Guerre hybride russe : les dirigeants européens se réunissent à Copenhague pour deux sommets

Les 27 dirigeants des États membres de l’Union se réunissent aujourd’hui, jeudi 1er octobre, à Copenhague pour une rencontre informelle qui sera suivie le lendemain, vendredi 2, par le septième sommet de la Communauté politique européenne (CPE), un format lancé en 2022 qui réunit les membres de l’Union ainsi qu’une vingtaine de pays européens.

Les mesures de sécurité ont été considérablement renforcées dans la capitale danoise suite à la détection de plusieurs drones au-dessus de « plusieurs sites militaires » et des aéroports. 

• Des engins autonomes ont été aperçus au-dessus d’au moins sept aéroports et bases militaires danoises entre le 22 et le 27 septembre, conduisant le ministère des Transports à interdire tous les vols de drones civils du 29 septembre au 3 octobre ¹.
• Plusieurs pays parmi lesquels la France, l’Allemagne, la Suède et la Norvège – mais aussi les États-Unis – ont dépêché ces derniers jours des moyens anti-drones, des hélicoptères et des systèmes radars sur le sol danois afin de contribuer à la sécurité des sommets.
• Kiev a « offert son expertise » en matière de lutte anti-drones à Copenhague, tandis que Berlin a également déployé une frégate à proximité afin de surveiller l’espace aérien.

Mette Frederiksen n’a pas exclu que la violation de l’espace aérien danois s’inscrivait dans le cadre de la guerre hybride menée par la Russie contre l’Europe, sans pour autant accuser directement Moscou. Le Premier ministre suédois, Ulf Kristersson, a quant à lui déclaré lundi 29 septembre : « La Russie nie tout cela, mais il est clair que la probabilité qu’il s’agisse de cibler des pays soutenant l’Ukraine est assez élevée » ².

• Selon des informations des services de renseignement ukrainiens partagées par Volodymyr Zelensky dimanche 28 septembre, la Russie utiliserait des pétroliers de sa flotte fantôme pour lancer des drones contre les pays européens ³.

Si Kiev n’a, pour l’heure, pas partagé de détails sur ces informations, l’implication de la flotte fantôme russe dans les opérations de guerre hybride du Kremlin en Baltique a également été dénoncée par le dirigeant finlandais Petteri Orpo.

• Suite à l’endommagement du câble sous-marin Estlink 2 en décembre 2024 par un pétrolier battant pavillon des Îles Cook suspecté d’appartenir à la flotte russe, le Premier ministre finlandais avait déclaré : « Nous avons été témoins de ces incidents en mer Baltique. Nous avons été témoins d’actes de sabotage en Europe. Nous ne sommes donc pas en guerre, mais nous sommes attaqués » ⁴.
• Une fois le navire entré dans les eaux finlandaises, Orpo avait autorisé les forces spéciales à intervenir pour en prendre le contrôle — une opération sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale.
• Les endommagements successifs de gazoducs et de câbles sous-marins depuis 2022 en mer Baltique (Nord Stream, Balticconnector, C-Lion1, Arelion…) ont conduit l’OTAN à renforcer sa présence dans la zone via le lancement en janvier d’une nouvelle activité de l’Alliance baptisée Baltic Sentry.

Le Conseil européen d’aujourd’hui est le premier rassemblement des dirigeants européens depuis la rentrée et il sera consacré aux questions de défense et au soutien à l’Ukraine. Le président Zelensky prendra part aux échanges à distance, avant de se rendre demain à Copenhague pour le sommet de la CPE.

• Les 27 devraient ainsi définir une stratégie et un plan d’action d’ici 2030, sur trois axes : le développement conjoint des capacités, le soutien au flanc oriental et la gouvernance. Le mur anti-drones sur le flanc Est, constitué en coordination et collaboration avec l’Ukraine, sera également en discussion. 
• La question du financement, alors que le Premier ministre grec Mitsotákis a déclaré qu’il existait actuellement une dynamique positive pour l’émission d’une nouvelle dette à l’échelle de l’Union pour la défense, sera à l’ordre du jour. 
• L’idée d’un prêt contracté pour l’Ukraine à partir des actifs russes gelés devrait aussi avancer. Hier, 30 septembre, la présidente de la Commission a déclaré : « Ce prêt ne serait pas versé en une seule fois, mais par tranches, et il serait assorti de conditions ».
• Elle a également ajouté qu’il n’y aurait « pas de saisie des actifs […] L’Ukraine devra rembourser le prêt si la Russie verse des réparations. L’agresseur doit être tenu pour responsable ».