Femmes en lutte

Narges Mohammadi : « la torture blanche », un inédit de la Prix Nobel de la Paix 2023

Narges Mohammadi, prix Nobel de la Paix, n'a cessé de souffrir dans les prisons du régime iranien.
Dans ce texte inédit en français, elle décrit ce monde carcéral, absurde et violent.
Un témoignage essentiel, à lire absolument.

Auteur
Le Grand Continent
Trad.
Sorour Kasmaï
Image
© Vahid Salemi/AP/SIPA

Pour ses combats, Narges Mohammadi, prix Nobel de la Paix, est en prison. Cela fait vingt ans qu’elle est régulièrement enfermée dans les geôles du régime qu’elle combat. Nous publions pour la première fois en français des extraits de son texte fondamental, préface à son livre Chekandjé-yé Séfid (La Torture Blanche), et qui revient sur son expérience des prisons iraniennes, celle d’un monde de trois pas sur trois dans lequel tout est fait pour briser les corps et les âmes. Après sa lettre inédite depuis la prison des femmes, nous proposons un nouveau texte pour comprendre son combat, sa force.

2001

L’arrestation de mon époux, Taghi Rahmani, le 28 février 2001 aux côtés des membres du « Mouvement pour la Liberté » et des « National-religieux », marque le point de départ de mes activités contre les agissements illégaux du pouvoir judiciaire et des Gardiens de la révolution (pasdarans) en Iran. À cette occasion, j’ai rejoint les familles des détenus qui organisaient des rassemblements devant le Palais de Justice, le Parlement, les bureaux de l’ONU à Téhéran, et prenaient la parole dans les médias nationaux et internationaux, s’adressant aux divers responsables. Suite à ces faits, j’ai été rapidement convoquée à la 26ème chambre du Tribunal de la Révolution sous la direction de Hassan Zaré et interrogée par un membre des pasdarans au sujet des interview que j’avais accordés à la presse écrite. J’ai été ensuite conduite à la 26ème chambre où l’ordre de mon arrestation a été prononcé. Le juge en était absent, mais son remplaçant s’est chargé de la paperasserie. Le responsable du bureau a contacté ensuite le juge pour qu’il vienne signer l’ordre de ma détention. Il a mis une heure à arriver. Il a finalement signé le document sans m’adresser la moindre parole ni me poser de question.

L’interrogateur m’a fait ensuite sortir du bureau et monter à bord d’une Peugeot. L’ordre m’a été donné de baisser la tête. Nous avons quitté le Tribunal de la Révolution par une sortie dérobée. Nous avons traversé plusieurs rues, franchi un portail et roulé encore une longue distance. Le vacarme des rues s’était sensiblement éloigné. Je sentais avoir pénétré une lointaine forteresse. Ils m’ont mis un bandeau sur les yeux avant de me faire descendre de la voiture. J’ai pénétré le quartier de détention et regagné une toute petite cellule d’isolement. C’était la première fois que je mettais les pieds dans une cellule. Quel étrange endroit ! Une espèce de cube sans fenêtre ni issue vers l’extérieur. Une minuscule lucarne s’ouvrait vers le ciel, mais il était si haut sous le plafond que la lumière n’y passait presque pas. Une petite ampoule de 100 watt nichée en hauteur dans le creux du mur ne s’éteignait jamais.

J’avais entendu dire que dans la cellule de Hoda Saber un puissant projecteur restait nuit et jour allumé. J’avais entendu dire que les dimensions des cellules correspondaient à ceux d’un être humain aux bras déployés. J’avais entendu dire que le silence absolu régnait dans le quartier d’isolement. Que la porte de la cellule ne s’ouvrait que trois ou quatre fois par jour pour les ablutions et les besoins intimes.

Je repassais en revue ce que j’avais entendu en matière de torture psychologique et des techniques de lavage de cerveau. A présent, j’expérimentais personnellement ce que j’avais lu ou entendu et sentais l’effroi prendre racine en moi quant à ce qui allait m’arriver. J’ignorais où je me trouvais et quel traitement j’allais subir. L’incertitude qui planait et surtout la peur de l’avenir, agissaient en moi tel un poison mortel. Je me demandais comment peut-on traiter une personne de la sorte. Que devient alors le droit de respirer, de marcher, d’aller librement au cabinet ou à la douche, d’entendre la voix d’un autre être humain et converser avec lui ?  La privation de mes droits les plus élémentaires était plus pénible encore que de penser aux chefs d’accusation, au procès et à la condamnation qui m’attendaient.

[…]

Les jours ne passaient pas. Le temps était figé. Je n’avais pas de montre. Mon unique repère était l’appel à la prière que diffusaient les haut-parleurs trois fois par jour. La largeur de la cellule n’excédait pas les trois pas. Aller et venir dans un espace aussi exigu me donnait le tournis. Mais avais-je le choix ? Lorsque je restais assise pendant une longue durée, j’avais l’impression que les murs se rapprochaient. Le soir, avant de me coucher, je chantais des airs joyeux. Je répétais les leçons de chant de l’époque où je fréquentais l’Université. Le gardien ouvrait à chaque fois la porte me proférant l’ordre de ne pas chanter, que ma voix était trop forte. Alors je fredonnais en murmurant. En l’absence de toute autre voix, m’entendre chanter m’était étrange. Un jour, alors que j’étais en train de prier, le gardien a brusquement ouvert la porte. Il a bien vu que je ne portais pas de manteau ni de foulard, il a fait une pause, puis m’a fait interrompre ma prière pour m’emmener à l’interrogatoire.

[…]

2010

Ali et Kiana avaient trois ans et demi. Kiana venait d’être opérée. Nous l’avions emmenée à l’hôpital pour faire examiner les plaies formées sur son abdomen. Nous étions de retour vers dix heures du soir. Je m’affairais à mettre les enfants au lit lorsqu’on a sonné à la porte. J’ai aperçu des forces de l’ordre dans la cour. Quelques-uns sont montés pour perquisitionner l’appartement. C’était l’heure d’aller au lit pour les enfants. Ils pleuraient. Ali avait l’habitude de s’endormir sur mes genoux. Je l’ai fait dormir sur mes genoux et j’ai pris Kiana dans mes bras. Elle était fiévreuse. Elle ne s’endormait pas. Agitée, anxieuse, elle s’accrochait à mon cou, ne quittant pas du regard les hommes qui fouillaient la maison. L’heure de mon départ a sonné. Ma séparation avec Kiana est l’un des évènements les plus douloureux de ma vie. Kiana pleurait dans les bras de Taghi et répétait : « Maman, ne pars pas ! » Les agents postés en haut des escaliers me pressaient : « Dépêche-toi ! Allez !… » J’étais descendue jusqu’au milieu de l’escalier lorsque j’entendis la voix fluette et larmoyante de Kiana me dire : « Maman, embrasse-moi ! » J’ai regardé l’agent. « Vas-y ! » acquiesça-t-il. Je suis remontée en courant et l’ai embrassée de toutes mes forces. Elle était fiévreuse et j’étais anéantie par cette séparation. Je suis redescendue les escaliers à bout de force. Je priais le ciel pour ne pas trembler. Lorsqu’ils ont claqué la porte dans mon dos, j’y ai laissé mon cœur avant d’embarquer dans leur voiture.

Il était minuit passé. La ville était calme et silencieuse. Notre voiture et celle qui nous précédait roulaient à toute vitesse en direction de la prison d’Evine. La porte de fer s’est ouverte lourdement et j’ai été livrée aux autorités de la section 209 du ministère des Renseignements. Ils m’ont mise aussitôt un bandeau sur les yeux. Nous sommes entrés dans la section. Ils ont écarté le rideau sale qui pendait à l’entrée pour me laisser passer. La gardienne m’a réceptionnée. Elle m’a conduite dans une cellule et m’a ordonné de me déshabiller. « Comment ça ? rétorquai-je. J’enlève même le linge du corps ? – Absolument, répondit-elle. » Nous nous sommes disputées, mais c’était une femme dure qui connaissait son affaire, alors elle m’y a obligée malgré mes protestations. Dès mon arrivée, j’étais choquée par ce comportement éhonté ainsi que par la grossièreté et l’impudence de ces gardiennes. Elles l’exprimaient sans honte et s’en vantaient ensuite avec fierté comme s’il s’agissait d’une prouesse remarquable. Elles m’ont remis un ensemble synthétique composé d’un manteau et d’un pantalon de couleur bleu marine. Je l’ai refusé en rétorquant que j’exigeais des vêtements confortables. « Tu n’as pas le choix », m’ont-elles répondu en y ajoutant un foulard noir aux fleurs blanches, un bandeau pour les yeux et un tchador. Une fois habillée de ces nippes, j’ai été emmenée directement à l’interrogatoire.

Deux hommes m’y attendaient : l’un assis au bureau en face de moi, l’autre posté derrière mon dos. Ils se sont mis à me poser des questions sans queue ni tête. J’ai refusé d’y répondre. Je ne connaissais pas encore mes chefs d’accusation. L’agent qui se tenait en retrait m’accusait d’attentat à la pudeur. Il a commencé à discourir de manière décousue parlant de la présence des prostituées et l’insécurité ambiante dans des lieux publics tels que les parcs et les jardins avant d’évoquer l’« Association des défenseurs des doits humains » et mon rôle en son sein. Ses accusations mensongères m’ont fait perdre mon sang froid. Je me suis levée brusquement en me tournant vers lui. « N’avez-vous pas honte, m’écriai-je, d’arrêter une femme en pleine nuit chez elle, de l’arracher à ses jeunes enfants en présence de son mari, de l’interroger à cette heure tardive et de lui coller en plus des accusations calomnieuses ? » Ma voix portait. Il s’est mis à son tour à hurler et proférer des menaces. « J’obtiendrai une peine d’un an rien que pour ce que tu viens de faire », me lança-t-il. J’ai attrapé une feuille A4 sur le bureau et me suis mise à rédiger une plainte contre lui. Il est sorti pour revenir quelques minutes plus tard avec également une feuille à la main : il venait à son tour de rédiger une plainte contre moi pour m’être retournée et avoir regardé son visage. L’autre interrogateur se mit à m’accuser d’intelligence avec des services américains et britanniques. « Au lieu de m’informer des vrais chefs d’accusation qui pèsent contre moi, vous avez le culot de me coller des étiquettes improbables et m’imposer un interrogatoire par écrit. Je dois d’abord connaître ce dont je suis accusée pour décider ensuite si je dois répondre à vos questions ou pas. » Notre dispute a duré des heures. Finalement ils ont fini par me renvoyer dans ma cellule.

[…]

Mon séjour en cellule d’isolement en 2010 était radicalement différent de celui de 2001 à Eshratabad. A présent j’étais mère et mes enfants se trouvaient en bas âge. Je leur donnais à manger, les mettais au lit, leur apportais du réconfort, les amenais au cabinet, leur donnais leur bain, leur racontais des contes, jouais avec eux, etc. Tout ceci avait soudainement disparu de ma vie. Comme si je n’étais plus moi-même. Comment accepter l’absence d’Ali et Kiana dans mes bras ? C’était insupportable. Comme si j’avais perdu tout ce que je possédais, même l’usage de mes mains et mes jambes. Les interrogatoires se déroulaient dans des conditions très difficiles. On m’avait clairement laissé entendre que je ne sortirai de la cellule si et seulement si je reconnaissais les faits mensongers qu’ils me reprochaient et si j’acceptais de collaborer.

[…]

Un jour, j’ai eu droit à une orange. Je me suis arrangée à la consommer quartier par quartier, pour la faire durer le plus longtemps possible. Je l’ai épluchée d’une seule traite, à l’instar du globe terrestre. Kiana signifie l’essence de la nature, et cette orange évoquait pour moi l’essence de la vie. Je la faisais tourner et priais pour ma petite Kiana qui venait d’être opérée. Lors de mes interrogatoires, il m’arrivait de dire qu’Ali et Kiana me manquaient beaucoup. Un jour ils m’ont fait descendre de deux étages par le monte-charge. « Le maître est là ! » dit l’interrogateur. J’ai pénétré une pièce où étaient installés des caméras et des projecteurs. Je n’ai pas caché mon étonnement. Un homme de grande taille, dans la fleur de l’âge, en costume de ville, s’y trouvait. Si je l’avais rencontré ailleurs, je n’aurais jamais soupçonné son métier. Je crois qu’il méritait vraiment le titre de « maître » en la matière.  Son visage était figé et sans expression. Lorsque je lui ai dit que j’étais une mère et que mes enfants se trouvaient en bas âge, il m’a rétorqué sèchement : « Et les mères de Gaza, ne sont-elles pas des mères ? » Cette réponse m’a fait comprendre qu’il était endoctriné et qu’il serait inutile de discuter avec lui. 

[…]

Une nuit, j’ai été amenée chez l’interrogateur. « Prépare-toi, me dit-il, car demain tu vas annoncer face aux caméras ton départ de l’ « Association » et ton repentir pour tes agissements passés ». J’ai refusé fermement, mais de retour dans la cellule, je ruisselais de sueur. Lors de ces confrontations, je déployais toute mes forces pour maîtriser mes nerfs et rester calme, mais ce n’était pas facile de se montrer impassible. J’avais parfois l’impression qu’une fois le seuil de la section 209 franchi, la morale était bafouée, la conscience humaine tombée dans l’oubli et l’humanité reniée. Les responsables n’ont rien à faire de ta personnalité. Ce qui leur importe, c’est de fabriquer un individu selon les critères qui servent leur projet. J’étais persuadée que mon interrogateur ne me considérait pas comme un agent étranger, pourtant il continuait à insister pour que je reconnaisse l’intelligence de l’ « Association des défenseurs des droits humains » avec les puissances occidentales, ce qui me peinait terriblement.

[…]

Dans mon cas, ils savaient que j’étais une mère privée de ses enfants, qu’ils me manquaient atrocement, alors ils consacraient une partie des interrogatoires aux nouvelles les concernant. Un jour, l’interrogateur est arrivé en m’annonçant : « Tes enfants ont quitté la maison ! – Comment ça ? m’écriai-je en me levant. Pour aller où ? – Ils ont quitté Téhéran pour la ville de Ghazvin. Ils vont rejoindre ta belle-mère. » À cet instant-là, mes larmes se sont mises à couler en pensant qu’Ali et Kiana ne dormiraient plus dans leur lit, ne joueraient plus dans leur chambre où leurs jouets étaient abandonnés. L’interrogateur est sorti en me laissant seule. J’étais figée sur ma chaise. Je me sentais très mal. Soudain je me suis levée et sans tapis de prière et malgré un mal de tête insupportable, je me suis mise à prier. Dieu ce jour-là fut le témoin de ma douleur. 

La maladie

[…]

À vrai dire, qui pourrait penser que le fait d’être privé de soleil ou de sensation que provoque la brise sur la peau ou dans les cheveux, ou encore le fait d’entendre un son ou bien une voix rompant le silence peut impacter la volonté de se battre et surtout de résister ? Surtout comment un militant chevronné pourrait dans des conditions normales de vie s’imaginer que la privation des choses sans importance du quotidien qui en temps normal n’attirent aucunement son attention pourrait provoquer l’hésitation ou la déstabilisation ou encore le découragement chez un individu enthousiaste et hyperactif. La baisse d’activité physique pourrait provoquer le doute ou le découragement chez l’individu.

Les conditions créées par la cellule individuelle et les interrogatoires déclenchent un mécanisme qui, en supprimant les gestes élémentaires du quotidien et en établissant la pression mentale, réussissent à mettre en question les choses importantes et essentielles, celles qui sont en rapport avec l’identité du prisonnier. Par conséquent, d’après les psychologues, une partie non négligeable de l’esprit humain, de sa pensée et de tout son être se fissure à cause de la torture blanche exercée par la cellule.

[…] 

2012

Cette fois aussi, la cellule et l’enfermement provoquaient en moi les mêmes effets que les deux fois précédentes. Lorsque la porte de fer de la cellule a claqué dans mon dos, le monde s’est assombri à mes yeux. C’était ma troisième expérience. L’ambiance de la 209 m’était à présent familière, mais l’émotion que je ressentais n’avait pas changé. J’éprouvais comme une force centrifuge qui tendait à tout prix de m’éloigner de la cellule, l’envie d’être catapultée n’importe où ailleurs. J’évitais de penser à mes enfants Ali et Kiana. J’étais impatiente et émue. Lorsqu’inconsciemment leurs noms retentissaient dans ma tête, je me levais et me mettais à courir. Je sentais qu’en restant assise, je pourrais fondre de chagrin. J’étais sûre qu’ils passaient des jours difficiles. Je priais Dieu pour qu’il m’efface de leur cœur et de leur esprit. Je priais pour qu’ils ne prononcent pas le mot « maman ». Moi qui passais tout mon temps en leur compagnie, j’appréhendais à présent leur souvenir, leur image, même leur nom.

Lors de ma première incarcération à Eshratabad, je me mettais farouchement en cause. Je me reprochais de ne pas être assez solide dans mes convictions, sinon je n’aurais pas eu autant de difficultés. Je me disais parfois que ce qui posait problème, c’était que j’étais quelqu’un de sociable, qui aime la compagnie des gens, qui aime rire et passer du bon temps. Si je m’étais contentée de ma solitude, de rester blottie chez moi sans sortir, j’aurais moins de difficulté à supporter la cellule d’isolement. Je culpabilisais en mettant la difficulté de supporter l’isolement sur le dos de mon caractère, mes goûts personnels, mon penchant pour le plaisir et la fête, même si je n’éprouvais aucun regret ou repentir quant à mes convictions personnelles ou mes positions politiques. 

Pendant ma deuxième et troisième incarcération, les conditions étaient les mêmes et j’éprouvais la même horreur de la cellule, mais je culpabilisais moins. La deuxième fois que j’ai été libérée de prison, j’ai consulté un psychothérapeute, auteur d’un important article publié dans la revue Aftab, au sujet de la torture blanche et de la cellule d’isolement. Il m’a expliqué qu’il fallait distinguer la question des convictions avec celle de l’endurance physique et des problèmes de santé. Selon lui, la réaction des gens face à la torture blanche et la cellule d’isolement dépendait de leurs caractères. C’est la raison pour laquelle je culpabilisais un peu moins. Malgré cela, j’éprouvais une forte résistance à mes conditions d’incarcération en cellule d’isolement qui ne s’expliquait pas uniquement par la science et la psychanalyse.

[…]

Les marques de mes plaies datant de la cellule d’isolement sont toujours ouvertes. Elles s’infectent parfois, provoquent une sensation de brûlure, mais font surtout courir l’effroi dans mes veines. Ces plaies ouvertes restent pourtant invisibles.

Crédits
Extraits de Narges Mohammadi, Shekandjey-é sefid, éditions Baran, Suède, 2020.
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