Lorsque Bassirou Diomaye Faye a été élu en 2024 à la présidence du Sénégal, il a lancé un audit approfondi des finances publiques. Un rapport détaillé de la Cour des comptes du Sénégal a été publié en février 2025 1.

  • Depuis, les conclusions de ce document sont progressivement vérifiées et acceptées par le FMI.
  • Elles révèlent une fausse déclaration d’une ampleur gigantesque : de 2019 à 2023 2, le déficit budgétaire du pays a été en moyenne supérieur de 5 % du PIB à ce qui était déclaré chaque année.

En termes d’endettement, la correction de cette fausse déclaration conduit à un ratio dette/PIB supérieur de +25 % aux chiffres annoncés. Cette fraude à la dette a eu lieu de toutes les manières possibles, auprès des créanciers nationaux, internationaux, officiels et privés.

  • De plus, à la suite du rapprochement exhaustif mené par Forvis Mazars depuis l’audit public, le stock de la dette publique centrale a été révisé de 74 % à 100 % du PIB à la fin de 2023. 
  • Cette révision reflète principalement des passifs non divulgués auparavant.
  • À la fin de 2024, les statistiques révisées de la dette montrent que la dette publique centrale avait atteint 118,8 % du PIB.

Ce qui est encore plus impressionnant, c’est que le Sénégal devrait être l’un des pays soumis à la surveillance multilatérale la plus stricte — mettant en évidence un échec généralisé et embarrassant de la surveillance à tous les niveaux institutionnels possibles.

  • Premièrement, le Sénégal fait partie de la CEDEAO et de l’Union économique et monétaire ouest-africaine.
  • Il est à ce titre soumis à des obligations strictes en matière de communication de données et de contrôle, notamment vis-à-vis de sa Banque centrale, la BCEAO.
  • Selon des sources proches du dossier, certaines voix courageuses au sein de l’institution auraient tiré la sonnette d’alarme — en vain.
  • Deuxièmement, l’ancrage à l’euro est garanti par le Trésor français et devrait donc justifier que le gouvernement français, la Banque de France ainsi que son bras officiel et politique de prêt bancaire aient un accès privilégié aux données fiscales et une longue histoire de coopération et d’assistance technique. 
  • Celle-ci aurait permis la mise en place de systèmes d’alerte précoce. 

Plus encore, la politique de change de l’euro relève de la compétence du Conseil Affaires économiques et financières (ECOFIN) : on aurait pu espérer, étant donné que la BCE et l’ECOFIN approuvent en fin de compte l’ancrage du franc CFA à l’euro, que cela créerait une surveillance supplémentaire.

Enfin — et ce n’est pas le moins important —, pendant tout ce temps, le Sénégal a fait l’objet de programmes successifs du FMI, avec des échanges d’informations approfondis et des missions fréquentes sur place.

Sources
  1. Audit du rapport sur la situation des finances publiques. Gestions de 2019 au 31 mars 2024, Cour des comptes, février 2025.
  2. Macky Sall a été élu en 2012, mais l’audit ne remonte pas aussi loin.