Pour la première fois, Xi Jinping s’est engagé mercredi 24 septembre, dans le cadre de l’Assemblée générale des Nations unies, à un objectif « absolu » de réduction des émissions de gaz à effet de serre 1. Le président chinois a ainsi fixé une cible de réduction 7 à 10 % des émissions d’ici 2035 par rapport à leur pic — sans toutefois préciser quelle année servirait de référence —, tout en « s’efforçant de faire mieux ».

Faute d’avoir soumis sa contribution déterminée au niveau national (CDN) au secrétariat de l’ONU sur les changements climatiques, plusieurs détails demeurent inconnus à ce jour.

  • Dans son discours, Xi s’est engagé à atteindre 30 % d’énergies non-fossiles dans le mix énergétique primaire, à augmenter les stocks forestiers de 11 milliards de m³ par rapport à 2005 et à installer 3 600 GW de capacité éolienne et solaire d’ici 2035 2.
  • Le dirigeant chinois a également déclaré que les « véhicules à énergie nouvelle » seraient la « norme » d’ici dix ans pour les ventes de véhicules neufs, et que le marché national du carbone couvrirait toutes les « grandes industries à fortes émissions ».

L’objectif de réduction des émissions de tous les gaz à effet de serre, et non pas seulement du dioxyde de carbone (CO₂) marque une évolution importante dans l’approche climatique chinoise.

  • Pékin passerait ainsi d’une politique visant à « contenir » la hausse des émissions à un objectif imposant une baisse nette, qui pourrait survenir dès 2030 suite à un pic attendu par la plupart des prévisions pour 2028-2029 3.
  • Le passage d’un objectif mesuré par l’intensité carbone — un indicateur mesurant le rapport entre le volume d’émissions directes de gaz à effet de serre et le PIB — à un objectif absolu constitue également un tournant.

De nombreux experts ont toutefois critiqué l’ambition chinoise comme étant « limitée », plusieurs études estimant qu’une réduction minimale de 30 % des GES serait nécessaire pour que la Chine s’aligne sur la cible de 1,5°C fixée par l’Accord de Paris 4.

  • La cible de réduction de 7 à 10 % des émissions de gaz à effet de serre, trois à quatre fois inférieure à ce qui serait nécessaire pour limiter le réchauffement climatique, semble avant tout liée à des préoccupations économiques.
  • Les chiffres indiquant un ralentissement économique à l’échelle nationale ainsi que les perspectives de croissance à la baisse en 2025 et 2026 par rapport aux années précédentes conduisent le pouvoir chinois à adopter une approche prudente.
  • Ainsi, selon le Climate Action Tracker, un groupe de recherche, le nouvel objectif fixé par Xi pour 2035 « ne devrait pas permettre de réduire davantage les émissions, car la Chine est déjà en passe d’atteindre cet objectif grâce aux politiques qu’elle a mises en place » 5

Au cours du premier semestre 2025, les émissions de CO₂ chinoises ont diminué de 1 % en glissement annuel, prolongeant une tendance à la baisse observée pour la première fois au début de l’année 2024. Il y a cinq ans, Pékin s’était engagé à atteindre son pic d’émissions de CO₂ d’ici 2030 et à atteindre la neutralité carbone d’ici 2060.

Sources
  1. 习近平在联合国气候变化峰会发表视频致辞, Conférence consultative politique du peuple chinois, 25 septembre 2025.
  2. Anika Patel et Simon Evans, « What does China’s new Paris Agreement pledge mean for climate action ? », Carbon Brief, 25 septembre 2025.
  3. ZHANG, Xiaoye, ZHONG, Junting, ZHANG, Xiliang, et al., « China can achieve carbon neutrality in line with the Paris Agreement’s 2 C target : navigating global emissions scenarios, warming levels, and extreme event projections », Engineering, 2025, vol. 44, p. 207-214.
  4. China’s clean energy trends could cut emissions by 30 % in 2035 if sustained, CREA, 3 octobre 2024.
  5. China’s new target unlikely to drive down emissions, Climate Action Tracker, 25 septembre 2025.