Malgré 1 000 milliards de dollars de promesses d’investissements, OpenAI peine à trouver un modèle économique

Il y a six ans, en 2019, alors qu’il venait tout juste de prendre la tête d’OpenAI, Sam Altman avait déclaré lors d’un entretien à une question portant sur le modèle économique de l’IA : « Pour être honnête, nous n’en avons aucune idée. Nous n’avons jamais généré de revenus. Nous n’avons actuellement aucun projet en ce sens. Nous ne savons pas comment nous pourrions un jour générer des revenus » ¹.

La start-up qui développe ChatGPT est aujourd’hui valorisée à hauteur de 500 milliards de dollars — mais n’a toujours pas développé de modèle économique.

• Plus de 750 millions de personnes utilisaient régulièrement ChatGPT en juillet, soit près de 10 % de la population mondiale, selon des chercheurs d’OpenAI.
• Tandis que l’entreprise ne s’attend pas à réaliser des profits d’ici 2029, un rapport du MIT avait révélé en août que seulement 5 % des projets pilotes d’IA intégrée génèrent des millions de dollars de valeur.

Selon plusieurs personnes au courant des discussions, OpenAI serait en train de développer une stratégie qui lui permettrait d’honorer ses récentes promesses d’investissement en matière d’infrastructure et de puissance de calcul — dont le montant annoncé dépasse les 1 000 milliards de dollars.

• Ce plan incluerait notamment de nouveaux services personnalisés pour les gouvernements et les entreprises, de la publicité en ligne ainsi que des produits grand public, comme un assistant personnel alimenté par IA ².
• La start-up envisage également de proposer dès le mois de décembre à ses utilisateurs des formules payantes pour interagir avec le chatbot dans un contexte « érotique » — ce qui était jusqu’à présent bloqué afin d’éviter les abus ³.
• Le nouveau réseau social de partage de vidéos générées par IA, Sora, dont une deuxième version a été lancée en septembre, ainsi que le moteur de recherche Atlas, dévoilé mardi 21 octobre, pourraient également devenir des sources de revenus pour OpenAI.

L’absence de modèle économique viable n’a pas freiné les investissements dans l’intelligence artificielle, qui continuent de croître et devraient dépasser les 200 milliards de dollars d’ici la fin de l’année, soit 10 fois plus que le montant investi en 2000 avant l’éclatement de la bulle Internet. 

Selon l’ancienne directrice générale adjointe du FMI, Gita Gopinath, un éclatement de la bulle de l’IA pourrait entraîner une perte de 35 000 milliards de dollars pour les investisseurs sur les marchés boursiers (20 000 pour les Américains, et 15 000 pour les investisseurs étrangers) ⁴.

• Les investissements dans l’IA se font au détriment d’entreprises et start-ups spécialisées dans d’autres domaines : les entreprises de l’IA ont ainsi reçu 65 % du capital versé par les investisseurs au cours du premier semestre de l’année ⁵.
• La semaine dernière, le FMI a mis en garde dans son dernier rapport contre le risque d’une déception liée aux bénéfices de l’IA pour l’économie mondiale.
• Tandis que l’économie — et notamment les marchés — américaine continue de croître à un rythme soutenu, ses performances sont de plus en plus liées aux avancées du secteur de l’IA, qui peine pour l’heure à générer des bénéfices et dont les effets réels sur le marché du travail et la productivité restent incertains ⁶.