Depuis septembre, le JNIM (ou GSIM pour Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans) impose un blocus sur le sud du Mali, dont la capitale Bamako, bloquant notamment l’approvisionnement de la ville de 3,2 millions d’habitants en carburant.
- Le JNIM est une coalition djihadiste sahélienne issue de la fusion en mars 2017 d’Ansar Dine, de la katiba Al‑Mourabitoun, de l’aile saharienne d’AQMI et de la katiba Macina. Fidèle à Al‑Qaïda, elle est dirigée par le Malien Iyad Ag Ghali.
- Le groupe étend sa présence sur un modèle étatique décentralisé, imposant la charia, taxant les populations et exploitant les économies illicites. Ces dernières années, il est devenu la filiale d’Al-Qaïda la plus armée du Sahel.
- Celui-ci se finance et s’arme également en capturant des otages et en exigeant des rançons en liquide et en armes.
L’Armed Conflict Location & Event Data (ACLED) a recensé plus de 600 attaques du JNIM au Mali depuis le début de l’année. Celles-ci visent aussi bien l’armée régulière malienne que des populations civiles ou bien les mercenaires russes de l’Africa Corps, l’organisation paramilitaire ayant pris le relais de Wagner suite à son retrait du pays en juin.
En resserrant l’étau autour du pouvoir, le JNIM espère saper la confiance de la population dans la junte qui a pris le pouvoir en 2021 — mettant par la même occasion en lumière l’incapacité de Moscou à améliorer la situation sécuritaire du pays.
- Le partenariat militaire entre la junte et les groupes de mercenaires russes s’est révélé inefficace pour mettre fin au contrôle territorial des groupes djihadistes au Sahel (aussi bien au Mali qu’au Niger ou au Burkina Faso).
- En 2023, les forces armées de la junte au pouvoir ainsi que le groupe Wagner, fondé par Evgueni Prigojine, avaient provoqué la mort de plus de civils au Mali que les groupes djihadistes.
- Plutôt qu’engager une tentative frontale de destitution de la junte, le JNIM semble déterminé à poursuivre sa lente asphyxie.
- Cette stratégie pourrait fonctionner. Le blocus sur les importations de carburant de la capitale provoque des pertes économiques considérables et impacte directement la population.
- Le chercheur du Timbuktu Institute Bakary Sambela estime ainsi que la confiance en la junte « commence à s’éroder face à l’impossibilité du régime militaire de tenir sa promesse de sécurité » 1.
Sources
- « Mali : asphyxiée par les jihadistes, la junte est aux abois », Jeune Afrique, 7 novembre 2025.