Selon le groupe d’analystes ukrainiens Deep State, la progression territoriale de l’armée russe en Ukraine s’est établie à 505 km² au cours du mois de novembre 1. Si ce chiffre représente près du double du mois précédent (267 km²), la fin de l’automne étant généralement propice à des avancées sur le terrain, il est en baisse de plus de 30 % par rapport à 2024, lorsque Moscou avait conquis 730 km² de territoire.

  • Deep State note que la plupart (40 % de la progression, soit 200 km²) des gains russes se trouvent dans le secteur d’Houliaïpole, dans le nord-est de l’oblast de Zaporijia.
  • La zone n’a pourtant concentré que 16 % des assauts russes menés sur le front au cours du mois de novembre, ce qui indique un taux de réussite particulièrement élevé pour les moyens déployés.
  • Pokrovsk et Myrnohrad, où l’armée russe a conduit près d’un tiers (32,5 %) de toutes ses attaques, ont quant à elles compté pour seulement 11 % de la progression russe (56,5 km²). 

Avec près de 6 000 opérations d’assauts menées à l’échelle du front au cours du mois de novembre, celui-ci a été le plus actif depuis le début de l’année. Si le ratio des pertes humaines russes par rapport à la surface conquise par l’armée a diminué depuis le printemps, Moscou sacrifie en moyenne près de 100 soldats pour chaque kilomètre carré supplémentaire occupé en Ukraine depuis le début de l’année, soit un prix très élevé pour de faibles gains.

  • Deep State estime que les avancées russes depuis le début de l’année représentent 0,65 % de la surface totale du pays, soit près de 3 900 km².
  • Moscou a ainsi été plus efficace par rapport aux onze premiers mois de l’année qu’en 2024, lorsqu’elle avait occupé 0,55 % du pays, mais ses gains demeurent très faibles en comparaison de la première année de la guerre.
  • En 2022, Moscou s’était emparé de plus de 10 % de l’Ukraine pour un coût humain relativement faible en comparaison des années suivantes : 106 000 hommes tués ou blessés, contre 380 000 depuis janvier 2025.

Les succès de l’armée russe dans le secteur d’Houliaïpole témoignent de la faiblesse des lignes défensives ukrainiennes dans la région de Zaporijia, qui ont été massivement bombardées par Moscou ces derniers mois 2. À l’inverse, le nord du Donbass, qui constitue le principal objectif militaire russe, fait quant à lui l’objet d’une large fortification depuis 2024, avec une accélération depuis le début de l’année.

  • L’an dernier, 2 % du total des dépenses militaires ukrainiennes — soit près d’un milliards d’euros — avait été alloué à la construction de défenses.
  • Cette part serait « bien plus élevée » cette année, bien que Kiev n’ait pas communiqué les détails des investissements dans les fortifications 3.
  • Pensées pour mieux faire face aux drones et tenant compte des nouvelles réalités du conflit, ces nouvelles lignes n’ont, en grande partie, pas encore été atteintes par l’armée russe 4.
  • Leur efficacité face à la progression russe constituera un test quant aux capacités du Kremlin à atteindre ses objectifs militaires en 2026, soit la capture de la totalité du Donbass, si un accord de paix n’est pas conclu d’ici là.
Sources
  1. Publication sur Telegram de Deep State, 1er décembre 2025.
  2. Євгенія Назарова, « Запорізький фронт. Звідки українським бійцям довелось відійти, а де стався “локальний колапс” ? », Радіо Свобода, 12 novembre 2025.
  3. Matthew Luxmoore et Nikita Nikolaienko, « Inside Ukraine’s Effort to Fortify Hundreds of Miles of Defensive Lines », The Wall Street Journal, 30 juillet 2025.
  4. Publication de Clément Molin sur X, 26 novembre 2025.