Aujourd’hui, vendredi 25 juillet, des représentants de la France, de l’Allemagne et du Royaume-Uni (E3) rencontreront une délégation iranienne à Istanbul pour reprendre les négociations sur le programme nucléaire de Téhéran. Il s’agit des premières discussions depuis les frappes israéliennes puis américaines ayant visé des cibles militaires, nucléaires et civiles iraniennes en juin. La Haute représentante Kaja Kallas participera également aux discussions.
Le principal sujet abordé concerne la potentielle imposition de nouvelles sanctions européennes dans le cadre du mécanisme « snapback ».
- Le 15 juillet, Paris, Berlin et Londres se sont accordés avec Washington pour fixer la fin du mois d’août comme date butoir pour la conclusion d’un accord sur le programme nucléaire de Téhéran.
- Dans le cadre de l’accord de 2015, qui arrivera à expiration en octobre, les pays de l’E3 peuvent ré-imposer des sanctions qui avaient été assouplies par le JCPOA s’ils constatent une « absence de progrès » vers un accord de la part de l’Iran.
- Téhéran a toutefois menacé de se retirer du traité sur la non-prolifération des armes nucléaires si ces sanctions étaient réimposées. Le TNP engage les États non-dotés, dont l’Iran fait partie, à « ne jamais acquérir d’armes nucléaires ».
- Le ministre des Affaires étrangères iranien, Araghtchi, a rejeté la légalité du mécanisme en arguant dans une lettre adressée le 20 juillet au secrétariat général de l’ONU, à Kallas ainsi qu’aux membres du Conseil de sécurité que les pays de l’E3 avaient renoncé par leurs actions à leur rôle de « participants » au JCPOA 1.
Les Européens pourraient évoquer la possibilité de prolonger la date d’expiration du mécanisme de rétablissement des sanctions durant les discussions, en échange d’une reprise des inspections des installations nucléaires iraniennes par l’ONU 2. Suite aux attaques de juin, le Parlement iranien a suspendu sa collaboration avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). Le directeur de l’agence, Rafael Grossi, a par la suite ordonné le retrait des inspecteurs pour des raisons de sécurité.
- Signe d’une ouverture, le vice-ministre iranien des Affaires étrangères, Kazem Gharibabadi, a déclaré mercredi 23 juillet que Téhéran avait « invité une équipe technique de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) à se rendre à Téhéran dans les prochaines semaines ». Toutefois, ces derniers ne pourront vraisemblablement pas accéder aux infrastructures nucléaires.
- Gharibabadi a par ailleurs fait savoir que la reprise des négociations avec les États-Unis sur le programme nucléaire dans son ensemble faisait l’objet de discussions, bien qu’aucune date n’ait été fixée.
- Dans une tribune publiée dans le Financial Times le 8 juillet, soit moins de trois semaines après les frappes américaines, Araghtchi écrivait : « Bien que l’Iran ait reçu ces derniers jours des messages indiquant que les États-Unis pourraient être prêts à reprendre les négociations, comment pouvons-nous croire à un engagement plus poussé ? » 3
- Téhéran a insisté ces derniers jours sur le fait que toute reprise des négociations avec Washington passerait par un intermédiaire.
Selon la dernière évaluation américaine de l’impact des frappes menées le 22 juin, partagée la semaine dernière, l’attaque aurait permis de retarder de deux ans les capacités d’enrichissement iraniennes sur le site de Fordo 4. Lors des négociations à Istanbul, les Européens demanderont également des réponses quant à l’emplacement des 400 kg d’uranium enrichi de qualité quasi-militaire dont disposerait toujours Téhéran.
Sources
- Lettre adressée par Abbas Araghtchi à Antonio Guterres, Asim Iftikhar Ahmad et Kaja Kallas, 20 juillet 2025.
- Dave Lawler, « Iran worries U.S. will use nuclear talks as pretext for new attacks : Senior official », Axios, 23 juillet 2025.
- Abbas Araghtchi, « Iran’s foreign minister : Israel’s war sabotaged diplomacy. The US can revive it », Financial Times, 8 juillet 2025.
- Gordon Lubold, Courtney Kube, Julie Tsirkin, Katherine Doyle, Dan De Luce et Carol E. Lee, « New U.S. assessment finds American strikes destroyed only one of three Iranian nuclear sites », NBC News, 17 juillet 2025.