• Depuis le début de la guerre en Ukraine, cet épisode est sans doute le plus important dans la montée des tensions entre un pays membre de l’OTAN et la Russie. La Lituanie, qui a décidé de réduire le transit ferroviaire de la ligne reliant le territoire de Kaliningrad à Moscou — en passant par la Biélorussie et la Lituanie —, est membre de l’OTAN et de l’Union depuis 2004. En contrepartie de ces adhésions, la Russie et la Lituanie s’étaient accordés pour qu’une liaison ferroviaire puisse acheminer marchandises et personnes entre l’enclave de Kaliningrad et le reste du territoire russe. 
  • Depuis le début de la guerre en Ukraine, le trafic ferroviaire, transportant personnes et marchandises, continuait sur cette ligne, malgré les sanctions européennes contre la Russie. En moyenne, 400 000 personnes empruntent cette ligne chaque année. L’exclave russe de Kaliningrad est aussi un enjeu stratégique majeur pour la Russie qui sert de base navale à la flotte de la mer Baltique, et qui héberge également des missiles balistiques Iskander-M (SS-26) capables de porter des têtes nucléaires.
  • Selon Gabrielius Landsbergis, le ministre lituanien des Affaires étrangères, la décision prise par la Lituanie n’est que le résultat de la mise en place du sixième paquet de sanctions qui restreint l’entrée de certains biens russes dans l’Union. Landsbergis a par ailleurs expliqué que les marchandises bloquées sont principalement de l’acier et des métaux de fer, contrairement à ce qu’affirme le gouverneur de Kaliningrad1, Anton Alikhanov, qui évoque des matériaux de construction, du matériel technologique et du charbon2.
  • Les marchandises qui ne sont pas sous sanction pourraient continuer à transiter par le corridor ferroviaire. Dans l’exclave de Kaliningrad, une partie de la population s’est déjà empressée de se rendre dans des magasins de construction, craignant que le territoire russe ne soit plus approvisionné.
  • Dernièrement, la Russie a menacé la Lituanie de représailles si le trafic n’était pas rétabli rapidement, y compris par des mesures indiscriminées3. Dans le même registre, le sénateur russe Klimov a déclaré que si l’Union ne levait pas tout de suite le « blocus de Kaliningrad », la Russie « réagirait par tous les moyens possibles »4. Enfin, le chef du Conseil de sécurité russe, Nikolaï Patrouchev, s’est rendu aujourd’hui à Kaliningrad et a déclaré que des représailles russes affecteront la population lituanienne5.
  • L’Union européenne a apporté son soutien à Lituanie par la voix du Haut-représentant pour la politique étrangère de l’Union, Josep Borrell, en réaffirmant que les mesures prises par les autorités lituaniennes s’inscrivaient dans le cadre du sixième paquet de sanctions européennes adopté début juin6. Moscou, de son côté, a convoqué l’ambassadeur de l’Union en Russie pour signifier son mécontentement.