Économie russe : face à une inflation persistante, les Russes délaissent les œufs de saumon

Les œufs de poisson sont l’un des mets les plus appréciés en Russie, notamment durant les fêtes de fin d’année, et ceux de saumon sont les plus consommés. Or, on observe depuis quelques années une popularité croissante des œufs « blancs », provenant de poissons moins nobles comme le hareng, le colin ou la morue.

• La vente de ces œufs blancs a augmenté de près de 30 % entre septembre 2024 et août 2025.
• Ils représentent désormais 26,5 % des ventes d’œufs de poissons en Russie, contre 21,5 % il y a deux ans.
• La part des œufs de saumon a quant à elle diminué de 6,6 points entre 2023 et 2025, passant en-dessous de la barre des 50 %, selon les données du cabinet Nielsen ¹.

Les œufs blancs coûtent en moyenne dix fois moins cher que les rouges, dont le prix a considérablement augmenté depuis l’an dernier — et pourrait croître davantage d’ici la fin de l’année en raison d’une hausse de la demande. Bien que la mauvaise pêche des saumons au cours de la saison 2024 soit en cause, la hausse des coûts de production (logistique, maintenance des équipements, salaires…) y contribue elle aussi fortement ².

• Si l’inflation est en baisse par rapport à son pic atteint au printemps 2022, après l’invasion de l’Ukraine, elle demeure à un niveau élevé : 8 % en septembre, soit le double de la cible de 4 % fixée par la Banque de Russie.
• Lorsque l’on regarde la hausse des prix de la nourriture, ce chiffre est en réalité proche de 10 % — en baisse de 3 points par rapport à son pic récent atteint en avril.
• Dans son communiqué publié vendredi 24 octobre suite à une baisse de 0,5 point de base de son taux directeur, la banque centrale russe s’est dite confiante de pouvoir ramener le taux d’inflation à 4-5 % l’an prochain ³.

Depuis le printemps 2024, les prix de la nourriture ont augmenté plus rapidement que ceux des autres biens de consommation en Russie. Au cours de l’été, alors que le prix des pommes de terre frôlait les 100 roubles par kilo (1,10 €), le ministère de l’Agriculture a tenté d’imposer dès 2026 un prix fixe dans les contrats à long terme entre les producteurs et les distributeurs afin de stabiliser les prix de certaines denrées. Cette proposition, aujourd’hui en discussion, a fait l’objet d’un rejet initial par Association des entreprises de commerce de détail (АКОРТ) ⁴.

Le pouvoir d’achat est particulièrement impacté par le ralentissement de l’économie russe. 

• Celle-ci est vulnérable face à une diminution du prix du baril de brut — elle-même susceptible de contribuer à une hausse de l’inflation — qui pourrait être accélérée par les récentes sanctions américaines et européennes.
• Selon l’enquête annuelle réalisée par l’institut Gallup publiée aujourd’hui, lundi 27 octobre, près d’un tiers (31 %) des Russes déclarent avoir eu du mal à se procurer de la nourriture au cours des 12 derniers mois en raison d’un manque de ressources.
• Tandis que les deux-tiers (66 %) des 20 % les plus riches déclarent « vivre confortablement » avec leurs revenus actuels, ce chiffre n’est que de 25 % pour les 20 % les plus pauvres ⁵.