L’année 2023 marque le trentième anniversaire des accords d’Oslo qui avaient ouvert d’immenses espoirs de paix au Proche-Orient. Trois décennies plus tard, ces espoirs se sont envolés. Plusieurs guerres ont opposé Israéliens et Palestiniens, une barrière — qui prend la forme d’un mur par endroits — a été érigée entre Israël et les territoires palestiniens, la colonisation s’est développée, le Hamas a pris le pouvoir à Gaza, l’Autorité palestinienne semble incapable de se réformer, et en Israël — où l’extrême-droite est arrivée en force au gouvernement fin 2022 — la démocratie est malmenée.

Après les printemps arabes de 2010-2011, la cause palestinienne est passée à l’arrière-plan. Le Moyen-Orient a été secoué par des affrontements bien plus meurtriers que le conflit israélo-palestinien, à commencer par la guerre civile syrienne. Avec l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche, les perspectives de paix n’ont pas disparu de la région, mais la donne a changé : en 2020, les Palestiniens sont ainsi apparus comme les grands oubliés des Accords d’Abraham signés entre Israël et plusieurs pays arabes (Émirats arabes unis, Bahreïn, Soudan et Maroc).

Après les printemps arabes de 2010-2011, la cause palestinienne est passée à l’arrière-plan.

Marc Hecker et Samuel Ghiles-Meilhac

En décembre 2022, le ministre des Affaires étrangères d’Arabie saoudite a laissé comprendre que son pays ne rejoindrait pas ces accords tant qu’un État palestinien ne serait pas créé1. Quelques jours plus tard, Benyamin Netanyahu a accordé un long entretien à Al-Arabiya dans lequel il a pris le contre-pied de Woodrow Wilson qui promouvait des « conventions de paix ouvertes, préparées au grand jour » (« open covenants of peace, openly arrived at »). Le Premier ministre israélien s’est au contraire déclaré favorable aux « conventions de paix ouvertes, négociées secrètement ou discrètement », sous-entendant que des surprises pourraient encore arriver2.

En 1993 aussi, les négociations se déroulèrent secrètement avant d’aboutir à la célèbre poignée de main entre Yasser Arafat et Yitzhak Rabin. L’effet de surprise, voire de sidération, en fut d’autant plus grand, y compris chez des acteurs très engagés pour l’une ou l’autre des parties. C’est ce que montre cet article, en analysant des archives jusqu’alors inexploitées du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif). Au cours des années 1970 et 1980, cet organisme cherchait à tout prix à freiner le processus de légitimation de l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP) qu’il considérait comme un groupe terroriste3. Au moment du processus d’Oslo, les dirigeants du Crif ont effectué un revirement complet. Ils ont été mis devant le fait accompli lorsqu’ils ont appris, par voie de presse, que les négociations israélo-palestiniennes étaient sur le point d’aboutir. Ils ont alors décidé de « changer de logiciel » et de ne plus considérer les Palestiniens comme des terroristes, mais comme des partenaires potentiels. En d’autres termes, ils sont passés brusquement d’une posture de combat à une logique de paix, et ont entamé un dialogue avec les défenseurs de la cause palestinienne en France.

Au moment du processus d’Oslo, les dirigeants du Crif ont effectué un revirement complet.

Marc Hecker et Samuel Ghiles-Meilhac

Le Crif au début du processus d’Oslo

À la fin de l’année 1992, François Mitterrand effectue un voyage officiel en Israël. Le président du Crif, Jean Kahn, fait partie de la délégation française. Il note que ce voyage contribue au réchauffement des relations franco-israéliennes et que le président de la République fait preuve d’une « grande fermeté » à l’égard des Palestiniens4. En avril 1993, Nicole Goldmann, membre du bureau exécutif du Crif, fait un point sur la situation en Israël lors d’une réunion de ce bureau. Elle observe que le bouclage des territoires palestiniens par l’armée israélienne a permis de faire baisser le nombre d’attentats, souligne que « le mythe du palestinien modéré s’est effondré »5 et évoque « l’impasse » des pourparlers israélo-palestiniens. Tout laisse à penser que le Crif n’est alors pas au courant du processus entamé à Oslo en janvier entre Yaïr Hirschfeld, Ron Pundak et des représentants palestiniens menés par Ahmed Qoreï. Le 6 juillet 1993, lors d’une réunion du comité directeur du Crif, un des membres de cette instance, Gérard Israël, fait le compte-rendu de la récente visite de Yitzhak Rabin en France  : « M. Rabin est optimiste quant aux résultats escomptés de la politique d’Israël axée sur l’établissement d’un gouvernement palestinien intérimaire, ce qui fut très bien reçu par tous ses interlocuteurs. Le refus des Palestiniens est mal compris et attribué à leurs dissensions internes. L’OLP est totalement marginalisée, même aux yeux des Européens. Rabin encourage la CEE à investir dans les territoires, afin de démontrer qu’on encouragera ainsi la paix. Le problème de Jérusalem sera traité en dernier lieu, et ne serait pas une pierre d’achoppement ». Les dirigeants du Crif sentent bien que la situation est en train d’évoluer mais sont loin d’imaginer que quelques semaines plus tard, Israéliens et Palestiniens signeront un accord historique.

Jean Kahn, président du Crif pendant le processus d’Oslo, photographié à Paris le 9 avril 1991. © Facelly/SIPA Press

La « situation en Israël » ne figure qu’en cinquième position de l’ordre du jour de la réunion du bureau exécutif du Crif du 6 septembre 1993. La poignée de main entre Yitzhak Rabin et Yasser Arafat n’a pas encore eu lieu, mais les célébrations de la gauche israélienne ont déjà commencé. Le 3 septembre, plusieurs milliers de manifestants sont venus soutenir le processus de paix à Tel Aviv. La ministre de l’éducation et de la culture, Shulamit Aloni, y a déclaré  : « Il n’y aura plus d’autre guerre. Nous allons signer la paix avec l’OLP et Arafat »6. Les membres du bureau exécutif du Crif sont pris de court. Gérard Israël reconnaît qu’il a toujours milité contre le dialogue avec Yasser Arafat et constate qu’il est « pris à contre-pied »7. Quant au président Jean Kahn, il affirme que « la communauté est en état de choc ». Henri Hajdenberg « regrette que lors de son passage à Paris [début septembre], Shimon Pérès n’ait pas rencontré le président du Crif ou le bureau exécutif, même un quart d’heure ». Le Crif se sent marginalisé et certains de ses membres ne sont pas en plein accord avec le gouvernement israélien de gauche. Roger Pinto rappelle néanmoins un « principe essentiel du Crif, à savoir son soutien sans limite au gouvernement israélien en place, malgré les divergences d’opinion ».

La « situation en Israël » ne figure qu’en cinquième position de l’ordre du jour de la réunion du bureau exécutif du Crif du 6 septembre 1993. La poignée de main entre Yitzhak Rabin et Yasser Arafat n’a pas encore eu lieu, mais les célébrations de la gauche israélienne ont déjà commencé.

Marc Hecker et Samuel Ghiles-Meilhac

Deux jours plus tard, le 8 septembre, a lieu une réunion du comité directeur du Crif. Cette fois-ci, les pourparlers israélo-palestiniens figurent en tête de l’ordre du jour. Yitzhak Eldan, ministre plénipotentiaire à l’ambassade d’Israël est invité à faire le point sur les négociations. Il le fait brièvement et termine son exposé par un appel au « soutien moral et économique massif » de la diaspora8. Trois membres du comité directeur — Maury Amar, Arié Bensehmoun et Francis Kalifat — font alors part du « grand désarroi qu’éprouvent un grand nombre de militants sionistes pour qui Arafat relève du grand banditisme ». Ils pensent que ces accords sont « dangereux pour la sécurité d’Israël » et qu’ils constituent une « trahison du mandat des électeurs ». Les autres membres se montrent, à des degrés divers, plus enthousiastes. Un projet de résolution est mis au vote. Il exprime l’« indéfectible soutien » du Crif à Israël et présente des félicitations à Yitzhak Rabin et Shimon Pérès pour « avoir suscité un immense espoir de paix en faisant une offre généreuse et courageuse de dialogue direct avec les dirigeants palestiniens ». Ce projet est approuvé par 18 voix pour, 2 contre et 5 abstentions.  

Le 9 septembre 1993, Jean Kahn écrit à Yitzhak Rabin, Shimon Pérès et Ezer Weizman à l’occasion de Rosh Hashana, le nouvel an juif. Il parle d’un « immense espoir » et espère que la nouvelle année apportera la paix à Israël. La lettre adressée à Shimon Pérès indique une proximité particulière entre les deux hommes. Elle se termine par la formule de politesse « Avec ma fidèle amitié ». Le ministre israélien des Affaires étrangères répond le 19 septembre — soit après la fameuse poignée de main de la Maison blanche. Il appelle le président du Crif par son prénom — « cher Jean » — et le remercie pour ses encouragements. « Le premier pas est désormais franchi, un travail considérable reste à faire jusqu’à la réalisation de nos aspirations à la paix », écrit-il. Pour exprimer plus concrètement le soutien du Crif au processus de paix, Jean Kahn projette d’organiser, à la fin du mois de septembre, un voyage au Proche-Orient en ne se limitant pas, comme pour les déplacements habituels du Crif, à Israël. Ce projet — qui consisterait à emmener des hommes politiques français en Israël, en Cisjordanie et en Jordanie — ne fait pas l’unanimité au sein du comité, même parmi les plus proches de la gauche israélienne. Ainsi, André Wormser croit « ce voyage tout à fait prématuré »9. « Il ne s’agit pas pour les Juifs de la diaspora d’agir comme si les Israéliens avaient une fois de plus remporté une victoire écrasante sur leurs ennemis », précise-t-il. Il évoque de possibles « faux pas » et assure que le travailliste Nissim Zvili l’a mis en garde contre d’éventuelles « fautes politiques » que pourrait commettre la communauté juive de France. Il entre également dans des considérations plus terre-à-terre  : les principaux dirigeants israéliens continuent de négocier en secret et ne pourraient « satisfaire les légitimes curiosités » des invités du Crif  ; le Crif ne saurait que faire à Jéricho « à une date où Arafat et la direction de l’OLP n’ont pas encore le droit de s’installer et où la confusion doit régner entre arabes et colons », etc. L’organisation du voyage se poursuit tout de même. Les modalités pratiques en sont discutées à la réunion du bureau exécutif du 20 septembre. À la même réunion, les membres du bureau débattent de l’opportunité d’inviter Leïla Shahid — représentante de l’OLP à Paris — à s’exprimer devant la Commission d’études politiques du Crif. Un vote est organisé. Sur 9 votants, 5 membres du bureau estiment qu’il faut recevoir Leïla Shahid, « à la condition expresse qu’elle en formule la demande »10. Les 4 autres votent contre. Le 21 septembre, Jean Kahn prend la décision de reporter le voyage en raison de l’indisponibilité d’Yitzhak Rabin et Shimon Pérès.

Le 9 septembre 1993, Jean Kahn écrit à Yitzhak Rabin, Shimon Pérès et Ezer Weizman à l’occasion de Rosh Hashana, le nouvel an juif. Il parle d’un « immense espoir » et espère que la nouvelle année apportera la paix à Israël.

Marc Hecker et Samuel Ghiles-Meilhac

Le Crif à la rencontre des Palestiniens

Le 18 octobre a lieu une nouvelle réunion du bureau exécutif. Une visite de Yasser Arafat à Paris est annoncée et Jean Kahn souhaite consulter les instances dirigeantes du Crif sur l’opportunité de le rencontrer. Le débat est vif. Henri Hajdenberg est réticent  : « Nous ne devons pas agir en citoyens israéliens mais français, et nous ne sommes pas les négociateurs. Il ne faut pas que nous servions de caution à Yasser Arafat »11. Hubert Heilbronn est plutôt favorable à une rencontre en tête à tête entre Jean Kahn et le chef de l’OLP, en « terrain neutre » à l’instar de l’ambassade du Maroc. Il ajoute toutefois  : « Et si nous rencontrons Arafat, pourquoi ne pas rencontrer Le Pen  ? Et puis Arafat a fait la paix avec Israël, pas avec les juifs ». La confusion règne. Henry Bulawko soutient que refuser cette rencontre reviendrait à « infliger un affront au gouvernement israélien ». En outre, il souligne de manière très pragmatique que si le Crif refusait de voir le chef de l’OLP, d’autres le feraient et le Crif passerait au second plan. Un vote est organisé. Sur 6 votants, 4 sont favorables à une rencontre et 2 s’y opposent.

À l’issue de la réunion du bureau exécutif, les pressions sur Jean Kahn s’accentuent. Il reçoit par un exemple un courrier, le 20 octobre, d’une dizaine de médecins membres du Corps sanitaire français pour Israël (COSAFI). La lettre se résume à deux phrases  : « Nous avons appris par un tract circulant à Paris votre intention de rencontrer le chef de l’organisation terroriste OLP Arafat. Le COSAFI se désolidarise totalement de votre initiative déplacée qui ne rapporte rien à la communauté juive et à Israël et vous demande de reconsidérer votre position ». Les pressions font effet. Le vendredi 22 octobre, Jean Kahn est invité au Quai d’Orsay pour participer au dîner donné par le ministre Alain Juppé en l’honneur de Yasser Arafat. Il fait savoir qu’il ne pourra être présent, « empêché par la célébration de la fête du chabbath et retenu en province de ce fait »12.

Yasser Arafat avec Jacques Chirac à Paris, le 21 octobre 1993 © Haley/Chesnot/Sipa

Si Jean Kahn ne rencontre pas Yasser Arafat, il a en revanche l’occasion d’échanger à plusieurs reprises avec la déléguée générale de Palestine en France, Leïla Shahid. C’est le cas notamment le 27 octobre, à l’occasion d’une soirée débat organisée par la Fédération protestante de France. Une semaine plus tôt, Leïla Shahid a été reçue pour la première fois par la commission d’études politiques du Crif. Le communiqué de presse publié à l’issue de cette réunion parle d’un « dialogue direct et ouvert »13, ce que confirme le compte-rendu détaillé de la rencontre14. Des points d’achoppement sont perceptibles comme l’attitude à adopter vis-à-vis du Hamas dont Leïla Shahid prend la défense bien qu’elle ne partage pas nombre de ses idées. Quelques jours plus tard, un compte-rendu de la rencontre avec la déléguée générale de la Palestine est fait au bureau exécutif du Crif15. Certains de ses membres, en particulier Francis Kalifat et Pierre Kauffmann, continuent de s’interroger sur l’opportunité de cette invitation. Jean Kahn répond qu’il a eu l’accord et même les encouragements de l’ambassade d’Israël qui considère que de telles rencontres « facilitent le processus de paix ». Il ajoute  : « Nous ne devons pas ramer à contre-courant. 65 % des Israéliens sont pour le processus de paix. En France, nous devons suivre ».

Si Jean Kahn ne rencontre pas Yasser Arafat, il a en revanche l’occasion d’échanger à plusieurs reprises avec la déléguée générale de Palestine en France, Leïla Shahid.

Marc Hecker et Samuel Ghiles-Meilhac

Dans les semaines qui suivent, Jean Kahn et ses proches collaborateurs s’affairent à l’organisation du voyage qui avait fait l’objet d’un report. Il n’est plus question d’emmener des hommes politiques français mais de permettre aux membres des instances dirigeantes du Crif d’échanger avec les acteurs du processus de paix. Le Crif a de nombreux contacts du côté israélien mais pas du côté arabe. Le début du séjour est prévu pour le 4 janvier 1994 mais à la mi-décembre 1993, aucun rendez-vous n’est encore fixé en Cisjordanie ou en Jordanie. Jean Kahn souhaite dialoguer avec le roi Hussein à Amman. Il appelle en personne l’ambassade de Jordanie à Paris16. Il téléphone aussi à la délégation générale de Palestine en France et demande à rencontrer trois personnalités palestiniennes  : Ahmed Tibi17, Ziad Abou Zayyad18 et Fayçal Husseini19. Dans les deux cas, on lui promet une réponse rapide. Le 27 décembre, soit une semaine avant le départ, les choses n’ont pas progressé. Le président du Crif écrit à la directrice de cette institution pour lui donner des instructions  : « Il faut absolument voir les Palestiniens. Le go between qui peut nous aider est Charles Enderlin [chef du bureau de France 2 à Jérusalem] »20. Puis  : « Veuillez insister auprès de l’ambassade de Jordanie sinon téléphonez à Gilbert Roos [consul honoraire d’Israël] qui avait organisé une rencontre avec le roi à Strasbourg par le biais de l’ambassadeur de Jordanie à Bruxelles ». Le 31 décembre, un « programme encore incomplet » est adressé aux participants au voyage. Des rencontres avec les plus hautes autorités israéliennes — président, Premier ministre, ministre des Affaires étrangères, etc. — sont prévues mais aucune personnalité palestinienne ou jordanienne n’est mentionnée. Finalement, le voyage a bien lieu du 4 au 9 septembre. Le Crif réussit à rencontrer quelques Palestiniens mais pas du niveau espéré. Le passage en Jordanie est quant à lui annulé, faute d’avoir réussi à obtenir un rendez-vous avec le roi Hussein.

Le temps des espoirs déçus

Les espoirs suscités par la poignée de main entre Yitzhak Rabin et Yasser Arafat sont rapidement assombris par la recrudescence de la violence. Le 25 février 1994, Baruch Goldstein, colon d’extrême-droite, tue 29 Palestiniens à Hébron. Le Crif agit rapidement pour faire en sorte que cet événement ne conduise pas le rapprochement israélo-palestinien dans une impasse. Il publie immédiatement un communiqué pour condamner « avec la plus grande vigueur » cette attaque. Jean Kahn adresse un télégramme à Dalil Boubakeur, recteur de l’institut musulman de la mosquée de Paris  : « Profondément bouleversés par le drame de Hébron et la profanation de ce lieu Saint. Le Crif exprime à nouveau son refus de la violence et vous assure de sa peine profonde, de son fraternel soutien »21. Le 1er mars, une délégation du Crif, conduite par son président, se rend à la mosquée de Paris pour exprimer la solidarité de la communauté juive envers la communauté musulmane22. Le 4 mars, Jean Kahn adresse un courrier à Leïla Shahid. Il qualifie l’« horrible tuerie de Hébron » d’« acte barbare » et renouvelle son soutien au processus de paix. Le 10 mars, il se rend à Jérusalem-est pour exprimer « l’émotion et la douleur de la communauté juive de France » à Hasan Tahboub, président du conseil suprême islamique23. Le 16 mars, il publie dans Le Monde une tribune intitulée « Anathèmes contre un massacre ». Il y qualifie Baruch Goldstein de « psychopathe solitaire ». Le 21 mars, Leïla Shahid répond à Jean Kahn, le remercie de son « soutien à la suite du massacre d’Hébron » mais lui fait remarquer que cette tuerie ne peut être résumée aux agissements d’un « psychopathe isolé »24. Le 29 mars, c’est au tour de Dalil Boubakeur d’écrire au président du Crif  : « Votre visite à la mosquée de Paris, après le terrible massacre d’Hébron nous a profondément touchés par la hauteur spirituelle, la sincérité et l’émotion qui se sont dégagées de notre rencontre. […] Dieu fasse que toutes nos futures rencontres restent à jamais marquées par les mêmes accents d’amitié, de fraternité et de solidarité dans la joie ou la douleur »25.

Les espoirs suscités par la poignée de main entre Yitzhak Rabin et Yasser Arafat sont rapidement assombris par la recrudescence de la violence. Le 25 février 1994, Baruch Goldstein, colon d’extrême-droite, tue 29 Palestiniens à Hébron.

Marc Hecker et Samuel Ghiles-Meilhac

Ces gestes et paroles d’amitié n’empêchent pas la situation au Proche-Orient de se dégrader. Le 6 avril 1994 a lieu l’attentat d’Affoula qui provoque la mort de 8 Israéliens, suivi d’une autre attaque presqu’aussi meurtrière la semaine suivante. Le Crif « s’indigne » du mutisme de Yasser Arafat et lui demande de prendre clairement position contre le terrorisme26. Le fil du dialogue israélo-palestinien n’est toutefois pas rompu. Les accords dits « du Caire » sont signés le 4 mai 1994. Jean Kahn se trouve alors à Jérusalem d’où il demande à la « diaspora, qui a toujours su se mobiliser pour un Israël en guerre » de se mobiliser « encore bien davantage pour un Israël en paix »27.

Le 25 juillet 1994, le roi Hussein et Yitzhak Rabin signent la « déclaration de Washington » qui ouvre la voie à l’accord de paix israélo-jordanien conclu trois mois plus tard. Jean Kahn adresse ses félicitations à Yitzhak Rabin qui lui répond que le soutien du Crif et de la diaspora est extrêmement important28. En octobre, une cérémonie est organisée en Israël pour la signature du traité de paix. Des représentants de la diaspora sont invités à cet événement mais les juifs de France sont « oubliés ». Jean Kahn adresse une lettre manuscrite à l’ambassadeur d’Israël en France, qu’il appelle par son prénom et tutoie. Il s’interroge  : « Ne reconnaîtrait-on pas l’engagement [des juifs de France], leur conviction, leur constante solidarité avec Israël, dans quelque domaine qu’il s’agisse  ? Ne connaît-on que les juifs américains […]  ? Ce n’est pas toi qui es en cause. C’est une certaine vision des priorités de la part des dirigeants israéliens. C’est dommage. Mais sache que cela ne limitera à aucun moment notre volonté d’aider Israël, aujourd’hui, demain, toujours »29.

Hussein de Jordanie, Bill Clinton et Yitzhak Rabin le 25 juillet 1994 à Washington pour la signature de la «  déclaration de Washington. © TRIPPETT/SIPA

Les dîners du Crif 1994 et 1995 reflètent les craintes grandissantes des dirigeants du Crif de voir le processus de paix vaciller. L’édition 1994 a lieu le 19 novembre 1994 soit une semaine après une attaque du Jihad islamique à Netzarim, un mois après l’explosion d’un bus à Tel-Aviv revendiquée par le Hamas et quatre mois après l’attentat contre le centre communautaire juif de Buenos Aires, non revendiqué mais sur lequel plane l’ombre du Hezbollah et de l’Iran. Dans son discours, Jean Kahn ne cache pas son inquiétude. L’ennemi désigné n’est plus l’OLP mais l’islamisme qui, selon le président du Crif, menacerait non seulement les juifs mais aussi « la communauté des musulmans de France, citoyens français ou non, dont [les islamistes] donnent une image effrayante et déformée »30. Le dîner du Crif 1995 a lieu deux semaines après l’assassinat de Yitzhak Rabin. Le Premier ministre israélien avait encore rencontré une délégation du Crif quelques mois plus tôt. Il avait notamment souligné que Jérusalem resterait « unie quoi qu’il arrive » et avait évoqué à mots couverts le rapprochement en cours avec la Syrie31. Lors du dîner du 18 novembre, le discours du nouveau président du Crif, Henri Hajdenberg est marqué par un hommage appuyé à Yitzhak Rabin dont il loue le « courage visionnaire extraordinaire » et par une dénonciation des terrorismes  : celui qui frappe régulièrement les Israéliens, celui qui ensanglante la France depuis l’été 1995 et celui de l’extrême droite israélienne qui conduit à l’assassinat d’un des principaux artisans de la paix. Quelques jours plus tôt, Henri Hajdenberg était encore en Israël où il s’était rendu pour assister aux obsèques du défunt Premier ministre. Il parle du « choc » qu’il a ressenti, de son « désarroi » et du « bouleversement de valeurs que l’on croyait solidement ancrées »32. L’esprit du temps n’est plus à la célébration de la paix mais à l’appréhension d’un nouvel embrasement au Proche-Orient.

Les dîners du Crif 1994 et 1995 reflètent les craintes grandissantes des dirigeants du Crif de voir le processus de paix vaciller.

Marc Hecker et Samuel Ghiles-Meilhac

La décision prise en 1993 par les instances dirigeantes du Crif de soutenir les négociations de paix ne constitue pas une simple parenthèse qui se referme avec la multiplication des attentats et l’assassinat de Yitzhak Rabin. Des changements structurels ont eu lieu et contribuent à expliquer pourquoi le Crif ne rebascule pas dans une logique de délégitimation de la cause palestinienne.

Le Crif face à l’OLP  : les raisons du revirement de 1993

Le premier facteur à considérer a trait à l’évolution générale de la politique internationale. Le contexte de la fin de la guerre froide concourt en effet au changement de cap du Crif. Les liens entre l’URSS et l’OLP sont aujourd’hui bien documentés33. Même si les relations palestino-soviétiques ont été mouvementées et complexes, il n’en demeure pas moins que l’URSS a fortement soutenu le Fatah de Yasser Arafat, tout comme d’autres groupes palestiniens34. L’OLP se considérait comme un mouvement révolutionnaire et associait le sionisme à l’impérialisme. Elle se situait clairement dans le camp de Moscou — où Yasser Arafat a été reçu dès 1968 — face aux États-Unis, alliés d’Israël. Avec la disparition de l’URSS en 1991, l’OLP perd donc un soutien important et se trouve affaiblie. La même année est marquée par la guerre du Golfe. L’organisation dirigée par Yasser Arafat prend la défense de Saddam Hussein dont l’armée tire plusieurs missiles sur l’État hébreu35. L’issue de cette guerre — une victoire écrasante de la coalition menée par les États-Unis — affaiblit davantage l’OLP. Le Crif est conscient de cette évolution générale de la politique internationale. Lors de la réunion du bureau exécutif du 6 septembre 199336, Manek Weintraub fait remarquer que « devant la faiblesse de l’OLP, Israël va négocier en position de force ». Deux jours plus tard, le comité directeur du Crif reçoit un diplomate israélien qui affirme qu’il faut « exploiter la faiblesse de l’OLP dans un contexte historique sans précédent »37.

Le contexte de la fin de la guerre froide concourt au changement de cap du Crif.

Marc Hecker et Samuel Ghiles-Meilhac

Un deuxième facteur à prendre en compte est l’évolution de l’OLP qui s’est considérablement transformée entre sa création en 1964 et la signature des accords d’Oslo moins de trente ans plus tard. En mai 1989, par exemple, lors de sa visite en France, Yasser Arafat a déclaré caduque la charte de l’OLP. Cette charte avait pour objectif la « libération » de toute la Palestine historique, ce qui revenait à remettre en cause l’existence de l’État d’Israël. Le Crif y était sensible et ne cessait de l’utiliser dans son combat contre la légitimation de l’OLP. Par exemple, le 3 avril 1989, un communiqué du Crif mettait en avant cette charte pour tenter d’empêcher la venue du chef de l’OLP à Paris  : « Malgré les multiples déclarations contradictoires de ses représentants, la charte de l’OLP réclame toujours la destruction de l’État d’Israël »38. Le message du Crif avait semble-t-il été entendu par certains hommes politiques français. Le 2 mai 1989, dans un courrier adressé au président du Crif, le Premier secrétaire du parti socialiste, Pierre Mauroy, explique qu’il a rencontré Yasser Arafat et lui a rappelé son « souci de voir disparaître la contradiction entre l’article 2 de la charte de l’OLP et les nouveaux principes affichés par le conseil national palestinien à Alger »39. Quatre ans plus tard, quelques jours avant la poignée de main entre Yasser Arafat et Yitzhak Rabin, a lieu une réunion du comité directeur du Crif. Trois membres de ce comité s’offusquent du fait que le gouvernement travailliste négocie avec une organisation adepte du terrorisme. Un diplomate israélien rétorque  : « l’OLP qui a accepté les conditions israéliennes est une OLP différente »40.

Un troisième facteur à prendre en considération est l’évolution de la position des autorités israéliennes. Le Crif a notamment pour objectif de défendre Israël41 et ses dirigeants n’ont de cesse d’exprimer leur soutien à cet État, quel que soit son gouvernement. Aussi, à partir du moment où le gouvernement israélien a choisi de considérer l’OLP comme un interlocuteur légitime, le Crif pouvait difficilement remettre en cause cette décision. Une minorité, au sein des instances dirigeantes du Crif, était farouchement opposée au gouvernement travailliste qui a négocié les accords d’Oslo. Mais les autres membres de ces instances n’ont pas manqué de leur rappeler le principe du soutien inconditionnel à l’État hébreu. La meilleure illustration en est la réunion du bureau exécutif du 6 septembre 1993. Les dirigeants du Crif se rendent alors compte qu’ils ont été pris de court par les responsables politiques israéliens. Certains émettent des doutes sur l’option choisie par les travaillistes au pouvoir. Roger Pinto coupe court aux discussions en rappelant que le Crif a pour ligne de défendre tout gouvernement israélien. À la fin de réunion, une motion de soutien à Israël est adoptée par 6 voix contre 1.

Une minorité, au sein des instances dirigeantes du Crif, était farouchement opposée au gouvernement travailliste qui a négocié les accords d’Oslo. Mais les autres membres de ces instances n’ont pas manqué de leur rappeler le principe du soutien inconditionnel à l’État hébreu.

Marc Hecker et Samuel Ghiles-Meilhac

Un quatrième facteur à considérer est la position diplomatique de la France. Le Crif cherche à influer sur la politique étrangère de la France pour qu’elle devienne plus favorable à Israël. Il le fait de manière feutrée, en cherchant, dans la mesure du possible, à ne pas froisser les autorités françaises. Cela passe par des courriers courtois, des rencontres régulières, l’envoi de documents. Parfois, des manifestations sont organisées. Le Crif veille alors à ce qu’il n’y ait pas de débordements. En somme, les dirigeants du Crif aiment entretenir des relations cordiales avec le pouvoir et ne souhaitent pas entrer dans un rapport trop conflictuel. L’année 1989 a ainsi été difficile pour les dirigeants du Crif qui s’opposaient à la venue de Yasser Arafat à Paris, mais se demandaient jusqu’à quel point ils pouvaient hausser le ton face aux responsables politiques français. La question a été tranchée lors de la réunion du bureau exécutif du 3 avril 1989  : contre l’avis de certains membres de ce bureau — en particulier Jacques Kupfer qui souhaitait une réaction très vigoureuse — il a été décidé d’agir prudemment, de manière à ne pas rompre le dialogue avec le gouvernement. Au début du mois de septembre 1993, la situation paraissait bien différente. Les dirigeants du Crif savaient que la France soutiendrait le processus de paix. En faisant de même, ils se retrouveraient sur la même ligne que le gouvernement français, et pourraient ainsi agir de conserve. La proximité entre le Crif et les gouvernants lui a parfois été reprochée au sein de la communauté juive. L’association Migdal, connue pour ses positions très marquées à droite et dont l’activité principale est de récolter des fonds pour les gardes-frontières israéliens, n’a pas hésité à traiter les dirigeants du Crif d’« apparatchiks » ayant une « petite place de juifs de service à l’Elysée »42.

Un cinquième facteur à ne pas négliger est l’influence de la « base » de la communauté juive organisée. Les dirigeants du Crif ne sont pas coupés de la communauté qu’ils sont censés représenter. Les responsables des différentes organisations membres du Crif peuvent facilement informer le président des positions de leurs adhérents. En outre, le Crif est présent en province et les cadres locaux ne manquent pas de faire remonter les informations importantes au niveau central. Enfin, il arrive fréquemment — surtout dans des périodes marquantes comme celle du début du processus d’Oslo — que des membres de la communauté juive écrivent, à titre individuel, au président du Crif où que des associations juives ne faisant pas partie du Crif expriment leur désapprobation. Les dirigeants du Crif sont d’autant plus sensibles aux opinions qui leur parviennent de la « base » qu’une technique habituelle de leurs opposants est de remettre en cause la représentativité du Crif43. Ce dernier ne représente, en effet, que les associations qui en font partie et pas l’ensemble des juifs de France. On a vu que les pressions exercées sur les instances dirigeantes du Crif au début du processus d’Oslo avaient contribué à remettre en cause le principe d’une rencontre entre Jean Kahn et Yasser Arafat.

Les dirigeants du Crif sont d’autant plus sensibles aux opinions qui leur parviennent de la « base » qu’une technique habituelle de leurs opposants est de remettre en cause la représentativité du Crif.

Marc Hecker et Samuel Ghiles-Meilhac

Un sixième et dernier facteur à prendre en considération est la personnalité des dirigeants du Crif. Les présidents de cette institution se suivent et ne se ressemblent pas nécessairement. Leurs positions et leurs conceptions de l’action politique variaient sensiblement. Au début du processus d’Oslo, Jean Kahn était le président du Crif. Pourtant réputé plus à droite que son prédécesseur, il a pris le parti de soutenir le dialogue israélo-palestinien. Les comptes-rendus des réunions des instances dirigeantes du Crif montrent qu’il s’est engagé personnellement sur la voie de paix, rencontrant à plusieurs reprises Leïla Shahid et paraissant prêt à échanger directement avec Yasser Arafat. Hormis les présidents, d’autres cadres du Crif ont pu jouer un rôle important au début du processus d’Oslo. On peut notamment citer André Wormser, connu pour sa proximité avec le mouvement « La paix maintenant », qui a facilité les contacts avec un des artisans du rapprochement israélo-palestinien, Yossi Beilin, vice-ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement de Yitzhak Rabin.

Hussein de Jordanie et Yitzhak Rabin échangent une cigarette après la signature des accords de Wadi Araba (traité de paix israélo-jordanien) le 26 octobre 1994. © Levine Dan/SIPA Press

Conclusions

Plusieurs conclusions peuvent être tirées de cet article. Il montre tout d’abord qu’une organisation engagée fermement dans la défense d’une cause peut modifier radicalement ses positions, sous certaines conditions. En l’occurrence, la conjonction de six facteurs a conduit le Crif à changer brusquement d’attitude à l’égard de l’OLP en 1993.

Cette étude nous permet ensuite de comprendre plus finement les relations entre le Crif et l’État qu’il défend, Israël. À certaines périodes, les instances dirigeantes du Crif décident de mettre leur structure au service de l’État hébreu. Au début du processus d’Oslo, il est même arrivé que des diplomates israéliens participent aux réunions de direction du Crif. Si les dirigeants de cette organisation agissent essentiellement par conviction et sentiment de fraternité avec les Israéliens, ils reçoivent aussi un certain nombre de « rétributions symboliques »44, sous la forme, par exemple, de lettres de remerciements de personnalités comme Yitzhak Rabin ou Shimon Pérès. Ils rencontrent régulièrement des membres du gouvernement israélien, mais ne sont pas pour autant mis au courant des secrets d’État. Ainsi, jusqu’à l’été 1993, ils n’étaient pas informés de l’avancée des négociations israélo-palestiniennes. Parfois, comme lors de la cérémonie de signature de l’accord de paix israélo-jordanien, les dirigeants israéliens négligent les responsables du Crif. Ces derniers en sont visiblement vexés, sans toutefois remettre en cause leur engagement en faveur d’Israël.

La forte influence que l’on prête souvent au Crif paraît bien exagérée. Pendant des années — et même des décennies — cet organisme a cherché à empêcher la reconnaissance internationale de l’OLP. Cette stratégie a échoué.

Marc Hecker et Samuel Ghiles-Meilhac

La forte influence que l’on prête souvent au Crif paraît bien exagérée. Pendant des années — et même des décennies — cet organisme a cherché à empêcher la reconnaissance internationale de l’OLP. Cette stratégie a échoué. Le revirement de 1993 illustre l’impuissance du Crif  : ce dernier a été mis devant le fait accompli et n’avait d’autre choix que de changer radicalement de position ou d’apparaître rétrograde et marginal. Par la suite, à aucun moment du processus d’Oslo le Crif n’a semblé peser réellement sur les prises de décisions politiques, que ce soit au Proche-Orient ou en France.

Enfin, cet exemple permet d’entretenir une lueur d’espoir  : la paix surgit parfois quand on ne l’attend pas. Des personnalités politiques courageuses peuvent décider d’entamer des négociations, de faire des compromis impopulaires et, une fois un accord conclu, elles peuvent avoir un effet d’entraînement. Trente ans après les accords d’Oslo, s’accrocher à la « solution à deux États » expose à des procès en naïveté. Pourtant, à défaut de meilleure option et tant que la situation sur le terrain n’est pas irréversible, il est encore permis d’espérer.

Sources
  1. Lors de la World Policy Conference, du 9 au 11 décembre 2022 à Abu Dhabi, auquel l’un des auteurs de cet article a participé.
  2. « Exclusive — The Netanyahu Doctrine. An In-Depth Regional Policy Interview », Al-Arabiya, 15 décembre 2022.
  3. Même une personnalité comme Théo Klein — pourtant réputé à gauche et co-auteur d’un livre avec le chef de la mission en France de la Ligue des États Arabes publié en 1988 — a essayé, lorsqu’il était président du Crif, d’empêcher la reconnaissance internationale de l’OLP. Il a par exemple demandé à François Mitterrand, sans succès, de ne pas accueillir Yasser Arafat à Paris en 1989.
  4. Compte-rendu de la réunion du bureau exécutif du 16 décembre 1992.
  5. Le compte-rendu de la réunion du bureau exécutif du Crif du 21 avril 1993 est daté du 17 août 1993.
  6. Claude Patrice, « Les pourparlers de paix entre Israël et l’OLP. Manifestation pacifiste à Tel-Aviv  : “Shalom  ! Salam  !” », Le Monde, 7 septembre 1993.
  7. Compte-rendu de la réunion du bureau exécutif du Crif du 6 septembre 1993.
  8. Procès-verbal de la réunion du comité directeur du Crif du 8 septembre 1993.
  9. Lettre d’André Wormser à Jean Kahn, 17 septembre 1993.
  10. Compte-rendu de la réunion du bureau exécutif du Crif du 20 septembre 1993.
  11. Compte-rendu de la réunion du bureau exécutif du 18 octobre 1993.
  12. Télécopie adressée par le secrétariat de Jean Kahn au secrétariat d’Alain Juppé, 21 octobre 1993.
  13. Communiqué de presse du Crif, 20 octobre 1993.
  14. Compte-rendu de la réunion de la commission d’études politiques du 20 octobre 1993.
  15. Compte-rendu de la réunion du bureau exécutif du 2 novembre 1993.
  16. Note de Jean Kahn à Jacqueline Keller, 15 décembre 1993.
  17. Ahmed Tibi est conseiller politique de Yasser Arafat de 1993 à 1999, année où il est élu à la Knesset sur la liste d’un parti arabe israélien.
  18. Juriste palestinien, Ziad Abou Zayyad cofonde au début du processus d’Oslo la revue Palestine-Israel Journal avec le journaliste israélien Victor Cygelman. Il exerce par la suite diverses fonctions politiques (élu au Conseil législatif palestinien, ministre de l’Autorité palestinienne).
  19. Fayçal Husseini appartient à une grande famille hiérosolomytaine. Son grand-père a notamment été maire de Jérusalem. Souvent présenté comme un des leaders de la première Intifada, il participe à la conférence de Madrid en 1991 et reste considéré comme un artisan du rapprochement avec les Israéliens.
  20. Message manuscrit envoyé par Jean Kahn à Jacqueline Keller, sur papier à entête de l’hôtel Europa à Saint-Moritz, 27 décembre 1993.
  21. Télégramme envoyé par Jean Kahn à Dalil Boubakeur, 25 février 1994, référence HEN 6165.
  22. Communiqué de presse du Crif, 1er mars 1994. On peut noter ici que le Crif est un organisme séculier qui n’hésite pas à s’adresser à des institutions religieuses. Les tensions entre le Crif et le Consistoire israélite — en charge de l’organisation du culte juif mais qui se prononce parfois sur des questions politiques — ne sont pas rares. Si le Crif s’adresse à la Mosquée de Paris, c’est aussi parce qu’il n’existe pas d’institution équivalente au sein de la communauté musulmane. Le Conseil de réflexion sur l’islam de France (Corif), créé par Pierre Joxe en 1989-1990, n’a pas eu les résultats escomptés.
  23. Déclaration de Jean Kahn, 14 mars 1994.
  24. Lettre de Leïla Shahid à Jean Kahn, 21 mars 1994.
  25. Lettre de Dalil Boubakeur à Jean Kahn, 29 mars 1994.
  26. Déclaration de Jean Kahn, 13 avril 1994.
  27. Déclaration de Jean Kahn, 4 mai 1994.
  28. Lettre de Yitzhak Rabin à Jean Kahn, 28 août 1994.
  29. Lettre de Jean Kahn à Yehouda Lancry, 30 octobre 1994.
  30. Adresse de Jean Kahn, président du Crif, à Edouard Balladur, Premier ministre prononcée lors du dîner du Crif du 19 novembre 1994.
  31. Compte rendu de la réunion du comité directeur du Crif du 12 juin 1995.
  32. Hommage rendu à Yitzhak Rabin par Henri Hajdenberg, 18 novembre 1995.
  33. Roland Dannreuther, The Soviet Union and the PLO, Londres, Palgrave Macmillan, 1998.
  34. Christopher Andrew et Vasili Mitrokhin, The World Was Going Our Way. The KGB and the Battle for the Third World, New York, Basic Books, 2005, pp. 246-262.
  35. Jean-Pierre Filiu, Histoire de Gaza, Paris, 2012, p. 226.
  36. Compte-rendu de la réunion du bureau exécutif du 6 septembre 1993.
  37. Le diplomate en question est Yitzhak Eldan, ministre plénipotentiaire à l’ambassade d’Israël en France. Cf. procès verbal de la réunion du comité directeur du Crif du 8 septembre 1993.
  38. Communiqué du Crif, 3 avril 1989.
  39. Lettre de Pierre Mauroy à Théo Klein, 2 mai 1989.
  40. Procès verbal de la réunion du comité directeur du Crif du 8 septembre 1993.
  41. La charte du Crif de 1977 définit ainsi les liens avec Israël  : « Un attachement de près de quatre mille ans lie l’âme juive à la Terre d’Israël et à Jérusalem. Ce lien historique, spirituel et vital explique que la Communauté juive de France reconnaisse, en Israël, l’expression privilégiée de l’Être juif. Toute menace à l’existence de l’État d’Israël est vécue, par la Communauté juive, comme une atteinte à son intégrité, à sa « mémoire collective », à sa foi, à son espérance, à sa dignité. Cette réaction naturelle d’une communauté dont le destin a été et est encore trop souvent menacé de par le monde, s’inscrit également dans l’exigence, de Justice et d’émancipation des peuples qui constitue l’essence prophétique du Judaïsme ».
  42. Marc Hecker, Intifada française  ? De l’importation du conflit israélo-palestinien, Paris, Ellipses, 2012, p. 114.
  43. La question de la représentativité du Crif a notamment été évoquée lors de la réunion du comité directeur du 6 mars 1995.
  44. Daniel Gaxie, « Economie des partis et rétributions du militantisme », Revue française de science politique, vol. 27, n° 1, 1977, pp. 123-154. Voir aussi Daniel Gaxie, « Rétributions du militantisme et paradoxes de l’action collective », Revue suisse de science politique, vol. 11, n° 1, 2005, pp. 157-188.