À Gaza, dans une opération contestée au sein de l’armée, Israël peut-il atteindre ses objectifs ?

Près de deux ans après l’attaque du Hamas du 7 octobre 2023, le groupe terroriste détient toujours près de 50 otages dans la bande de Gaza, dont 20 seraient toujours en vie. En lançant une nouvelle offensive sur la plus grande ville de l’enclave, qui concentre un million d’habitants, Benyamin Netanyahou déclare vouloir « vaincre l’ennemi et évacuer la population ».

L’invasion de la ville par deux divisions de Tsahal risque de conduire à une hausse considérable du nombre de victimes civiles — sans aucune garantie de réussite de l’opération sur le plan tactique.

• Plusieurs dizaines de milliers de combattants israéliens progressent dans les faubourgs de la ville de Gaza depuis mardi 16 septembre.
• Leur objectif, fixé par le gouvernement, est de démanteler les infrastructures du Hamas, évacuer la population civile et libérer les otages.
• L’armée israélienne s’attend à faire face à 2 000 voire 3 000 combattants du groupe terroriste, qui seraient retranchés dans le centre de la ville ¹.

Environ 600 000 personnes vivent dans les décombres de la ville de Gaza ². Pour de nombreux Palestiniens, l’évacuation de leur foyer est aussi risquée que de rester dans la ville. La plupart ont d’ores et déjà subi plusieurs déplacements, tandis que les coûts pour se loger et se déplacer à Deir al Balah, une ville située à une quinzaine de kilomètres au sud de Gaza City, ont considérablement augmenté ³.

Les annonces faites par le commandement israélien ne laissent entrevoir que peu de changements dans sa stratégie par rapport au premier siège de la ville, qui s’était achevé en janvier avec un accord de cessez-le-feu.

• Tsahal n’est parvenu à détruire qu’un faible nombre de tunnels utilisés par le Hamas lors des bombardements israéliens.
• S’il est affaibli, le groupe terroriste s’est adapté en développant des tactiques de guérilla sur le champ de bataille ⁴.
• En janvier, les renseignements américains estimaient que le Hamas avait recruté presque autant de combattants qu’il n’en avait perdu face à l’armée israélienne.
• Une part importante de ces ceux-ci, qui sont toutefois pour la plupart peu expérimentés et entraînés, seraient retranchés en-dehors de la ville de Gaza, notamment à Deir al Balah.

Au cours d’un briefing mardi 16 septembre, le porte-parole de l’armée israélienne Effie Defrin a déclaré « qu’il faudra plusieurs mois pour prendre le contrôle de la ville de Gaza et plusieurs mois supplémentaires, voire plus, pour détruire les infrastructures de la ville » ⁵.

• Le chef d’état-major de Tsahal, Eyal Zamir, a lui-même remis en question l’offensive, à la fois en raison de son coût humain mais également car il estime que celle-ci a peu de chances d’atteindre son objectif ⁶.
• En raison de la mobilisation de plusieurs dizaines de milliers de réservistes supplémentaires, le coût politique associé à l’opération israélienne pourrait également être plus élevé pour le gouvernement de Netanyahou.
• La semaine prochaine, plusieurs pays occidentaux dont la France, le Royaume-Uni, le Canada, l’Australie ou la Belgique devraient reconnaître l’État palestinien lors de l’Assemblée générale des Nations unies.
• En réponse, le ministre des Finances Bezalel Smotrich avait déclaré qu’Israël pourrait annexer l’équivalent de 82 % de la Cisjordanie.