Sur 10 barils de pétrole brut russe exportés vers l’étranger, près de 9 sont à destination de ports asiatiques. À elle seule, l’Inde représente plus du tiers (environ 36 %) du pétrole russe importé dans le monde depuis le début de l’année.

Les sanctions américaines imposées le 22 octobre sur Lukoil et Rosneft semblent avoir conduit à une chute des achats.

  • Les données compilées par Bloomberg, qui reposent sur le suivi des itinéraires des pétroliers, indiquent que les importations indiennes durant la période de quatre semaines s’achevant au 26 octobre devraient représenter 0,8 million de barils par jour — contre 1,6 million le mois dernier.
  • Une part importante des 1,5 million de barils dont la destination reste inconnue devrait toutefois finir par être déchargée en Inde et en Chine, comme cela a été le cas par le passé, ce qui soutiendra les importations indiennes.
  • Placés sous sanctions, de nombreux navires russes ont fréquemment recours à des stratégies de brouillage de leurs signaux AIS et à la falsification de leurs itinéraires.

Plutôt que de regarder les destinations des navires ayant déjà quitté les ports russes, les achats et commandes de pétrole placées par les raffineurs indiens suggèrent toutefois que ces derniers recherchent activement des alternatives au brut de Moscou, dans l’attente d’une clarification de la position du gouvernement indien.

  • Depuis l’annonce des sanctions, les raffineurs indiens — Bharat Petroleum et Hindustan Petroleum notamment — se sont retirés du marché du brut de l’Oural.
  • De son côté, le raffineur public Indian Oil a signalé aujourd’hui, mardi 28 octobre, son intention de poursuivre ses achats tant que le pétrole russe lui-même n’était pas sanctionné.
  • Dans un communiqué, celui-ci argue : « Ce sont les entités et les compagnies maritimes qui font l’objet de sanctions » 1.
  • Le principal acheteur indien privé de pétrole brut russe, Reliance, qui dispose d’un contrat à terme avec Rosneft, a quant à lui acheté ces derniers jours plusieurs millions de barils provenant du Golfe (Arabie saoudite, Qatar et Irak) et des États-Unis 2.
  • La plupart de ces commandes devraient arriver dans les ports indiens d’ici décembre ou janvier.

Lukoil a annoncé hier, lundi 27 octobre, son intention d’examiner les offres d’acquisition de ses filiales et actifs internationaux visés par les sanctions. Le Trésor américain a autorisé les transactions avec l’entreprise jusqu’au 21 novembre, après quoi celles-ci seront considérées comme relevant d’une violation des sanctions.

  • Un arrêt des importations indiennes de pétrole russe pourrait représenter une perte de près de 20 % des revenus énergétiques de Moscou.
  • Estimé sur la base de la part représentée par New Delhi dans le total des exportations sur la période janvier-octobre 2025, ce chiffre représente environ 22 milliards d’euros par an, ou 2 000 milliards de roubles.
Sources
  1. Nidhi Verma, « Many Indian refiners pause new Russian oil orders, await clarity », Reuters, 28 octobre 2025.
  2. Yongchang Chin, Serene Cheong et Rong Wei Neo, « India’s Reliance Snaps Up Mideast Oil After Russia Sanctions », Bloomberg, 24 octobre 2025.