Ces élections pourraient bien marquer la fin d’un cycle politique : le Movimiento al Socialismo (MAS), fondé par Evo Morales en 1997 et représenté jusqu’ici par le président très impopulaire Luis Arce, a changé de stratégie après le renoncement de ce dernier à briguer un nouveau mandat en mai.  

  • Carlos Eduardo del Castillo, ancien ministre du Gouvernement (l’équivalent d’un ministre de l’Intérieur), est désormais candidat. Son colistier est Milán Berna, dirigeant de la Confédération des syndicalistes paysans. Si le MAS conserve un ancrage fort dans les zones rurales, les enquêtes récentes peinent à refléter ce soutien, comme cela s’est produit en 2005, 2009, 2014 et 2020, lorsque le parti avait remporté la victoire dès le premier tour. 
  • Andrónico Rodríguez, longtemps proche des cercles d’Evo Morales, mène campagne sous les couleurs de l’Alianza Popular (AP). Président du Sénat depuis 2020, il revendique une « troisième voie » — ni le MAS traditionnel, ni l’opposition conservatrice — aux côtés de Mariana Prado Noya, ex-ministre de la Planification du développement. En juin, les sondages le créditait de 13 à 15 % des intentions de vote, mais sa progression semble aujourd’hui enrayée.
  • En tête des intentions de vote est l’homme d’affaires multimillionnaire Samuel Doria Medina, qui représente le bloc d’opposition, Alianza Unidad. Ancien ministre de la Planification et de la Coordination (1991-1993) et considéré comme une figure centriste modérée, il mise sur un programme économique de réformes radicales « en 100 jours », jugé central dans un contexte d’inflation et de crise économique. José Luis Lupo, économiste et ex-ministre à plusieurs reprises est son colistier. Donné entre 19 % et 21 % en juin, Doria Medina a été dépassé début août par son rival conservateur, Jorge « Tuto » Quiroga.
  • Ancien président (2001-2002) et vice-président (1997-2001) Quiroga dirige Alliance Libre, parti créé fin 2024 après sa rupture avec la coalition d’opposition. Son colistier est Juan Pablo Velasco, issu du secteur privé et présenté comme un symbole de renouveau générationnel. Quiroga a longtemps été crédité de 16 % à 18 % des suffrages. 
  • Un sondage El Deber du 8 août — réalisé auprès de 2 500 personnes dans tout le pays — le place désormais en tête avec 24,45 % des intentions de vote, devant Doria Medina à 23,64 %.

Une incertitude majeure persiste : la montée du vote blanc, nul ou indécis. Passé de 17 % en juin à plus de 20 % en juillet, ce réservoir pourrait jouer un rôle décisif, notamment dans un scrutin où le vote rural, historiquement favorable au MAS, est difficile à mesurer.

  • Evo Morales, qui a été interdit de se présenter et qui est accusé de « traite » d’une mineure, encourage ses partisans à voter blanc 1.
Sources
  1. Genevieve Glatsky, María Silvia Trigo, From a Compound in the Woods, Evo Morales Runs a Phantom Campaign, The New York Times, 15 août 2025.