L’administration Trump a entrepris plusieurs efforts visant à favoriser les élus républicains lors des élections de 2026 depuis le mois de janvier :
- en contraignant les États à partager leurs registres électoraux avec le département de la Justice ;
- en appelant le département du Commerce à procéder à un nouveau recensement (ce qui serait illégal) :
- en cherchant à interdire le vote par correspondance ;
- ou encore en procédant à un redécoupage très controversé des districts électoraux dans plusieurs États rouges.
La Cour suprême américaine devrait se prononcer d’ici l’été prochain sur ce dernier point, en rendant sa décision sur une affaire susceptible de favoriser grandement le Parti républicain lors des prochaines élections de mi-mandat, qui auront lieu en novembre 2026. Mercredi 15 octobre, la juridiction a entendu des arguments — pour la deuxième fois depuis mars — sur Louisiana v. Callais.
- Cette affaire porte sur la section 2 du Voting Rights Act (VRA) de 1965, une loi promulguée sous Lyndon Johnson qui vise à interdire les discriminations raciales lors des élections.
- Suite au recensement de 2020, une nouvelle carte électorale a été utilisée pour les élections de 2024 en Louisiane après qu’un groupe d’électeurs ait intenté un procès en vertu de la section 2 du VRA en raison d’un déficit de représentation des personnes noires.
- Toutefois, en février 2024, un groupe se revendiquant comme des « électeurs non afro-américains » a lui aussi intenté un procès contre l’État contestant la décision de justice, arguant qu’ils étaient « victimes de discrimination » en raison de l’utilisation explicite de la race dans la nouvelle carte.
Les juges conservateurs de la Cour suprême ont laissé entendre lors de l’audience du mercredi 15 qu’ils étaient susceptibles de remettre en cause la section 2 du VRA.
- Sur les six districts électoraux de l’État, quatre ont été remportés par des élus républicains lors des dernières élections, parmi lesquels le speaker Mike Johnson et le leader de la majorité républicaine Steve Scalise.
- Selon Nate Cohn, Louisiana v. Callais pourrait conduire à la création de six circonscriptions à majorité républicaine en Louisiane, où les candidats démocrates à la présidence obtiennent généralement autour de 40 % des votes 1.
Dans le Sud du pays, la décision de la Cour suprême et les autres efforts républicains de redécoupage électoral pourraient faire basculer entre 12 et 19 sièges du côté du GOP en 2026, soit assez pour assurer un maintien du contrôle républicain de la Chambre lors de la prochaine législature 2.
- En plus de la Louisiane, l’Alabama, le Mississippi, la Caroline du Sud et le Tennessee, sous la pression de l’administration, pourraient tenter de supprimer toutes les circonscriptions démocrates.
- À la fin de l’été, la Maison-Blanche a nommé la conspirationniste Heather Honey au poste de sous-secrétaire adjointe chargée de l’intégrité électorale au sein du département de la Sécurité intérieure.
- Honey avait notamment joué un rôle central dans la tentative de renversement par Donald Trump et ses alliés du résultat des élections de 2020.
Sources
- Nate Cohn, « The Supreme Court Case That Could Hand the House to Republicans », The New York Times, 15 octobre 2025.
- What Happens in the South Doesn’t Stay in the South : Louisiana v. Callais:The Supreme Court Case That Could Enable Republicans To Rig Congress, Fair Fight Action, 8 octobre 2025.