La marine chinoise multiplie les manœuvres de grande ampleur autour de l’Australie et de Taïwan, tandis que de plus en plus d’incidents impliquant des navires de la flotte fantôme russe  — qui naviguent sous des pavillons de complaisance — ont été recensés ces derniers mois en mer Baltique et dans l’Atlantique. 

  • La Russie est accusée d’utiliser ces navires pour mener des opérations de sabotage et servir de plateforme de lancement de drones.
  • Face à une menace accrue qui pèse sur les câbles sous-marins, aéroports ou sites militaires, le Parlement estonien a approuvé en avril une nouvelle loi visant à doter la marine de pouvoirs accrus en matière d’usage de la force en mer contre des navires civils perçus comme menaçant les infrastructures critiques.
  • Le gouvernement danois a aussi annoncé lundi 6 octobre renforcer ses contrôles de navires transitant et mouillant dans ses eaux territoriales, avec une attention particulière portée sur les navires anciens, qui composent la majeure partie de la flotte fantôme russe 1.

La présence d’escortes militaires russes autour de certains navires fantômes laisse peu de doutes quant à l’importance accordée par le Kremlin, d’une part en raison des revenus générés par les exportations de pétrole mais également car ces derniers sont suspectés de jouer un rôle actif dans les activités de déstabilisation 2.

  • En Allemagne, l’équipage d’un cargo russe a été arrêté le mois dernier alors qu’il naviguait sur le canal de Kiel suite à des soupçons d’espionnage par drone aux alentours de sites sensibles.
  • S&P Global estime que les navires fantômes représentent près d’un cinquième (19 %) de la flotte mondiale de pétroliers 3.
  • Le rythme de changement de pavillons — une stratégie visant à éviter les sanctions — s’est quant à lui accéléré ces dernières années : on recense un nouveau drapeau pour les navires sous sanctions tous les 45 jours, contre 120 jours en 2023 4.

Tout comme la Russie, la Chine semble elle aussi vouloir mettre à profit sa flotte commerciale afin de poursuivre des activités militaires. Selon un rapport des services de renseignements américains consulté par ABC, Pékin modifierait ses cargos pour transporter des chars d’assaut et ainsi prendre part à de potentielles opérations amphibies 5.

Le ministère de la Défense taïwanais se prépare à faire face à une invasion chinoise dès 2027.

  • Il s’agit également de l’année au cours de laquelle l’armée chinoise devait devenir une force « moderne », afin de marquer le centenaire de la fondation de l’Armée populaire de libération, selon la volonté de Xi Jinping.
  • L’an dernier, le nombre de violations de la zone d’identification de défense aérienne taïwanaise par des avions de l’armée chinoise a presque doublé, passant de 3 075 incursions signalées contre 1 703 en 2023.
  • L’accentuation de la pression chinoise contre Taïwan se traduit également par des activités de guerre hybride. Depuis le début de l’année, au moins deux câbles sous-marins reliant l’île à la Chine et aux États-Unis ont été endommagés par des navires chinois.
  • À la fin du mois de février, les gardes-côtes taïwanais ont pris sur le vif un cargo civil chinois en train de couper un câble de télécommunications 6.
Sources
  1. Regeringen styrker miljøtilsyn med tankskibe ved Skagen Red, Ministère de l’Environnement danois, 6 octobre 2025.
  2. Олександра Іванова et Олександр Куницький, « Міноборони Фінляндії : ЗС РФ супроводжують тіньові танкери », Deutsche Welle, 25 mai 2025.
  3. « The flashing red threat from Russia’s dark fleet », The Economist, 30 septembre 2025.
  4. Bridget Diakun, « Flag hopping hits unprecedented levels among sanctioned fleet », Lloyd’s List, 25 avril 2025.
  5. Henry Zwartz, « Classified US intelligence warns of China’s preparations for Taiwan invasion », ABC, 28 septembre 2025.
  6. Kathrin Hille, « Taiwan catches Chinese-owned ship in act of cutting subsea cable », Financial Times, 25 février 2025.