Doctrines de la Russie de Poutine

Le plan de Poutine pour « dénazifier » l’Ukraine en s’inspirant de l’URSS

La « dénazification » de l’Ukraine n’est pas juste un élément rhétorique utile à la propagande de Poutine.

Parmi les élites russes, elle est prise au pied de la lettre.

Dans les territoires occupés, la Russie veut mettre en place le manuel soviétique de « déshitlérisation ».

Auteur
Guillaume Lancereau
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© Vitaliy Ankov

En 1922, le Commissariat du peuple pour les Affaires étrangères (NKID) fonda la revue La Vie internationale. Elle parut jusqu’en 1930, fut interrompue sous Staline, puis restaurée par Viatcheslav Molotov en 1954.

Depuis lors, la publication s’est poursuivie sans interruption.

Le dernier numéro en date de cette revue, celui d’octobre 2025, était consacré aux quatre-vingts ans de l’Organisation des Nations unies. Divers acteurs du ministère des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, à commencer par le ministre Sergueï Lavrov, ont eu maintes occasions depuis le début de l’année d’insister sur la fidélité de la politique étrangère russe aux principes fondateurs des Nations unies, que les pays d’Occident trahiraient éhontément.

Pourtant, l’essentiel est ailleurs.

Ce numéro contient un article moins remarqué écrit par une quasi-inconnue : Irina Gratcheva. Employée du ministère de la Défense, elle est experte au Rospatriotcentr, un centre d’initiatives éducatives à caractère « patriotique ». 

Gratcheva est une ancienne professeure d’éducation physique. Cela n’a pas empêché le ministère de lui confier la direction du département de recherche de l’Université militaire Alexandre Nevski, rattachée au ministère de la Défense, ainsi que la rédaction d’un article pour le moins singulier.

Sous l’intitulé « L’expérience soviétique de mise en œuvre de la dénazification dans la zone d’occupation soviétique en Allemagne », il propose en filigrane une véritable feuille de route de « dénazification » de l’Ukraine — inspirée par les purges et le matraquage idéologique de 1945-1949, qui se poursuivirent de 1949 à 1990 en RDA. 

On sait que la guerre menée par la Russie est toujours présentée dans les sphères officielles comme une « opération militaire spéciale visant à la démilitarisation et à la dénazification de l’Ukraine » : c’est encore ainsi qu’Ioulia Jdanova l’a présentée lors de son allocution du 22 octobre au Forum pour la coopération en matière de sécurité de l’OSCE.

On sait moins à quel point les autorités russes prennent cette notion de « dénazification » au sérieux. 

À en croire le principal organe de presse du ministère des Affaires étrangères, il ne s’agit pas que d’un élément rhétorique, mais bien d’un programme d’avenir.

L’expérience des répressions dans les territoires ukrainiens occupés confirme d’ailleurs que la Russie n’a guère d’autre vision — malgré les déclarations inspirées de ses hauts responsables — que le dressage des esprits et la lustration de tout ce qui ne s’incline pas devant Vladimir Poutine.

Une fois encore, toutes les discussions diplomatiques et politiques qui ne perçoivent l’occupation russe que sous l’angle de la « sécurité » et des « sphères d’influence » oublient que le régime russe entend bien mener une poutinisation de l’Ukraine aussi radicale que l’a été la « déshitlérisation » de l’Allemagne.

Dans son message à la nation du 24 février 2022, date du déclenchement de l’opération militaire spéciale, le président de la Fédération de Russie et commandant en chef des forces armées russes, V. V. Poutine, a défini la dénazification de l’Ukraine comme l’un des principaux objectifs de cette opération 1

Il nous semble que les perspectives d’accomplissement de cet objectif seraient plus réalistes si nous savions tirer parti de la riche expérience acquise par les organes d’État et le commandement militaire de l’Union soviétique au sortir de la Deuxième Guerre mondiale, lorsqu’il s’agit de résoudre une tâche analogue sur la portion du territoire allemand occupée par l’Armée rouge.

Après la capitulation de l’Allemagne, les pays membres de la coalition antihitlérienne instituèrent le 5 juin 1945 un organe spécial d’administration : le Conseil de contrôle interallié, composé des commandants en chef des troupes d’occupation de quatre États : l’URSS, les États-Unis, la Grande-Bretagne et la France. Les lois, ordonnances et directives du Conseil s’imposaient à toutes les administrations militaires établies par ces États dans leurs zones d’occupation respectives. 

Dans le cadre de la problématique qui nous occupe, il faut tout d’abord évoquer les principales lois adoptées par le Conseil en 1945 : la loi n°1 du 20 septembre sur l’abrogation des lois nazies ; la loi n°2 du 10 octobre sur la suppression et la liquidation des organisations nazies, qui prévoyait la dissolution du NSDAP et de toutes les structures affiliées ; la loi n°8 du 30 novembre sur l’annulation et l’interdiction de l’instruction militaire, préparant la démilitarisation de l’Allemagne ; enfin, la loi n°10 du 20 décembre relative au châtiment des personnes s’étant rendues coupables de crimes de guerre et de crimes contre la paix et l’humanité.

En 1946, le Conseil y ajouta encore deux directives importantes : l’éviction des nazis et autres personnes hostiles aux objectifs alliés des institutions et postes à haute responsabilité (12 janvier), puis l’arrestation et la punition des criminels de guerre, des national-socialistes et des militaristes, ainsi que l’internement, le contrôle et la surveillance des nazis potentiellement dangereux (12 octobre).

Toutes ces mesures s’appuyaient sur les décisions de la Conférence de Potsdam, qui prévoyaient l’abrogation des lois nazies, le jugement et la sanction des criminels fascistes et des criminels de guerre, ainsi que l’exclusion des nazis actifs et des autres personnes hostiles à la politique alliée de toutes les fonctions publiques et des postes à responsabilité dans le secteur privé.

Le 6 juin 1945, le Conseil des commissaires du peuple d’URSS institua, par le décret n°1326/301, l’Administration militaire soviétique en Allemagne (SVAG) en charge de la zone d’occupation soviétique. En sa qualité de haut-commandant, le maréchal Gueorgui Joukov prit aussitôt la tête de cette administration, tout en dirigeant les forces soviétiques d’occupation et en représentant l’URSS au sein du Conseil de contrôle interallié.

L’Administration militaire reçut une double mission : veiller à l’application des conditions imposées à l’Allemagne après sa capitulation sans réserve et administrer la zone d’occupation soviétique. C’est dans le cadre de ce deuxième objectif que la SVAG entreprit la dénazification de la société allemande, pensée comme partie intégrante de la dynamique de démocratisation de la zone soviétique d’occupation et de création d’une Allemagne nouvelle et régénérée. Les mesures qui s’ensuivirent visaient à éliminer les résidus de nazisme, à extirper l’idéologie nazie de la conscience collective et à empêcher toute résurgence de ces tendances.

Si la SVAG dut largement improviser, elle pouvait toutefois compter sur l’expérience des mesures de dénazification acquise au cours des derniers mois de la guerre et des premiers jours de l’occupation par les autorités militaires soviétiques — les conseils militaires du front, leurs commandements locaux et les émissaires du NKVD. Dès le 30 avril 1945, le général Nikolaï Berzarine, nommé commandant militaire de la capitale allemande, avait décrété la dissolution et l’interdiction du NSDAP et des organisations liées (Jeunesses hitlériennes, Ligue nationale-socialiste des femmes, Union des étudiants nationaux-socialistes allemands) et ordonné aux dirigeants de toutes les institutions du parti, de la Gestapo, de la gendarmerie, des services de sécurité, des prisons et d’autres administrations de l’État, ainsi qu’à tous les militaires allemands, membres des SS et des SA demeurés à Berlin, de se présenter au commandement militaire soviétique pour enregistrement.

La documentation disponible signale que les opérations de dénazification prirent une forme plus active et structurée après la capitulation allemande. On lisait ainsi dans une directive du 13 mai 1945 adressée aux commandants militaires des villes allemandes par le Conseil militaire et de direction militaire du 1er front ukrainien : « Extirper le venin nazi du corps de la nation allemande tout entière suppose le soutien direct et actif de la population allemande elle-même. Si le peuple allemand s’engage résolument sur cette voie, celle de la liquidation de tout l’héritage fasciste, il hâtera sa propre restauration en tant que peuple, égal des autres peuples du monde. »

On voit donc que la dénazification n’était pas conçue comme une opération limitée à l’identification des criminels nazis et des participants actifs des organes de l’État hitlérien, mais comme un travail titanesque d’agitation-propagande auprès d’une population contaminée par le poison nazi depuis la genèse du Troisième Reich. 

La Russie d’aujourd’hui ne se prive pas de pratiquer l’agitprop dans les territoires ukrainiens occupés, notamment à destination des enfants. Ces territoires ont même, dans certains cas, servi de terrain d’expérimentation de la propagande scolaire russe avant que les mêmes dispositifs ne soient étendus à la Fédération de Russie.

La même directive précisait : « Cette propagande doit susciter parmi la population allemande la haine du régime hitlérien, de ses inspirateurs et de ses dirigeants ; rétablir à ses yeux l’image de l’Union soviétique, expliquer les objectifs de l’Armée rouge en Allemagne ; réduire à néant les calomnies fascistes relatives à l’URSS et à l’Armée rouge ; informer sur les événements majeurs de la scène internationale ; diffuser les déclarations du camarade Staline sur l’Allemagne et le peuple allemand. »

La tâche était triple. Elle consistait à réfuter les rumeurs affirmant que l’Armée rouge exterminait la population civile, démontrer qu’il était dans l’intérêt même du peuple allemand de participer activement à la dénonciation des agents fascistes, des espions, des saboteurs et des membres de la Gestapo, et enfin démontrer que la catastrophe subie par l’Allemagne et sa défaite totale n’étaient que la conséquence logique de la politique prédatrice d’Hitler. Si le peuple allemand portait une part de responsabilité dans les épreuves terribles que l’Allemagne venait d’imposer au monde entier, la situation du moment n’était pas sans issue, à condition de rompre définitivement avec l’hitlérisme, l’idéologie de la domination mondiale, le racisme et le fascisme sous toutes leurs formes.

Ce passage dessine un horizon de sortie de guerre pour la population ukrainienne des territoires occupés : « Reconnaissez la grandeur de la Russie éternelle, tournez le dos à l’OTAN et l’Union européenne, les vrais responsables de vos malheurs ; parlez russe, bannissez l’ukrainien ; livrez toute personne collaborant avec l’armée ou les services de renseignement — alors, vous serez dignes de vivre. »

Dès ces premières directives relatives à la dénazification, on observe une stratégie différenciée de la part des autorités militaires soviétiques. Les mesures purement répressives étaient distinguées du travail politique de fond et de l’agitation-propagande. De même, ces documents appelaient à identifier et neutraliser les fascistes actifs sans inquiéter les simples membres du Parti national-socialiste, pour peu qu’ils se comportent loyalement vis-à-vis de l’Armée rouge.

Telle était donc la base de travail que trouva la SVAG, qui fit d’emblée de la dénazification une activité prioritaire des autorités soviétiques en zone occupée. Ses instructions se multiplièrent rapidement, d’autant plus que des divergences se firent jour au sein des puissances de la coalition antihitlérienne et que les membres du Conseil de contrôle interallié se mirent à suivre les orientations de leurs propres gouvernements plutôt que les décisions collectives du Conseil. 

On assista alors à une intensification sans précédent des recherches et des poursuites engagées dès l’irruption des troupes de l’Armée rouge sur le territoire de l’Allemagne contre les dirigeants du Parti national-socialiste, de ses diverses organisations, de la Gestapo, des SS, SA, SD, mais aussi contre les nazis occupant des postes à haute responsabilité dans l’administration et dans certains secteurs clefs de l’économie. Les organes de la SVAG mirent bientôt sur pied de véritables « commissions de dénazification » : début 1947, on en comptait déjà 262 dans la zone d’occupation soviétique, avec 1 512 employés.

Il s’ensuivit une réorganisation du système judiciaire dans une perspective démocratique. Le 4 septembre 1945, le maréchal Joukov ordonna d’exclure des tribunaux allemands les anciens membres du parti nazi et toute personne ayant appliqué la politique répressive du régime hitlérien. Au 31 décembre de la même année, 10 475 personnes avaient déjà été révoquées de ces organes judiciaires, remplacées par des juges et procureurs non affiliés au parti nazi, quelques cadres du Parti socialiste unifié d’Allemagne disposant d’une formation juridique, mais aussi par des juristes tout juste sortis des cours régionaux de droit spécialement institués à cette fin.

Le 8 septembre 1945, Joukov décréta également « la saisie de la littérature nazie et militariste ». Instruction était ainsi donnée à tous les libraires, éditeurs, propriétaires de bibliothèques privées et particuliers de remettre l’ensemble des titres relevant de ces catégories aux Kommandanturen de la SVAG avant le 1er octobre.

En reprochant aux autorités russes de ne guère vouloir s’inspirer de l’exemple soviétique, l’autrice de l’article semble peu charitable. Il n’y a pas à douter que chaque pouce de territoire conquis en Ukraine se trouvera instantanément soumis au régime de censure des livres, journaux, films, chansons et autres supports de diffusion culturelle dont la Russie a fait le pilier de sa « guerre informationnelle éternelle ».

Les 17 et 29 septembre, les ordres n°66 et n°79 de la SVAG abolirent les tribunaux d’exception et abrogèrent les lois discriminatoires considérées comme le pilier du régime hitlérien, dont celle portant interdiction de créer des partis politiques, les lois sur la protection de la pureté du sang et de l’honneur allemands, sur la jeunesse hitlérienne, sur les tribunaux spéciaux, sur la Gestapo, ainsi que le décret sur la preuve de l’origine allemande.

La comparaison avec la Russie d’aujourd’hui est particulièrement frappante, si l’on se souvient qu’il s’agit de facto d’un pays à parti unique, qui pratique activement la russification des territoires occupés en Ukraine — y compris en Crimée à l’égard des Tatars —, le déplacement forcé d’adultes et d’enfants, la répression des personnes LGBT ainsi que la discrimination religieuse, notamment vis-à-vis des mouvements protestants.

Enfin, l’ordre n°80 du 25 septembre 1945 déclara illégaux le NSDAP, ses détachements, les organisations associées ou sous sa direction, y compris les formations paramilitaires et les institutions fascistes. Toutes ces structures étaient instantanément dissoutes ; toute tentative de rétablissement devenait un crime pénal passible de peines sévères.

La problématique de la dénazification, particulièrement aiguë dans le domaine judiciaire, était loin de se limiter à cette sphère, comme le montre par exemple un rapport du NKVD sur la province de Mecklembourg et la Poméranie occidentale, adressé le 8 septembre 1945 au général Ivan Serov de la SVAG et faisant état d’une profonde infiltration d’éléments fascistes dans les structures locales de pouvoir — 36 fonctionnaires, rien qu’au niveau de l’administration provinciale, à des postes de bourgmestre, chef de village ou enquêteurs de police. Dès le 21 septembre, Joukov adressa une directive aux commandants militaires des régions, des villes et des quartiers indiquant que la purge des administrations locales dans les provinces de Thuringe et de Mecklembourg restait insuffisante et invitant à « prendre les mesures les plus résolues pour éliminer les éléments fascistes de tous les organes d’auto-administration ». Sa directive fut suivie d’effets immédiats : selon le rapport du directeur de l’administration soviétique de Thuringe, Ivan Kolesnitchenko, 218 nazis furent évincés dans le seul district de Meiningen avant le 1er octobre.

La Russie s’est déjà partiellement inspirée de cet exemple dans les régions de Donetsk et Louhansk, où de nombreux juges locaux ont été remplacés par des homologues venus de la Fédération de Russie, appliquant aveuglément les mesures répressives venues de Moscou. Plusieurs dizaines de citoyens ukrainiens ont ainsi été inculpés pour atteinte à la sécurité publique ou à l’autorité de l’État, certains d’entre eux ayant même trouvé la mort lors de leur arrestation. 

Il faut toutefois souligner que les responsables soviétiques, surtout ceux de rang inférieur, ne percevaient pas toujours les nuances entre les différentes forces politiques allemandes, ce qui entraîna parfois des arrestations d’innocents, voire d’adversaires avérés du régime nazi, comme le maire d’Eisenach, le docteur Fresdorf. L’union régionale du Parti social-démocrate adressa aussitôt une lettre à la direction de l’administration soviétique pour demander sa libération. 

L’autrice « omet » ici de souligner qu’Ernst Fresdorf — dont la trajectoire politique est en réalité assez complexe et, pour dire le moins, nuancée — dut à cette petite méprise soviétique cinq ans d’internement au camp spécial numéro 2 de  Buchenwald, créé à l’emplacement de l’ancien camp de concentration.

Fin 1945, avec l’intensification des épurations, les directives soviétiques instituèrent une vérification systématique des responsables des institutions administratives, des magistrats et des procureurs, en interdisant désormais aux commandants de les révoquer, de les nommer ou de les placer en état d’arrestation sans l’autorisation expresse du chef de l’administration soviétique régionale.

Si les nouvelles autorités s’étaient fixé la date du 1er décembre 1945 comme terme de ces opérations de vérification et d’épuration, le délai se révéla intenable. Ses résultats n’en étaient pas moins palpables. Au 1er janvier 1947, le rapport adressé par les Soviétiques au Conseil de contrôle interallié faisait état de 83 571 personnes licenciées ou interdites d’activité dans les organes allemands d’administration locale, 25 613 dans la police, 9 818 dans les tribunaux et les parquets. À cette date, la dénazification avait entraîné l’internement de 150 000 anciens membres des SS, de la Gestapo, des services de sécurité des SS et des cadres du Parti nazi, dont 17 000 furent condamnés à diverses peines de prison. Surtout, les autorités ne se contentaient pas d’écarter les nazis déclarés ou dissimulés : elles tâchaient aussi d’identifier parmi la population allemande des cadres antifascistes susceptibles de les remplacer.

Des opérations de cette envergure ne pouvaient être mises en œuvre sans un certain nombre d’erreurs tactiques ou d’approximations. Tout d’abord, l’application locale des instructions du commandant en chef de la SVAG pouvait varier d’un Land ou d’une province à l’autre. De plus, l’absence de système d’enregistrement individuel des nazis exclus des organes d’administration, de police, de la justice, de l’éducation, de la presse et des entreprises industrielles permit à certains d’entre eux de retrouver ailleurs des postes à responsabilité. Enfin, le caractère soi-disant irremplaçable de certains responsables ralentit considérablement l’exécution des décisions relatives à l’exclusion des anciens nazis. Les organes dirigeants de la SVAG surent toutefois tenir compte des difficultés rencontrées sur le terrain et apporter les corrections nécessaires à leur entreprise de dénazification, ce qui leur permit, en définitive, de la mener à bien. 

Les commissions de dénazification furent dissoutes par ordre du commandant en chef de la SVAG le 26 février 1948, après avoir purgé le système administratif, les directions d’entreprises et les autres institutions allemandes d’environ 520 000 anciens membres du Parti nazi, criminels de guerre et agents militaristes.

En dépit des erreurs parfois commises au cours de ce travail de dénazification, les autorités soviétiques ont donc posé entre 1945 et 1948 les principaux jalons d’une réelle transformation démocratique de l’Allemagne de l’Est. L’expérience acquise par les autorités soviétiques d’occupation dans la dénazification de l’Allemagne semble donc particulièrement riche et pertinente, à l’heure où les organes de gouvernement et de commandement militaire de la Fédération de Russie doivent entreprendre une tâche analogue dans les territoires arrachés, à la faveur de l’opération militaire spéciale, à la domination du régime néonazi de Kiev. Il est regrettable que cette expérience n’ait, pour l’heure, été mise à profit que de manière limitée.

Sources
  1. « Обращение Президента Российской Федерации », Présidence de la Russie, 24 février 2022.
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