• Liz Truss vient d’être élue aujourd’hui à la tête du Parti conservateur par un collège, composé des 172 437 membres payant une cotisation, avec une avance de plus de 20 000 voix sur son principal opposant, Rishi Sunak — pourtant le premier choix des députés conservateurs. Elle sera officiellement nommée Première ministre demain, au cours d’une cérémonie à laquelle assistera la reine Élisabeth II.
  • Ce moment d’allégresse ne durera toutefois qu’un temps. Au Royaume-Uni, les prévisions des prix de l’énergie pour cet hiver et l’année prochaine dressent un scénario encore plus noir que dans les pays de l’Union européenne — qui ont pourtant atteint des niveaux historiques à la fin du mois d’août.
  • Le 26 août, l’Office of Gas and Electricity Markets (ou Ofgem, le régulateur de l’énergie britannique) a annoncé que le plafond des prix de l’énergie allait augmenter le 1er octobre jusqu’au 31 décembre 2022, passant de 0,28 £ par MWh à 0,52 £1. Selon l’agence de recherche Cornwall Insight, cette augmentation ferait passer la facture annuelle d’électricité de 3 549 £ pour un foyer moyen en octobre à 5 386 £ en janvier 2023.
  • Si cette augmentation aura pour conséquence d’augmenter le prix de la facture annuelle moyenne des consommateurs britanniques, la flambée des prix de l’énergie aura toutefois beaucoup plus de conséquences sur les revenus des ménages les plus pauvres. Ainsi, la part de revenu disponible consacrée aux factures d’énergie passerait de 11,86 % en 2021 pour les 10 % les plus pauvres à 41,29 % avec les mesures gouvernementales existantes.
  • Cette augmentation du plafond des prix de l’énergie s’explique par la hausse du coût de l’électricité et du gaz payé par les fournisseurs britanniques. Si ce système de plafonnement permet de définir un montant maximum que les ménages devront payer, il suit toutefois de près l’évolution du prix des contrats à terme qui ont atteint des niveaux historiques ces dernières semaines. Les plafonds, fixés pour une durée de trois mois, sont passés de 1 227 £ par an l’hiver dernier à 3 549 £ pour cet hiver.
  • L’explosion des prix de l’énergie s’insère dans un contexte économique déjà préoccupant. Pour la Chambre de commerce britannique (BCC), le Royaume-Uni devrait entrer en récession avant la fin de l’année. L’inflation devrait quant à elle atteindre 14 % durant le dernier trimestre 2022, pour ne revenir en-dessous de la cible de 2 % fixée par la Banque d’Angleterre qu’au quatrième trimestre de 20242.
  • En mai dernier, Rishi Sunak, alors Chancelier de l’Échiquier (chargé du portefeuille des Finances et du Trésor), annonçait que tous les ménages britanniques allaient bénéficier d’une réduction de 400 £ sur leur facture d’électricité au mois d’octobre. Les ménages les plus pauvres doivent quant à eux eux toucher une aide directe de 650 £3. Bien que significatives, ces aides ne suffiront toutefois pas à compenser l’augmentation des prix de l’énergie. 
  • Liz Truss a pour le moment laissé savoir qu’elle s’opposait à l’« assistanat universel », mais a indiqué qu’elle considérait élargir les aides déjà promises à plus de ménages4. La future Première ministre britannique semble pour le moment privilégier les réductions d’impôts afin de soulager les budgets des ménages, et a déjà déclaré s’opposer à une taxe sur les bénéfices exceptionnels — déclaration sur laquelle la situation cet hiver pourrait la contraindre à revenir.
Sources
  1. Check if the energy price cap affects you, Ofgem.
  2. BCC Economic Forecast : New PM must act as UK economy set for recession before year end, Chambre de commerce britannique, 1er septembre 2022.
  3. Daniel Thomas, « Every household to get energy bill discounts of £400 this autumn », BBC, 26 mai 2022.
  4. Pippa Crerar, Aubrey Allegretti et Alex Lawson, « What might Liz Truss do about soaring energy bills ? », The Guardian, 1er septembre 2022.