Deux mois après le début du blocus imposé sur le sud du Mali par le JNIM (ou GSIM pour Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans), une coalition djihadiste sahélienne fondée en 2017, la question ne semble plus être « si » la capitale malienne Bamako va tomber mais plutôt « quand ».
- Selon une source consultée par la revue, la probabilité que le Niger et le Burkina Faso — qui ont fondé, avec le Mali, l’Alliance des États du Sahel en 2023 — viennent apporter une aide à la junte malienne est quasi-nulle.
- La Russie, qui peine à réaliser des progrès significatifs en Ukraine, dispose quant à elle vraisemblablement de marges de manœuvre trop limitées pour apporter une assistance sécuritaire à son allié malien.
Le vice-président de la Commission de Défense, sécurité et protection civile de la junte, Fousseynou Ouattara, s’est voulu rassurant en déclarant aujourd’hui, mardi 18 novembre, à Africa Radio qu’il était « impossible que Bamako tombe entre les mains des djihadistes […] Il n’y a aucun risque, c’est un scénario improbable » 1. Tout en affirmant contrôler « chaque centimètre du territoire malien », la junte nie l’existence d’un blocus et minimise l’afflux de réfugiés maliens ayant poussé la Côte d’ivoire à renforcer sa frontière nord.
La chute de la junte malienne affaiblirai le Niger et le Burkina Faso voisins et causerait un revers considérable à la stratégie d’influence de Moscou.
- L’instauration d’un califat islamique au Mali risquerait également de déstabiliser des pays de la région comme la Côte d’Ivoire, le Ghana ou le Bénin, qui bénéficient contrairement à Bamako d’un accès à la mer 2.
- Une telle situation présenterait également un risque sécuritaire pour l’Europe. Comme l’a souligné le 10 novembre le directeur des renseignements extérieurs français, Nicolas Lerner : « Laisser s’installer des groupes terroristes a toujours donné des projets d’attentats projetés » 3.
Une prise de Bamako par la junte serait d’autant plus perçue comme un échec pour Paris que le lancement en 2013 de l’opération Serval visait à mettre fin à la progression d’une coalition de djihadistes vers Bamako. Les derniers militaires français déployés au Mali dans le cadre de l’opération Barkhane, lancée en 2014, ont quitté le pays à l’été 2022.
Sources
- Nadir Djennad, « Mali : “Bamako ne tombera jamais entre les mains du JNIM” assure Fousseynou Ouattara, vice-président de la Commission Défense du CNT malien », Africa Radio, 18 novembre 2025.
- David Pilling et Aanu Adeoye, « Jihadis encircle Mali’s capital as they close in on power », Financial Times, 1er novembre 2025.
- « La probabilité d’un deuxième 13-Novembre « a considérablement diminué », selon Nicolas Lerner (DGSE) », France Inter, 10 novembre 2025.