Au cours des derniers mois, Kirill Dmitriev, un proche conseiller de Vladimir Poutine, ainsi que l’envoyé spécial de Trump au Moyen-Orient, Steve Witkoff, ont travaillé à l’élaboration d’un plan de paix en 28 points visant à mettre fin à la guerre en Ukraine. Celui-ci a été présenté en début de semaine par Witkoff au conseiller ukrainien à la Sécurité nationale, Roustem Oumierov, à Miami.

Le document, qui n’a pas été finalisé, exige des concessions majeures de la part de Kiev.

  • Les pays européens, dont l’Ukraine, ont été exclus du processus d’élaboration du plan, tandis que la Turquie et le Qatar y ont pris part.
  • Selon des sources américaines, le document est « inspiré » du plan de cessez-le-feu à Gaza qui a fait l’objet d’un accord en octobre entre Israël et le Hamas 1.
  • Celui-ci contraindrait notamment l’Ukraine à céder la totalité du Donbass à la Russie (alors qu’elle en contrôle toujours 15 %) et réduirait de moitié la taille de son armée.

Le plan reprend ainsi les principales demandes maximalistes formulées par la Russie depuis les premières négociations, lancées au printemps 2022. Il semble par ailleurs ne présenter aucune évolution significative par rapport aux précédentes tentatives visant à mettre fin à la guerre menées par la Maison-Blanche depuis le retour au pouvoir de Trump, en janvier.

  • Parmi les conditions listées par la Russie et les États-Unis, aucune armée étrangère ne serait autorisée sur le sol ukrainien et Kiev cesserait également de recevoir des armes occidentales à longue portée 2.
  • Il s’agissait pourtant d’une des garanties étudiées par la coalition des volontaires, une initiative lancée par la France et le Royaume-Uni qui regroupe 35 pays prêts à contribuer à la sécurité de l’Ukraine après la guerre.
  • En septembre, Emmanuel Macron avait déclaré que 26 pays s’étaient engagés à déployer des troupes en Ukraine ou bien à être « présents sur le sol, en mer ou dans les airs pour apporter une réassurance » à la suite d’un accord de cessez-le-feu.

Il semble peu probable que Volodymyr Zelensky accepte le plan en l’état. Contrairement à ce que semble penser l’administration républicaine, la situation sur le front, bien que difficile pour Kiev, ne présente pas un avantage décisif pour l’armée russe. Au rythme de progression actuel, il faudrait ainsi plus de deux ans et demi de guerre à Moscou pour conquérir le Donbass toujours sous contrôle ukrainien.

  • À Kiev, des proches du président ukrainien considèrent que Moscou et Washington tentent de tirer profit du scandale de corruption qui touche en ce moment le gouvernement de Zelensky pour tenter d’imposer une paix défavorable 3.
  • De son côté, la partie ukrainienne travaille avec les pays européens à sa propre proposition de cessez-le-feu. Des sources américaines considèrent toutefois que celle-ci ne sera « jamais acceptée » par Moscou 4.
  • Aujourd’hui, jeudi 20 novembre, la haute-représentante de l’Union pour les Affaires étrangères, Kaja Kallas, a déclaré : « Pour qu’un plan fonctionne, il est nécessaire que les Ukrainiens et les Européens y adhèrent ».
Sources
  1. Barak Ravid et Dave Lawler, « U.S. secretly drafting new plan to end Ukraine war », Axios, 18 novembre 2025.
  2. Christopher Miller, Anastasia Stognei et Amy Mackinnon, « US and Russian officials draft new peace plan for Ukraine », Financial Times, 19 novembre 2025.
  3. « A terrible American-Russian proposal to end the war in Ukraine », The Economist, 19 novembre 2025.
  4. Barak Ravid, « Trump plan asks Ukraine to cede additional territory for security guarantee », Axios, 19 novembre 2025.