Le plan en 28 points, traduit et commenté, est disponible ici.
Au cours des derniers mois, Kirill Dmitriev, un proche conseiller de Vladimir Poutine, ainsi que l’envoyé spécial de Trump au Moyen-Orient, Steve Witkoff, ont travaillé à l’élaboration d’un plan de paix en 28 points visant à mettre fin à la guerre en Ukraine. Celui-ci a été présenté en début de semaine par Witkoff au conseiller ukrainien à la Sécurité nationale, Roustem Oumierov, à Miami.
- Les pays européens, dont l’Ukraine, ont été exclus du processus d’élaboration du plan, tandis que la Turquie et le Qatar y ont pris part.
Selon des sources américaines, le document est « inspiré » du plan de cessez-le-feu à Gaza qui a fait l’objet d’un accord en octobre entre Israël et le Hamas 1.
- Celui-ci contraindrait notamment l’Ukraine à céder la totalité du Donbass à la Russie (alors qu’elle en contrôle toujours 15 %) et limiterait la taille de son armée à 600 000 hommes, contre plus de 900 000 actuellement.
- La ligne de front serait gelée dans les régions de Kherson et de Zaporijia.
- Ces territoires, qui correspondent à cinq régions ukrainiennes (avec la Crimée), seraient reconnus par Washington comme appartenant de facto à la Russie.
- Moscou devrait abandonner ses territoires contrôlés dans les autres régions du pays, notamment à Kharkiv et Soumy.
- L’armée ukrainienne devrait se retirer de la partie de l’oblast de Donetsk actuellement contrôlée par Kiev. Elle serait considérée comme une zone tampon démilitarisée neutre, internationalement reconnue comme territoire appartenant à la Russie.
- En contrepartie d’un renoncement à intégrer l’OTAN, l’Ukraine bénéficierait de garanties de sécurité, qui ne sont toutefois pas détaillées dans le document. Les États-Unis seraient « compensés » pour cette garantie, selon le document.
Ce plan reprend ainsi les principales demandes maximalistes formulées par la Russie depuis le début des négociations, au printemps 2022.
- Aucune armée de l’OTAN ne serait autorisée sur le sol ukrainien.
- Il s’agissait pourtant d’une des garanties étudiées par la coalition des volontaires, une initiative lancée par la France et le Royaume-Uni qui regroupe 35 pays prêts à contribuer à la sécurité de l’Ukraine après la guerre.
- En septembre, Emmanuel Macron avait déclaré que 26 pays s’étaient engagés à déployer des troupes en Ukraine ou bien à être « présents sur le sol, en mer ou dans les airs pour apporter une réassurance » à la suite d’un accord de cessez-le-feu.
Volodymyr Zelensky s’est dit prêt à travailler à partir de cette base 2.
Contrairement à ce que semble penser l’administration républicaine, la situation sur le front, bien que difficile pour Kiev, ne présente pas un avantage décisif pour l’armée russe. Au rythme de progression actuel, il faudrait ainsi plus de deux ans et demi de guerre à Moscou pour conquérir le Donbass toujours sous contrôle ukrainien.
- À Kiev, des proches du président ukrainien considèrent que Moscou et Washington tentent de tirer profit du scandale de corruption qui touche en ce moment le gouvernement de Zelensky pour tenter d’imposer une paix défavorable 3.
- De son côté, la partie ukrainienne travaille avec les pays européens à sa propre proposition de cessez-le-feu.
- Des sources américaines considèrent toutefois que celle-ci ne sera « jamais acceptée » par Moscou 4.
- Le 20 novembre, la haute-représentante de l’Union pour les Affaires étrangères, Kaja Kallas, a déclaré : « Pour qu’un plan fonctionne, il est nécessaire que les Ukrainiens et les Européens y adhèrent ».
- Selon des sources américaines, l’administration Trump souhaite parvenir à un accord avant Thanksgiving, le 27 novembre.
Sources
- Barak Ravid et Dave Lawler, « U.S. secretly drafting new plan to end Ukraine war », Axios, 18 novembre 2025.
- Barak Ravid , Colin Demarest , Dave Lawler, Zelensky agrees to negotiate on Trump’s peace plan for Ukraine, Axios, 20 novembre 2025.
- « A terrible American-Russian proposal to end the war in Ukraine », The Economist, 19 novembre 2025.
- Barak Ravid, « Trump plan asks Ukraine to cede additional territory for security guarantee », Axios, 19 novembre 2025.