- Si les prévisions mondiales du FMI sur la croissance globale des deux prochaines années restent inchangées, (6 % en 2021 et 4,9 % en 2022), des révisions compensatoires aux données d’avril ont récemment été publiées par l’organisation. Les prévisions pour les économies avancées ont ainsi été revues à la hausse : +4,6 % pour la zone euro et +7 % pour le Royaume Uni. En revanche, elles sont revues à la baisse pour les pays émergents et les économies en voie de développement : -3 % pour l’Inde et -1,1 % pour l’ensemble de l’Asie émergente et en développement.
- La cause de ces révisions : l’inégal accès aux vaccins, privant les économies émergentes et en développement d’une « normalisation de leur activité » : près de 40 % de la population des économies avancées a été entièrement vaccinée, contre 11 % pour les économies émergentes. Le FMI affirme ainsi que l’accès aux vaccins est devenu « la principale ligne de faille le long de laquelle la reprise mondiale se divise en deux blocs. »
- Fin juin 2021, en Afrique, 3,6 doses étaient administrées pour 100 habitants, contre 39 dans le reste du monde (moyenne mondiale). Les pays à faible revenu ont administré une seule dose pour 100 habitants, contre 79 pour 100 habitants dans les économies développées. Dans son enquête publiée le 29 juillet, la People’s Vaccine Alliance indique que les monopoles de vaccins multiplieraient leur coût par 5. « Les entreprises Pfizer/BioNTech et Moderna facturent aux gouvernements jusqu’à 41 milliards de dollars de plus que le coût de production estimé des vaccins anti-Covid. »
- Le rapport indique que le coût réel de production des vaccins Pfizer/BioNTech et Moderna serait en réalité de 1,20 dollars US la dose. Avant la pandémie, les pays en développement payaient 0,80 dollars la dose pour tous les vaccins non Covid. L’AstraZeneca, l’un des moins chers du marché, coûte 4 fois ce prix, et le coût des vaccins les plus chers, comme le Moderna et le Pfizer/BioNTech, est 50 fois plus élevé.
- À ces difficultés d’obtention des vaccins anti-Covid s’ajoute une autre préoccupation économique : les économies émergentes et en développement sont les plus touchées par l’inflation engendrée par la pandémie. La crise a entraîné le ralentissement des cadences, la limitation des capacités d’accueil, la désorganisation des chaînes mondiales de production, des pénuries de main-d’œuvre et de certains produits (comme les composants électroniques), ainsi qu’une hausse vertigineuse des coûts du transport maritime.
- Les coûts de production, qui ont augmenté dans la quasi-totalité des secteurs – hors tourisme et culture – se sont répercutés sur les prix : le FMI note que l’inflation devrait revenir aux niveaux antérieurs à la pandémie dans un grand nombre de pays en 2022. Celle-ci devrait ainsi rester élevée dans certaines économies émergentes et en développement d’Asie Centrale, d’Afrique subsaharienne et du Moyen-Orient, en raison de « la persistance des tensions sur les prix des denrées alimentaires et de la répercussion tardive de la hausse des prix des produits alimentaires. »
- Le Fond Monétaire International indique que les économies en difficulté nécessitent un accès aux liquidités internationales. L’organisation propose une allocation générale de droits de tirage spéciaux de 650 milliards de dollars, qui pourrait aider les pays en développement à renforcer leurs réserves, ainsi qu’un allègement des contraintes de liquidité. Le FMI indique également que ces actions doivent être « renforcées par des politiques nationales adaptées au stade de la crise, qui contribueront à catalyser une reprise durable et inclusive. »
- En mars dernier, Amnesty International lançait sa campagne Une dose d’équité : Pour un accès universel aux vaccins anti-Covid-19, invitant les entreprises pharmaceutiques à partager leurs technologies pour produire un plus grand nombre de doses de vaccins à travers le monde. L’OMS et l’Alliance globale pour les vaccins et l’immunisation (Gavi) ont de leur côté créé le dispositif Covax, une initiative fondée sur le principe de solidarité internationale permettant à 200 pays et territoires défavorisés d’avoir accès au vaccin. L’Union européenne, qui tente d’intensifier ses efforts dans la lutte contre la pandémie, a versé 850 millions d’euros pour le financer. D’ici fin 2021, au moins 20 % de la population des pays y participant devrait être vaccinée.