de nouvelles règles du jeu : « Si Israël frappe nos civils, nous frapperons les siens », l’engagement doit désormais se restreindre aux deux forces armées. L’accord est mis sur papier, signé par les deux parties, avec la bénédiction de la communauté internationale. Le président français Jacques Chirac abandonne officiellement le libellé « terroriste » pour qualifier le Hezbollah, en parle comme d’un « groupe de résistants ». Quelques mois plus tard, Hadi, fils aîné de Nasrallah et combattant de RIL, meurt sur le front, dans un affrontement avec l’armée israélienne. Le fait d’armes du fils renforce la légitimité du père, au sein de l’organisation comme de la société libanaise. La fin de 22 ans d’occupation israélienne, au printemps 2000, sous les coups de la Résistance islamique, et la victoire de celle-ci face à l’offensive israélienne de 33 jours et 33 nuits menée contre le Liban à l’été 2006, finissent de consacrer la figure de Nasrallah : aux yeux de ses soutiens, il est un stratège hors pair et un leader communautaire de premier plan. Dans les années 2000, son charisme et sa figure de « combattant de la liberté » teintée d’anti-impérialisme prononcé, provoquera de fréquentes comparaisons, au Moyen-Orient et ailleurs, avec Gamal Abdel-Nasser et Che Guevara. 

Le 3 novembre 2023, Mal‘ab al-Rayé, placette de la banlieue sud de Beyrouth, en plein quartier Hezbollah, est donc couverte de ses fervents supporters. Les soutiens du parti n’étaient pas particulièrement interpellés par son silence, somme toute relatif, Nasrallah ayant la réputation de ne parler que lorsqu’il a quelque chose de pertinent à dire. Au-delà de l’enthousiasme à l’idée de bientôt voir et entendre le chef vénéré, on attend surtout de bonnes nouvelles du terrain, l’annonce de « déconfitures » israéliennes qui ne seraient pas encore parvenues aux médias, et la promesse de victoires prochaines — dans la tradition la plus classique des discours de Nasrallah. 

L’intervention du secrétaire général du Hezbollah démarre à 15h — après que l’équipe de communication du Hezbollah a, comme à son habitude, fait résonner l’hymne national libanais. Le discours dure une heure et demie — un peu plus long que d’habitude. Il est vrai que le contexte est exceptionnel, et que les sujets connexes à clarifier sont nombreux.

Nasrallah, comme il en a l’habitude, s’adresse à plusieurs publics et prend soin de n’oublier aucun des protagonistes. Il construit son discours en éventail, s’adressant tout d’abord aux victimes des bombardements et à leurs familles, distribuant condoléances et appels à la résilience. Dans la foulée, il salue le public le plus proche de son organisation — chiites ou non-chiites, Arabes ou non-Arabes, qui soutiennent les Palestiniens —, offrant hommages et respects.

Puis il élargit le propos à destination de publics plus éloignés : les gouvernements occidentaux — États-Unis, Royaume-Uni —, et enfin Israël, s’adressant à la fois au gouvernement et à la société de celui-ci. Les membres du gouvernement Netanyahou sont qualifiés « d’incapables », le Premier ministre lui-même « d’imbécile ». Des parallèles sont établis entre 2023 et 2006 : durant la Guerre des 33 Jours menée à l’été 2006 par Israël contre le Liban, le gouvernement israélien d’Ehud Olmert avait déjà annoncé deux objectifs, à savoir la libération inconditionnelle des otages israéliens et la destruction complète et définitive du Hezbollah. Un mois plus tard, aucun des objectifs n’avait été atteint. En 2023, au 3 novembre, soit près d’un mois après le déclenchement de la guerre, Netanyahou, qui a lui aussi annoncé vouloir « exterminer le Hamas » et récupérer sans condition les otages retenus par ce dernier, n’est, selon Nasrallah, pas en meilleure posture. 

En guise de prospective, le chef du Hezbollah annonce vouloir la fin des hostilités — tout en précisant qu’il ne s’agit pas uniquement d’un arrêt des violences débutées en octobre. Il réclame une fin définitive des campagnes militaires menées régulièrement contre Gaza et la Cisjordanie. Selon lui, seuls les États-Unis ont les moyens de faire pression sur Israël et d’encourager une sortie de crise pertinente. En attendant, précise Nasrallah, choix a été fait au sein de la direction du Hezbollah de se contenter d’une guerre d’usure à la frontière israélo-libanaise. En cela, le parti est constant : il a toujours soutenu que la « libération de la Palestine » n’était pas du ressort de l’organisation libanaise, mais des Palestiniens eux-mêmes. 

Au-delà de ces commentaires et analyses alignées sur les stratégies habituelles du Hezbollah, certains points du discours de Nasrallah méritent toutefois une attention particulière. 

Discours de Hassan Nasrallah à l’occasion de la célébration organisée en « hommage des martyrs tombés sur le chemin de Jérusalem » (3 novembre 2023)

Que la paix, la miséricorde et la bénédiction divines soient sur vous. 

Je me réjouis de votre présence, nombreuse et solennelle, à cette célébration des martyrs, qui sont et restent notre fierté. Des martyrs que nous nous rappelons tous aujourd’hui autour de cette commémoration en leur honneur, et du renouvellement de notre loyauté au sang qu’ils ont versé pour nous. 

À travers « martyrs », le Hezbollah utilise un vocabulaire davantage propre au Moyen-Orient qu’aux militantismes islamiques. En arabe, toute personne morte pour une cause, religieuse ou non, musulmane ou non, sur un terrain de bataille ou non, est qualifiée de chahid, « martyr ». La plupart des partis libanais utilisent également le terme de « martyr » pour parler de leurs membres tombés au champ d’honneur ou en mission. 

Aujourd’hui, nous célébrons la mémoire de ces martyrs, les martyrs de la Résistance islamique au Liban, les martyrs du Hezbollah, les martyrs des Brigades libanaises de résistance à l’occupation israélienne, les martyrs des Brigades Al-Qassam au Liban, les martyrs des Brigades Al-Quds au Liban et les martyrs civils comme les journalistes qui ont été injustement assassinés par les Sionistes. 

Par Résistance islamique au Liban (RIL), Hassan Nasrallah désigne la partie militaire du Hezbollah, qui est en réalité la matrice de l’organisation. En 1982, la RIL est créée par deux clercs de la Békaa-Nord, Soubhi Tufayli et Abbas al-Moussawi, avec comme seul et unique objectif de repousser l’armée israélienne. Quelques mois plus tard, décision est prise par la direction de la RIL de lui adjoindre un réseau d’institutions civiles, chargé initialement de la communication, de la mobilisation, du soutien aux familles des combattants tombés au champ d’honneur, de reconstruire les maisons et bâtiments endommagés dans les bombardements. Ce réseau d’institutions civiles formera alors ce qu’on appelle communément « Hezbollah ». Les Brigades libanaises de résistance à l’occupation israélienne (BLROI) est une organisation paramilitaire créée par la RIL et placée sous son commandement en 1997, suite à une requête multiconfessionnelle qui avait été adressée au Hezbollah de permettre à des jeunes gens de confession non-chiite de se battre avec la RIL. 

En premier lieu, nous nous adressons aux familles des martyrs du front libanais, tant libanais que palestiniens. Nous nous adressons à elles et leur adressons nos bénédictions, pour les êtres chers et bien-aimés qui se retrouvent élevés au rang de martyrs. Comme nous leur adressons nos condoléances pour la perte à laquelle ces familles sont confrontées – la perte d’un père, d’un frère, d’un mari ou d’un fils. Je demande à Dieu Tout-Puissant d’accepter leur sacrifice.

Nos bénédictions et nos condoléances vont également à l’ensemble des familles des martyrs de la bande de Gaza et de Cisjordanie, partout où des martyrs sont morts lors de cette bataille, la bataille du Déluge d’al-Aqsa qui s’est étendue sur plus d’un front et à plus d’un niveau. 

Les martyrs… Je ne parlerai pas trop aujourd’hui des martyrs, car dans quelques jours nous célébrerons le jour du martyr et, si Dieu le veut, nous parlerons plus longuement d’eux. 

Tous les ans, le 11 novembre, le Hezbollah célèbre la « Journée du Martyr », qui rend hommage aux combattants de la RIL tombés au combat. C’est aussi l’occasion affichée de célébrer la mémoire d’autres martyrs d’autres causes ou d’autres organisations partageant des affinités avec le Hezbollah. 

(…)

Frères et sœurs, mon discours sera aujourd’hui centré sur les événements actuels, afin d’éclairer ce qui s’est passé, expliquer et définir notre position, délimiter les responsabilités et évoquer les différentes perspectives.

En ce qui concerne le contexte libanais, la solidarité nationale qui s’est manifestée, et de nombreux autres aspects, il faudra bien évidemment en discuter bientôt. 

Mais il faut tout d’abord saluer tous ceux qui ont affiché leur solidarité, ont manifesté, crié, soutenu [l’opération Déluge d’Al-Aqsa]. Partout, que ce soit dans les pays arabes, musulmans, latino-américains, tous les peuples et toutes les origines partisanes. Nous devons accorder un salut particulier aux forces irakiennes et yéménites qui se sont lancées dans de cette bataille bénie. 

Frères et sœurs, comment en sommes-nous arrivés là ? Quel est le contexte du 7 octobre et de l’Opération Déluge d’Al-Aqsa ? Je vais aborder évidemment ces questions, que l’on doit rappeler pour éclairer, à partir d’elles, notre position.

Les souffrances qu’endure le peuple palestinien depuis plus de 75 ans sont connues du monde entier. Je n’ai pas besoin de revenir dessus, vous connaissez tous ce sujet. Mais les conditions de vie ont été particulièrement dures en Palestine au cours de ces dernières années, surtout depuis l’avènement de ce gouvernement extrêmiste, insensé, stupide et violent. 

Le chef du Hezbollah, Sayyed Hassan Nasrallah, s’exprime par liaison vidéo lors d’une cérémonie marquant le quatrième anniversaire de l’assassinat du général Qassem Soleimani, de la force Quds de l’Iran, qui a été tué lors d’une attaque de drone américain à Bagdad, dans la banlieue sud de Beyrouth, au Liban, mercredi 3 janvier 2024. © AP Photo/Hassan Ammar

Quatre éléments se sont révélés pressants. 

Le premier d’entre eux est le dossier des prisonniers. Des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants palestiniens croupissent dans les geôles israéliennes, certains depuis de nombreuses années. Certains sont malades, en danger de mort, sans que personne ne fasse quoi que ce soit à ce sujet. Ce gouvernement extrémiste et ce [Premier] ministre imbécile ont aggravé la situation des prisonniers et de leurs familles (…). 

Deuxième élément : le dossier de Jérusalem et de la mosquée Al-Aqsa. A aucun moment, depuis l’occupation de Jérusalem en 1967, nous n’avons connu des événements similaires à ceux des derniers mois, plus particulièrement des semaines ayant précédé l’Opération Déluge d’Al-Aqsa. 

Troisième élément : le siège de Gaza. Depuis près de 20 ans, plus de deux millions de personnes vivent à l’étroit, subissent un siège étouffant, endurent des conditions de vie épouvantables sans que quiconque ne réagisse. 

Quatrième élément : les dangers qui ont commencé à menacer la Cisjordanie à travers de nouveaux projets d’implantation de colonies, là encore menés par ce gouvernement extrémiste, irresponsable et idiot. Ils sont venus s’additionner aux meurtres quotidiens, aux arrestations quotidiennes, aux démolitions de maisons. 

Ces quatre éléments pesaient lourdement sur les Palestiniens et sur les mouvements de résistance en Palestine. Les Nations unies, le Conseil de Sécurité, l’Organisation de la coopération islamique, la Ligue arabe, l’Union européenne, toutes les organisations internationales connues… Personne ne s’en préoccupait. Au contraire, la cause palestinienne était oubliée. Ce qui se passe en Palestine a été relégué au dernier rang des préoccupations internationales. En retour, la politique de l’ennemi s’est durcie, a gagné en arrogance, tyrannie, mépris, corruption, injustice, oppression et humiliation. 

Il fallait donc un événement majeur pour ébranler cette entité usurpatrice et despotique ainsi que ses soutiens arrogants, notamment à Washington et à Londres. Un événement à même de replacer l’ensemble de ces problématiques humanitaires, mais aussi la question de la Palestine occupée, de son peuple opprimé et assiégé et de ses lieux saints menacés, au cœur de l’agenda mondial. 

L’opération combative majeure a eu lieu le 7 octobre. Il s’agit de l’Opération Déluge d’Al-Aqsa, menée par les combattants des brigades Izz al-Din al-Qassam et à laquelle a participé le reste des factions de la Résistance dans la bande de Gaza. 

Voilà pour le contexte, qui était mon premier point. 

Deuxième point. Cette vaste opération, cette opération bénie, a été le fruit d’une décision à 100 % palestinienne, tout comme sa mise en œuvre. Ceux qui l’ont organisée l’ont fait en la cachant de tous, même des autres factions de résistance à Gaza et du reste des pays et des mouvements de l’Axe de la Résistance. 

Par Axe de la Résistance, Nasrallah désigne l’alliance entre les régimes moyen-orientaux et les groupes d’action militaire alliés contre Israël. Dans son affirmation que la « décision de l’attaque et la mise en œuvre de celle-ci sont à 100 % palestiniennes », Nasrallah est minimaliste, habilement subtil. Il esquive ici tout ce qui est relatif à la préparation de l’opération et à l’ajustement une fois dans l’action : conseil, formation, réflexions stratégique et tactique, financement, armement, coordination avec d’autres acteurs qui pourraient intervenir en soutien. Autant de composantes qui ont pu être conduites avec d’autres acteurs — à commencer par la Résistance islamique au Liban, les Pasdaran iraniens, les Houthis yéménites, diverses factions armées irakiennes. 

C’est ce secret absolu qui a assuré le succès éclatant de l’opération, grâce à l’effet de surprise. Contrairement à ce que certains pensent — vous savez que certains s’immiscent dans la guerre en cours pour décourager, alimenter la déception comme la discorde —, cette discrétion n’a absolument froissé personne au sein des mouvements de résistance et de l’Axe de la Résistance. Au contraire, nous l’avons tous saluée, car cette discrétion était une condition nécessaire au succès de l’opération. Elle n’a eu aucun impact négatif sur les décisions des organisations ou mouvements de l’Axe de la Résistance. Bien au contraire, cet accomplissement de nos frères du Hamas a prouvé et confirmé la véritable nature de la bataille et des objectifs à atteindre. Il a empêché les ennemis et les malhonnêtes de falsifier, de déformer les faits, en particulier ceux qui parlent des accointances entretenues par les factions de la Résistance palestinienne dans la région, généralement au Liban, en Palestine et ailleurs. 

Habituellement, lorsque survient une confrontation armée, les mêmes s’empressent de vous parler du dossier nucléaire iranien, des négociations irano-européennes, des négociations irano-américaines, des objectifs iraniens dans la région. Ils s’empressent de détourner la question, en utilisant le mensonge, la tromperie et la falsification.

Décidée par les Palestiniens et conduite par eux sans que personne ne soit au courant, la bataille du Déluge d’Al-Aqsa prouve que la lutte est entièrement palestinienne. Elle est au service de la Palestine, du peuple palestinien et des problèmes qu’il rencontre, et n’a aucun rapport avec quelque dossier régional ou international que ce soit. L’événement confirme la véracité́ des propos que nous tenons à nos amis comme à nos ennemis depuis des années. Certains ne peuvent comprendre cette réalité : les décisions des mouvements de résistance appartiennent aux dirigeants des mouvements de résistance. Depuis l’imam Khomeini jusqu’à Son Éminence l’imam Khamenei, la République islamique d’Iran soutient publiquement les mouvements de résistance au Liban, en Palestine et dans la région, mais elle n’exerce aucune forme de tutelle sur eux, leurs dirigeants ou les décisions de ceux-ci. 

Les événements passés et actuels confirment cela, et quiconque veut comprendre ce qui se passe aujourd’hui et pourrait se passer demain doit comprendre que les véritables décideurs sont les dirigeants de la Résistance, les membres de la Résistance et les combattants qui servent leurs objectifs et leur cause. 

Hassan Nasrallah insiste sur le fait que l’Iran n’exercerait pas de tutelle sur les mouvements de résistance arabes. Une affirmation qui est régulièrement rejetée en Occident, des organisations comme le Hezbollah, le Hamas ou certaines factions irakiennes étant fréquemment présentées comme autant d’acteurs agissant en proxys dociles de Téhéran, n’ayant pas d’autre agenda voire raison d’être que de servir les intérêts régionaux de l’Iran. En réalité, la relation existante entre diverses forces armées moyen-orientales et le régime iranien sont complexes, et n’ont pas toujours été de la même nature voire de la même intensité dans le temps. 

Dans le cas du Hezbollah libanais, la véritable coopération se fait moins avec les institutions présidentielles ou gouvernementales iraniennes qu’avec le Guide de la Révolution (Ali Khamenei) et les Pasdaran. La relation avec le Guide, qualifiée par les experts de Wilayat al-Faqih (savamment traduite par le « Gouvernement du Jurisconsulte »), ne fonctionne en réalité que dans des cas particuliers, et reste assez souple en pratique. Elle se traduit le plus souvent par des « bons pour accord » délivrés par le Guide, à la demande du Hezbollah. Cela est le cas par exemple lorsqu’un vote au sein de la direction du parti ne détermine pas de majorité, l’arbitration du Guide peut ainsi être sollicitée. Les situations les plus contraignantes concernent les cas où la RIL souhaiterait mener des opérations militaires, notamment contre Israël, qui pourraient avoir des retombées sur les intérêts iraniens régionaux ou internationaux. Un feu vert du Guide est dans ce type de cas nécessaire. Pour le reste, notamment pour tout ce qui concerne la gestion de la politique intérieure libanaise, la direction du Hezbollah jouit d’une marge de manœuvre confortable.

La nature du lien aux Pasdaran a quant à elle beaucoup évolué. À la création de la RIL, à l’été 1982, les Pasdaran ont enseigné aux premières cohortes de celle-ci l’art de la guerre et du combat. Les années 1990 ont vu ces liens se distendre, pour reprendre réellement avec l’aggravation de la guerre civile en Syrie, au début des années 2010. Pasdaran et RIL ont complexifié depuis leurs relations, dans un travail à la complémentarité renforcée.

Frères et sœurs, 

Voilà le troisième point : les répercussions de la guerre. Vous avez tous suivi de près ce qui s’est passé sur le terrain, et je n’ai pas besoin d’expliquer ce qui est arrivé le 7 octobre. Nous l’avons tous vu, sur les écrans, à la télévision. Cela a été une réalisation héroïque, courageuse, créative, précise, grandiose. Nous la saluons tous. 

À quoi a abouti cette grande opération ?

Cela a engendré un séisme au niveau de l’Entité israélienne, un séisme sécuritaire, militaire, politique, psychologique et moral. 

« Entité israélienne », et plus souvent encore « Entité sioniste », sont les termes habituellement utilisés, dans le vocabulaire du Hezbollah et des acteurs politiques anti-sionistes, pour désigner Israël. Le terme « entité » sert ici à contourner celui d’« État », qui sonnerait dans son utilisation comme une reconnaissance de celui-ci et de sa légitimité. 

L’opération du 7 octobre a eu des conséquences et des répercussions stratégiques, mais aussi existentielles. Elle laissera des traces dans l’Entité israélienne, dans le présent comme dans le futur. Peu importe ce que le gouvernement de l’ennemi fait, ce qu’il a fait lors du mois passé et ce qu’il fera lors des jours et semaines à venir, il ne pourra jamais changer les effets et les répercutions stratégiques, historiques de l’Opération Déluge d’Al-Aqsa sur l’Entité israélienne et sur l’avenir du conflit qui y a lieu. 

L’Opération Déluge d’Al-Aqsa a révélé de nombreuses choses que nous devons tous garder à l’esprit et prendre en considération. Pas maintenant, bien entendu, mais il faudra plus tard parler des effets et des conséquences : les répercussions les plus marquantes de l’opération nécessitent d’attendre un autre moment, d’autres détails. Mais le point le plus important qu’elle a révélé pour l’instant est la faiblesse et la fragilité de l’Entité israélienne. Elle est en vérité plus fragile qu’une toile d’araignée

Comparer la force de l’armée israélienne à celle d’une « toile d’araignée » relève d’un trope classique du discours de Nasrallah. Celui-ci a initialement utilisé la formulation en 2000, à la fin de l’occupation israélienne du Liban. La formulation veut renvoyer à la crainte que l’armée israélienne a inspirée des décennies durant aux populations arabes du Moyen-Orient, et à la réputation qu’elle avait d’être invincible — jusqu’à sa défaite et son retrait du Liban. Nasrallah avait alors expliqué que loin d’abandonner l’idée de combattre un Israël perçu comme impossible à défaire, les populations arabes devaient prendre exemple sur la RIL, organisation paramilitaire aux moyens limités et pourtant victorieuse.

La formule fait désormais partie intégrante du jargon du secrétaire général du Hezbollah. Des hymnes, chansons, poèmes la reprennent depuis des années.

J’ai lu dans certains médias israéliens que les Israéliens eux-mêmes commencent à réaliser plus que quiconque qu’Israël est plus fragile qu’une toile d’araignée. 

C’est un fait qu’a prouvé l’Opération Déluge d’Al-Aqsa. L’Administration américaine, avec son Président, ses ministres et ses généraux, s’est empressée de soutenir cette entité secouée et tremblante, dans le but de lui permettre de reprendre son souffle. De retrouver ses esprits. De se relever. De reprendre l’initiative – ce qu’elle n’a toujours pas réussi à faire. Et de lui apporter protection et soutien sous toutes les formes. 

Cet épisode, comme la rapidité avec laquelle les États-Unis sont intervenus au chevet d’Israël, ont révélé la fragilité, la faiblesse et l’échec de cette Entité. Imaginez un peu : aux premiers jours de l’Opération Déluge d’Al-Aqsa, afin de faire face à une bande de Gaza assiégée, le gouvernement de l’ennemi a eu besoin que la flotte américaine vienne en Méditerranée pour le soutenir moralement et militairement. La flotte américaine ! [Israéliens, ] Elle est où, votre armée ? Elles sont où, vos forces aériennes ? Vos forces navales ? Où est l’Israël qui se vante d’être l’armée la plus puissante de la région ? 

(…)

Le point suivant est que tous ces effets, toutes ces conséquences, toutes ces répercussions doivent être expliqués et exposés, afin que nous sachions tous que les sacrifices que font actuellement Gaza, la Cisjordanie et tous les autres fronts, ne sont pas vains. Oui, ces réussites, ces résultats et ces répercussions méritent tous ces sacrifices, car ils ont permis d’entrer dans une nouvelle phase du conflit avec l’ennemi. Une phase historique inédite du destin du peuple palestinien, du destin des peuples et des pays de la région. C’est ce qui s’est passé lors de l’Opération Déluge d’Al-Aqsa. Pour cela, tous ces sacrifices sont mérités. Il n’y a pas d’autre choix. L’autre option signifie de choisir le silence, l’attente, l’attente de la mort, l’attente de la disparition de la Cisjordanie, de la disparition d’Al-Aqsa, l’attente d’un renforcement du blocus, de la mort des prisonniers. Le choix que nous avons fait est au final le bon, il est sain, juste, sage, courageux et nécessaire. Il a été fait au bon moment et mérite tous ces sacrifices. 

Des partisans du groupe Hezbollah, soutenu par l’Iran, écoutent un discours du chef du Hezbollah, Sayyed Hassan Nasrallah, via un lien vidéo, lors d’une cérémonie marquant la « Journée du martyr du Hezbollah », dans la banlieue sud de Beyrouth, à Dahiyeh, au Liban, le samedi 11 novembre 2023. © AP Photo/Hassan Ammar

Mais encore  : comment l’ennemi a-t-il réagi à l’événement du 7 octobre et à l’Opération Déluge d’Al- Aqsa ? Dès les premières heures du conflit, il était clair que l’ennemi était hagard, désorienté car – comme vous le savez – il y avait eu une fête, ce samedi-là, et la nuit précédente. C’était donc le bon moment pour la Résistance : tous semblaient dormir, après avoir passé la nuit à s’enivrer et à festoyer. Pas uniquement dans l’enveloppe de Gaza, mais également à Tel Aviv et à Jérusalem. Il a fallu en effet plusieurs heures avant que Netanyahou et Gallant ne fassent leur apparition. 

Lorsque les Israéliens sont allés reprendre le contrôle des colonies de l’enveloppe de Gaza des mains des résistants palestiniens, ils étaient à la fois interpelés, dans un état de folie, de désarroi, de colère. Une colère mêlée à la folie. C’est pour cela que ce sont eux qui ont commis des massacres contre les colons israéliens, et non le Hamas et les autres factions de la Résistance. Des voix, des articles et des enquêtes commencent à émerger au sein de l’Entité israélienne qui le prouvent. Bientôt, lorsque sera retombée la poussière de la guerre et que commencera le travail des commissions d’enquête, le monde découvrira que la plupart de ceux présentés comme des civils tués par le Hamas ou par les Palestiniens ont été tués par des armes, des balles, des bombardements et des missiles de l’armée israélienne qui agissait avec colère, folie et désarroi. 

Face à Gaza, face au désastre que l’ennemi a connu, il apparaît que les gouvernements de l’ennemi israélien ne tirent absolument aucune leçon de leurs expériences. Nous entendons en permanence dire qu’Israël prend en compte ses déboires, mène des enquêtes et retient des leçons. Ce n’est pas ce qui ressort aujourd’hui. Il ne semble pas qu’ils tirent leçon de leurs expériences, notamment de leurs guerres avec les mouvements de résistance au Liban et en Palestine. C’est une évidence : ce qui se passe aujourd’hui a déjà eu lieu au Liban en juillet 2006 et lors des guerres répétées avec Gaza, avec des différences en quantité et en qualité, mais pour autant, ces similarités sont de la même nature et de la même essence.

L’une des plus importantes erreurs commises lors des guerres précédentes, et que continue à commettre aujourd’hui le gouvernement ennemi, réside dans ses objectifs. Cette erreur consiste à déterminer des objectifs trop ambitieux pour être atteints. A titre d’exemple, [les Israéliens] ont déclaré que l’objectif était « d’éliminer le Hamas dans la bande de Gaza », l’intégralité du Hamas. A d’autres moments, ils ont finalement parlé de « renverser le gouvernement du Hamas », puis « d’éliminer la direction du Hamas » ou encore de « détruire la branche militaire du Hamas ». Mais il leur arrive encore de parler d’éliminer le Hamas : une personne sensée, saine d’esprit, peut-elle se fixer un pareil objectif ? 

Ensuite, lorsqu’ils ont pris conscience de la situation et ont entendu les revendications des familles de prisonniers, ils se sont fixé un autre objectif, celui de récupérer leurs prisonniers auprès de la Résistance et des factions de la Résistance sans aucune condition. Je demande à quiconque ayant une longue et vaste expérience des factions de la Résistance, j’entends depuis le début des mouvements de résistance palestiniens et libanais à nos jours : Y a-t-il déjà eu un jour où un Israélien a pu libérer ses prisonniers sans échange ni négociation ? Cette Entité israélienne ne profite pas de ses expériences : ce qui s’est passé au Liban en 2006 est la même chose. Après l’opération des deux prisonniers [de 2006 au Liban, NDT], [Israël] est arrivé et a déclaré que l’objectif de la guerre était d’éliminer le Hezbollah, d’écraser le Hezbollah. Bien entendu, il avait avec lui les États-Unis, l’Occident, les pays arabes… L’objectif était d’écraser le Hezbollah au Liban et de récupérer les deux prisonniers sans aucune négociation ni échange. [Les Israéliens] se sont battus pour cela pendant 33 jours. Ils n’ont pu ni écraser le Hezbollah, ni récupérer leurs prisonniers.

La même chose est en train d’arriver aujourd’hui à Gaza, avec bien sûr une différence fondamentale, qui se situe au niveau de l’ampleur des crimes, massacres, tueries et actes d’extermination qui ont été perpétrés lors de la Guerre de Juillet [2006, ndt]. Plus de 150 000 maisons avaient été partiellement ou intégralement détruites. [On a décompté] des milliers de martyrs. Mais, au bout du compte, le peuple libanais a tenu bon. La Résistance, sur le front, a tenu bon. L’ennemi a été contraint à s’arrêter et à renoncer à ses objectifs. 

L’armée israélienne avait promis au début du conflit à la fois à sa société et à la communauté internationale que le Hezbollah serait exterminé « en une semaine ». La résolution 1701 est votée par le Conseil de Sécurité des Nations Unis le 11 août, recommandant, sans préciser de date, une fin des hostilités. En d’autres termes, le CSNU — sur demande américaine — entend laisser à Israël le choix de l’arrêt de la guerre. L’armée israélienne non seulement n’a alors réalisé aucun des objectifs annoncés, mais son pilonnage massif du Sud-Liban n’a toujours pas réussi à faire baisser le nombre de roquettes tirées tous les jours, au contraire plus nombreuses, sur le nord d’Israël. Le 12 août, Israël lance une invasion terrestre de grande envergure contre le Liban : 40 000 soldats israéliens prennent pied au Sud-Liban. Face à eux, 5 000 combattants de la RIL les attendent, cachés dans des tunnels. Moins de 72 heures plus tard, l’armée israélienne rappelle ses troupes et décide un cessez-le-feu, le 14 août. 

Aujourd’hui, ce qui se passe en Palestine, ce qui se passe dans la bande de Gaza, est illustratif de la stupidité, de la folie et de l’impuissance des Israéliens. Car que font-ils ? Ils tuent les habitants de Gaza, des femmes et des enfants. La plupart des martyrs sont des femmes et des enfants. La plupart, l’écrasante majorité des martyrs sont des civils. Ils détruisent des églises, des mosquées, des hôpitaux, des écoles. Ils ne respectent rien, ni le sang des personnes, ni les institutions de la bande de Gaza. Ils détruisent des immeubles habités. Ils détruisent des quartiers entiers. Sous les yeux du monde. Cela nécessite-t-il les forces aériennes les plus puissantes de la région ? Cela nécessite-t-il une armée forte dans la région ? 

(…) 

Frères et sœurs, point suivant. Ce qui se passe dans la bande de Gaza et dont le monde est témoin nous révèle une fois encore en premier lieu la nature sauvage et barbare de cette entité, Israël, entité usurpatrice que [les Occidentaux] ont implantée dans notre région, en Palestine, sur la base de la néfaste déclaration Balfour [promesse faite en 1917 par le gouvernement britannique au mouvement sioniste de créer un «foyer national juif» en Palestine, NDT], qui été commémorée hier. Depuis 75 ans, elle embrase de son feu et ses guerres les peuples de la région, au premier rang desquels le peuple palestinien, ainsi que l’Égypte, la Jordanie, la Syrie, le Liban – toute la région. Aujourd’hui encore, et malgré toutes ces années où on a essayé de dire aux peuples arabes, au monde musulman et à tous les peuples du monde, que [Israël] était un État démocratique, un État aux valeurs humanistes, un État moral, un État de droit, un État respectant le droit international. 

Aujourd’hui, les martyrs de Gaza, les enfants de Gaza, les femmes de Gaza, les opprimés de Gaza et de tous les massacres passés, révèlent la vérité qui se cache derrière ces mensonges auxquels ont contribué les politiques et les médias internationaux et arabes pour tromper nos peuples et les forcer au silence ou à la normalisation avec cette entité. 

En deuxième lieu, ce qui se passe dans la bande de Gaza révèle la responsabilité directe des États-Unis dans tous ces meurtres, ces massacres, cette barbarie. Voilà l’hypocrisie américaine. Au premier jour, Biden a dit : « Nous avons demandé [aux Israéliens] de prêter attention au droit international. Vous [les Israéliens] avez le droit de vous défendre mais faites attention aux civils ». Discours creux, hypocrite. Voilà 30 jours que Gaza est broyée devant les yeux de la société internationale, des pays du monde, des pays occidentaux qui exaltent les valeurs humanistes et les droits de l’Homme. Ils invoquent des prétextes fallacieux, selon lesquels le Hamas aurait décapité des enfants, mais n’ont pu fournir la moindre preuve. En revanche, ils gardent le silence sur les milliers d’enfants décapités dans la bande de Gaza, démembrés dans la bande de Gaza. Voilà la vérité sur les États-Unis, la vérité sur l’Occident, la vérité sur la communauté internationale, la vérité sur ce que l’on appelle le droit international – et la loi de la jungle qui régit ce monde. 

(…) 

Ce qui se passe aujourd’hui à Gaza n’est pas une guerre comme les autres, ce n’est pas un événement comme les autres, ce n’est pas une bataille comme les autres. C’est une bataille cruciale, décisive, historique. Il y aura un avant et un après. Cela nous oblige, tous, à assumer nos responsabilités. Pour assumer nos responsabilités, nous devons définir des objectifs proches, en direction desquels nous devons tous oeuvrer. Je pense qu’ils sont au nombre de deux. 

Le premier objectif, pour lequel nous devons travailler jour et nuit, est de mettre fin à l’agression contre la bande de Gaza, de mettre fin à la guerre contre la bande de Gaza. 

Le deuxième objectif est que Gaza soit victorieuse, que la Résistance palestinienne soit victorieuse à Gaza et plus précisément que le Hamas soit victorieux à Gaza. Il faut garder ces objectifs en tête, et oeuvrer en leur faveur.

Le premier objectif, mettre un terme à la guerre et à l’agression, est motivé par des considérations humanistes, morales, religieuses et légalistes. Elles ne sont pas discutables. Quant au deuxième objectif, frères et soeurs, vous tous qui écoutez, il est dans l’intérêt de tous. Il est évidemment en premier lieu dans l’intérêt du peuple palestinien, dans l’intérêt de tout le peuple palestinien. 

Certains manipulent la vérité, distordent les faits. On vous dit : « La victoire de Gaza est la victoire de l’Iran. Disons les choses comme elles sont, la victoire de Gaza est la victoire des Frères musulmans dans la région ». On vous trompe, on vous mystifie. La victoire de Gaza est la victoire du peuple palestinien. C’est la victoire des prisonniers en Palestine, la victoire de la Cisjordanie, de la bande de Gaza, de Jérusalem, de la mosquée Al-Aqsa, de l’église du Saint-Sépulcre. C’est également la victoire de tous les peuples et pays de la région, en particulier des pays voisins. 

Je n’ai pas ici le temps de l’expliquer en détail, mais il suffit de garder cela à l’esprit : la victoire de Gaza aujourd’hui est également dans l’intérêt national égyptien. La victoire de Gaza aujourd’hui est dans l’intérêt national jordanien. La victoire de Gaza aujourd’hui est dans l’intérêt national syrien. Et avant tout, la victoire de Gaza aujourd’hui est dans l’intérêt national libanais. 

(…) 

Ainsi, frères et soeurs, nous avons tous des responsabilités. Dans le monde entier, chaque personne libre, chaque personne digne doit assumer ses responsabilités. Les pays et les gouvernements arabes et musulmans doivent consacrer tous leurs efforts pour a minima mettre un terme à l’agression contre Gaza. Si vous ne voulez pas œuvrer en faveur du deuxième objectif, vous devez vous mobiliser pour le premier, pour arrêter l’agression. Votre religion, votre humanité, votre morale, et votre conscience vous l’imposent. 

Les dénonciations et les condamnations ne suffisent pas. Rompez les relations [diplomatiques], rappelez les ambassadeurs. Les paroles ne suffisent pas si en même temps, on envoie du pétrole à Israël, du gaz à Israël, de la nourriture à Israël. Au cours des guerres passées, le discours adressé aux pays arabes et musulmans était : « Privez les États-Unis de pétrole ». Il est bien malheureux de constater qu’aujourd’hui nous en sommes réduits à rêver en demandant aux pays arabes et musulmans : « Privez Israël de pétrole. Privez Israël de nourriture. Arrêtez d’exportez ce que vous exportez vers Israël ». 

J’ai lu que certains Israéliens se moquent des pays arabes. En disant : « 22 régimes, 22 pays arabes. Et pour autant, ils sont incapables d’évacuer le moindre patient blessé de Gaza, ni même de faire entrer le moindre camion d’aide à Gaza ». L’impuissance arabe a-t-elle atteint ce niveau ? 

Dans leurs appels, les frères de Gaza disent aux pays arabes : « Nous ne réclamons par une intervention de vos armées, ni vos armes, ni vos missiles. Mais n’avez-vous pas assez de force pour ouvrir le check-point de Rafah ? Pour forcer l’entrée des secours et l’évacuation des blessés ? » Ne peuvent-ils pas aller au check-point de Rafah, ces rois, ces présidents, ces ministres, ces oulémas, les élites des mondes arabe et musulman ? Et l’occuper avec leurs femmes et leurs enfants, tout près des femmes et des enfants de Gaza ? Et transformer la frontière à Rafah en une tribune à partir de laquelle ils s’adresseraient au monde entier, à leur peuple et rappelleraient à tous leurs responsabilités ? 

En tout cas, il faut tenir ce discours. Je ne veux pas aller jusqu’à parler de trahison, ni même employer des termes offensants, car cela ne sert à rien. Il faut seulement garder espoir et continuer à appeler, réclamer, convaincre, et dénoncer les responsabilités. Peut-être qu’alors, à un moment donné, ici s’éveillera la conscience et là-bas l’honneur. 

Quant aux mouvements de résistance – et j’arrive là à mon dernier point, que tout le monde attend, la Résistance islamique en Irak a commencé à passer aux choses sérieuses et a annoncé qu’elle pourrait passer à une nouvelle phase.

Les frères du Yémen, les honorables frères du Yémen, l’armée yéménite, le mouvement Ansar Allah, le peuple yéménite, également. Le peuple patient, opprimé, résistant, engagé dans le combat, a déjà pris de nombreuses initiatives, publiquement et officiellement, en dépit de toutes les menaces américaines, occidentales et étrangères. Les Yéménites ont envoyé leurs missiles et leurs drones qui, même s’ils ont été abattus, finiront par toucher leurs cibles. Ils finiront par atteindre Eilat, le sud de la Palestine, les bases militaires israéliennes occupant le sud de la Palestine. Nous les saluons et leur exprimons toute notre estime. 

Pour ce qui est de notre front libanais, nous sommes entrés dans la bataille le 8 octobre. Je dis cela car certains disent : « Le Sayyid [titre de Hassan Nasrallah, ndt] va annoncer l’entrée en guerre ». Non, nous sommes entrés en guerre le 8 octobre. La Résistance islamique au Liban a commencé́ ses opérations dès le deuxième jour du Déluge d’Al-Aqsa. En toute honnêteté et à juste titre, nous n’étions pas au courant et ne l’avons appris que le samedi, comme le reste du monde. Nous sommes alors passés rapidement d’une étape à l’autre. Le deuxième jour, les opérations ont débuté dans la zone des fermes de Chebaa et des collines de Kfar Chouba [zone frontalière, en territoire libanais, occupée par Israël, ndt]. Elles se sont ensuite étendues à l’ensemble de la frontière entre le Liban et la Palestine occupée. Vous avez suivi de près et continuez à suivre quotidiennement l’actualité des opérations. 

Ce qui se passe sur notre front est très important et très impactant. Pour ceux qui attendent ou réclament que le Hezbollah entre au plus vite dans une guerre complète et totale contre l’ennemi peuvent considérer que ce qui se passe à la frontière est insignifiant. Mais, si nous regardons de manière objective ce qui se passe à la frontière, on en comprend l’ampleur, l’importance et l’influence. Bien évidemment, cela ne sera pas suffisant.

Ce qui se passe sur notre front libanais est sans précédent dans l’histoire de l’Entité israélienne, depuis 1948, depuis qu’il y a des sites militaires israéliens à la frontière avec le Liban, depuis qu’il y a des colons et des occupants dans le nord de la Palestine occupée à la frontière avec le Liban. Ce qui se passe depuis le 8 octobre ne s’était encore jamais produit, même lors de la guerre de Juillet [2006]. 

[C’est une première] que tous les sites militaires israéliens, de la mer jusqu’aux hauteurs des fermes de Chebaa et des collines de Kfar Chouba, soient exposés à d’intenses offensives quotidiennes, qui les prennent pour cibles, qui prennent pour cibles avec différentes armes les chars, les véhicules, les drones, les soldats et leurs unités, leurs équipements qui sont leurs yeux et oreilles. 

Depuis le 8 octobre, la Résistance islamique au Liban s’est engagée dans une véritable bataille, dont l’ampleur ne peut être saisie que par ceux qui sont présents dans la zone frontalière, combattants et habitants. Une véritable bataille qui diffère de toutes celles qu’a menées la Résistance au Liban, que ce soit avant 2000 [année de libération du Liban-Sud de 22 d’occupation israélienne, NDT], en 2006 ou bien après. C’est une bataille d’un autre genre, que ce soit par ses circonstances, ses justifications, ses motivations, ses instruments, ses objectifs ou encore ses opérations. C’est pour cela que s’y est présentée cette cohorte de potentiels martyrs, courageux et prêts pour le sacrifice, qui ont insisté pour rester en première ligne. 

Le samedi 7 octobre, soit juste après le déclenchement de l’Opération Déluge d’Al-Aqsa, l’ennemi a commencé à retirer ses forces régulières de la frontière. Permettez-moi de revenir brièvement sur ce que cette opération a jusqu’à maintenant permis. Lorsque l’on parle des martyrs du front libanais, on parle d’environ 57 martyrs comprenant les martyrs des Brigades de la Résistance libanaise [BLROI, NDT], les martyrs des brigades Al- Qassam, les martyrs des brigades al-Qods au Liban ainsi que les martyrs civils. Lorsque l’on regarde ces martyrs, il faut se demander : « Ce sang, qu’a-t-il fait ? Qu’a-t-il accompli ? » C’est très important de le savoir, pour que nous sachions comment aller jusqu’au bout. 

Premièrement, le samedi 7 octobre, l’ennemi a commencé à retirer ses forces de la frontière avec le Liban. Il était dans un état d’effondrement moral et voulait rassembler ses forces, faire appel aux réservistes pour les envoyer à Gaza. Rendez-vous compte, l’ennemi voulait envoyer toute son armée contre Gaza, la bande de Gaza assiégée, avec son territoire si limité. L’ennemi voulait retirer ses forces de Cisjordanie, du nord de la Palestine et les remplacer par des réservistes. Cela est peut-être déjà arrivé une ou deux fois dans l’histoire de l’Entité israélienne. 

Les opérations se sont intensifiées jour après jour, et ont obligé́ l’ennemi à maintenir ses forces à la frontière et dans le nord de la Palestine occupée, et à renforcer même certaines unités, notamment les unités d’élite qu’il voulait déplacer de la Cisjordanie à Gaza : elles ont été envoyées dans le nord de la Palestine occupée. 

Par conséquent, je peux avancer que le front libanais a permis de retenir et d’attirer vers nous une grande partie des forces qui étaient destinées à attaquer Gaza. Et, oui, nous en sommes là. Nous nous exposons au danger, c’est vrai. Certains disent au Liban que nous prenons des risques, c’est également vrai. Mais cette prise de risque est calculée, elle est utile et correcte. 

Écoutez, mes frères, si notre position se cantonnait à afficher politiquement notre solidarité, à tenir des discours et à manifester tous les jours, et que les Israéliens ne se préoccupaient pas de leur frontière nord, toutes leurs forces iraient à Gaza, et une partie d’elles en Cisjordanie. Mais qu’a fait le front du Liban ? J’ai les chiffres précis du nombre de forces, de véhicules, de divisions, de brigades… mais cela nécessite des explications et des données précises et j’ai demandé aux frères [combattanst de la RIL, NDT] une estimation adéquate, formulée en des termes simples. 

Premièrement, aujourd’hui, le front du Liban a pu attirer un tiers de l’armée israélienne à la frontière avec le Liban. Un tiers de l’armée israélienne est en ce moment présent face à ces combattants qui se battent à la frontière. Une partie significative de ces forces sont des forces d’élite et des forces régulières, qui auraient pu se rendre à Gaza. 

Deuxièmement, la moitié des capacités navales israéliennes se trouvent désormais en Méditerranée, face à nous [Liban] et face à Haïfa. 

Troisièmement, un quart des forces aériennes sont déployées vers le Liban. 

Quatrièmement, environ la moitié de la défense antimissile israélienne, c’est-à-dire le Dôme de fer, les missiles Patriot et autres, est orientée vers le front du Liban. Environ un tiers de la logistique des forces est mobilisée vers le Liban. 

Un garçon brandit une pancarte montrant le portrait du général Qassem Soleimani de la force Quds de l’Iran, en bas, alors qu’il assiste à une cérémonie marquant le quatrième anniversaire de l’assassinat de Soleimani, dans la banlieue sud de Beyrouth, au Liban, le mercredi 3 janvier 2024. Les portraits du haut montrent le défunt commandant militaire du Hezbollah Imad Mughniyeh, à droite, le dirigeant assassiné du Hezbollah Cheikh Abbas al-Moussawi, deuxième à droite, Abu Mahdi al-Muhandis, commandant adjoint des milices soutenues par l’Iran en Irak et connues sous le nom de Forces de mobilisation populaire, au centre, et le général Qassem Soleimani de la Force Quds de l’Iran, assassiné, à gauche. © AP Photo/Hassan Ammar

Voilà des résultats concrets. Ils sont corrects et précis. Bien sûr, les frères [combattants] pourront plus tard donner les chiffres exacts. Mais je voulais vous communiquer des ordres de grandeur. 

Deuxièmement, le déplacement de dizaines de milliers d’habitants [Israéliens] des colonies et l’évacuation de milliers d’autres, c’est-à-dire ceux partis d’eux-mêmes et les autres évacués par le gouvernement et par l’armée israélienne. Dans le nord, 43 colonies ont été évacuées, et [les Israéliens] qui se trouvent désormais dans les colonies sont principalement des soldats et non des civils. Au sud, face à Gaza, 58 colonies ont été évacuées. Les personnes qui ont été évacuées du nord et du sud exercent une forte pression en termes de psychologie, de moral, de finances, et d’économie [sur leur gouvernement]. Le ministre des Finances israélien s’en alarme, et cela contribue à exercer une forte pression. 

Troisièmement, et c’est le plus important. Ces opérations à la frontière et dans les fermes de Chebaa ont engendré un climat d’inquiétude, d’attente, de panique et de peur chez les dirigeants politiques et militaires de l’ennemi, ainsi que chez les Américains dont nous parlerons ensuite. L’inquiétude quant à la possibilité que ce front conduise à une escalade supplémentaire ou à une guerre totale, l’inquiétude que ce front ne dégénère en guerre à grande échelle, est une possibilité réaliste, il est possible que cela se produise. L’ennemi doit en tenir compte et il le fait déjà. Les Israéliens en ont parlé, cela entre dans leur ligne de compte et nous le voyons clairement dans l’ensemble des messages américains, français, européens, occidentaux et même arabes qui nous parviennent tous les jours depuis le 7 octobre. 

Ce résultat, la création d’un climat d’inquiétude, d’incertitude et de panique chez les dirigeants de l’ennemi, est au service de deux objectifs fondamentaux majeurs : 

Le premier est que l’ennemi fasse très attention aux mesures qu’il prend à l’encontre du Liban. Nous parlons ici de dissuasion, nous parlons ici de la véritable peur des Israéliens. Si une seule opération, parmi celles qui ont été menées le mois précédent, avait ciblé une position israélienne, un char israélien, un groupement israélien à la frontière, l’ennemi n’aurait pas été en mesure de le tolérer. Aujourd’hui, il tolère tout cela et se retient parce qu’il craint réellement que les choses ne se passent pas comme il le souhaiterait. 

(…)

Le deuxième est que l’ennemi prenne en compte ces opérations, cette inquiétude et cette incertitude lorsqu’il attaque Gaza, en particulier lors des opérations terrestres. 

Voilà donc les objectifs, voilà les résultats obtenus aujourd’hui par les affrontements dans le Sud-Liban et par le sang des martyrs, en plus de l’ampleur des pertes humaines et matérielles endurées par l’ennemi au cours des dernières semaines. 

(…) 

Nous arrivons au point crucial. Le monde doit savoir. Ce front, nous le tenons depuis des semaines malgré les pressions, les négociations, les menaces. Dès le premier jour, on nous a même dit  : « Si vous déclenchez des opérations dans le Sud-Liban, si vous ouvrez un front dans le Sud, la flotte américaine est là pour [agir contre] vous, et les avions américains vous bombarderont ». Voilà exactement ce que l’on nous a dit, le dimanche 8 octobre, et ce que l’on nous a ensuite répété au cours des jours suivants. Lorsque des groupes palestiniens du Hamas et du Jihad islamique ont traversé la frontière libanaise pour entrer en Palestine occupée, durant la première opération, la menace d’un bombardement par les avions américains nous est également parvenue. Un deuxième groupe est entré [en territoire occupé], puis un troisième groupe est entré et, si Dieu le veut, d’autres groupes entrerons eux-aussi. 

Cette menace n’a absolument pas modifié notre position, C’est pourquoi nous avons commencé à oeuvrer sur ce front. Le cas de ce front, les possibilités d’escalade et d’évolution dans une direction ou dans une autre dépendent de deux choses fondamentales  : 

La première chose est la suite et l’évolution des événements à Gaza. Ce front [libanais] est un front de solidarité, c’est un front de soutien à Gaza. Pour cela, le front se développe et évolue au rythme des événements qui s’y déroulent, à la lumière de leur nature, mais également des menaces et des changements. 

La deuxième chose qui régit notre front libanais est le comportement de l’ennemi sioniste à l’égard du Liban, et là encore je le mets en garde contre son obstination à frapper certains civils, en ayant tué plusieurs. Cela nous ramènera à une confrontation entre civils [en référence à l’accord de 1996, supra — NDT]. Quoi qu’il en soit, le comportement de l’ennemi détermine également l’évolution de notre front. 

Je vous le dis en toute transparence, honnêteté et clarté, mais aussi avec une forme d’ambiguïté, une ambiguïté stratégique : toutes les possibilités sont envisageable sur le front libanais. Toutes les options sont sur le tapis, et nous pouvons prendre n’importe quelle décision à n’importe quel moment. Nous devons tous être préparés à toutes les possibilités et scénarios à venir. Et je dis aux Américains : Les menaces et les intimidations que vous nous adressez et que vous adressez aux résistants de la région ne sont d’aucune utilité. Elles n’ont de prise ni sur les mouvements, ni sur les pays de la Résistance. 

(…) 

Si les politiques américaines et occidentales cherchent à empêcher l’extension régionale du conflit, alors elles ne doivent pas prendre le chemin de la menace et de l’intimidation à l’encontre des honorables résistants venus à la défense des opprimés et des lieux saints. Elles ne peuvent que prendre le chemin de la termination de l’agression contre Gaza. 

Ceci est Israël, c’est votre outil, votre soldat, votre serviteur. Israël est sous votre tutelle. Vous, les Américains, vous pouvez mettre un terme à l’agression contre Gaza parce qu’il s’agit de votre agression. Quiconque veut empêcher une guerre régionale, et je m’adresse aux Américains, doit s’empresser de mettre un terme à l’agression contre Gaza. Et vous, les Américains, vous savez parfaitement que si la guerre éclate dans la région, vos navires ne seront d’aucune utilité. Les raids aériens ne seront d’aucune utilité. Ce seront vos intérêts, vos soldats et vos navires qui payeront en premier lieu le prix de la guerre, qui en seront les principales victimes. 

(…) 

La bataille est donc une bataille de persévérance, de patience, d’endurance, d’accomplissement et d’accumulation de succès, de victoires contre l’ennemi, de résistance contre les objectifs de l’ennemi. C’est ainsi que nous triompherons. Je leur redis, nous devons tous oeuvrer pour stopper l’agression contre Gaza, nous devons tous oeuvrer pour que triomphe Gaza et pour que triomphe la Résistance à Gaza.

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