Un mois exactement après la fin de la guerre de douze jours, quelles leçons tirez-vous de la stratégie israélienne face à l’Iran ?
D’abord, Israël a réussi à se rendre absolument maître de l’espace aérien iranien. Cela a révélé la vulnérabilité de l’Iran et lui a envoyé un message clair quant aux options dont Israël dispose en cas de nouvelle escalade militaire.
Tsahal n’a pas été en mesure d’anéantir toutes les installations nucléaires iraniennes dont certaines n’étaient pas à sa portée. Mais elle a montré qu’elle était en mesure de frapper les points les plus sensibles du territoire iranien. L’Iran devra désormais en être pleinement conscient.
Ensuite, les États-Unis ont décidé d’attaquer des sites nucléaires iraniens. Nous ne connaissons pas encore le bilan exact de ces frappes. L’essentiel est que, pour la première fois, un président américain, dirigeant d’un pays qui affirme depuis vingt-cinq ans vouloir empêcher l’Iran d’acquérir l’arme nucléaire, a franchi le pas et mené une action militaire directe, avec des avions américains, contre l’Iran.
Cela rappelle aussi aux dirigeants iraniens que, la prochaine fois, la riposte pourrait être bien plus sévère. Ils devront en tenir compte.
À mes yeux, l’hypothèse d’un renversement du régime n’a jamais été une option sérieuse.
Ehud Olmert
Au début de l’attaque, il semblait que Benjamin Netanyahou ne visait pas seulement la supériorité aérienne et militaire, mais cherchait aussi à renverser le régime iranien. Pour l’heure, cet objectif n’a pas été atteint. C’est un échec ?
Il ne faut pas prendre au pied de la lettre toutes les déclarations, ni toute la rhétorique pompeuse et grandiloquente qui accompagne parfois ce type d’événements — surtout quand elle vient de Netanyahou, qui excelle dans l’art d’en dire trop.
Je doute que quiconque ait réellement cru qu’Israël allait renverser le régime iranien.
À mes yeux, l’hypothèse d’un renversement du régime n’a jamais été une option sérieuse. Il ne faut donc pas considérer sa non réalisation comme un échec.
La Syrie a récemment connu un changement de régime. Depuis, Israël se montre très actif dans ce pays, recourant notamment à la force pour protéger les populations druzes. Quel est l’objectif de Netanyahou en Syrie ?
La question druze est particulièrement complexe et sensible en Israël.
Nous avons une importante communauté druze, pleinement engagée en faveur de l’État d’Israël. Ce sont des partenaires loyaux pour sa sécurité et ils comptent parmi les meilleurs combattants de l’armée israélienne. Beaucoup d’entre eux sont d’ailleurs tombés au combat récemment.
Lorsque des membres de la communauté druze syrienne, appartenant parfois à des familles vivant en Israël, ont été attaqués, Israël s’est retrouvé face à un dilemme. Ne pas leur porter secours aurait été perçu comme une trahison par les Druzes israéliens. Une réponse militaire était nécessaire. Reste la question de sa forme.
Tant que l’action militaire restait concentrée sur les zones où vivent les Druzes, dans une logique défensive, elle était compréhensible. Je ne comprends toutefois pas pourquoi nous avons attaqué le commandement central de l’armée syrienne à Damas, ou même le palais présidentiel. Cela n’avait rien à voir avec la protection des Druzes. C’était une provocation inutile contre al-Shaara. Une erreur.
Je suis favorable à ce qu’on tende la main à al-Shaara, mais à la condition qu’il fasse sa part.
Ehud Olmert
Pensez-vous qu’al-Shaara puisse devenir un allié d’Israël ? Comment expliquer la décision de Netanyahou de ne pas saisir cette opportunité ?
Il faut être prudent avec al-Shaara. Il est issu des rangs de l’État islamique. Il a passé la majeure partie de sa vie à massacrer et à décapiter, au service du mouvement religieux fondamentaliste le plus extrême qui soit. Aujourd’hui, il est le nouveau président de la Syrie.
Comme beaucoup d’Israéliens, je suis favorable à l’idée d’explorer la possibilité d’un dialogue avec lui.
Mais cela doit se faire avec une extrême prudence, lentement, pas à pas. Il faut d’abord comprendre s’il a vraiment changé, s’il est prêt à engager les réformes nécessaires pour bénéficier d’un soutien israélien, au risque de se retrouver à nouveau attaqué.
Je crois qu’un effort exceptionnel doit être fait pour construire un dialogue avec lui. Mais cela suppose un effort équivalent de sa part. Or, attaquer des Druzes ne va certainement pas dans ce sens. Il faut garder à l’esprit l’extrême sensibilité d’Israël sur ce point et veiller à ce que les forces placées sous son autorité fassent preuve de retenue.
Je suis donc favorable à ce qu’on tende la main à al-Shaara, mais à la condition qu’il fasse sa part. Ce n’est pour l’heure pas le cas.
Netanyahou sort-il renforcé de cette séquence aux yeux des Israéliens ?
C’est difficile à dire. Les sondages menés depuis la guerre en Iran ne montrent pas de changement radical dans l’opinion publique israélienne.
Celle-ci est dominée par deux tendances contradictoires.
D’un côté, l’opération militaire israélienne en Iran a été largement soutenue. L’armée de l’air a été saluée pour la qualité de son intervention. Le fait que Netanyahou ait pris cette décision a clairement joué en sa faveur, cela ne fait aucun doute.
Mais, d’un autre côté, plusieurs éléments pèsent lourdement contre Netanyahou : l’absence d’accord sur les otages, l’absence de cessez-le-feu, la poursuite de la guerre à Gaza qui coûte cher en vies humaines, avec des soldats israéliens tués chaque jour, sans objectif clair ni justification convaincante.
Et puis, il y a ce projet absurde de camp humanitaire à Gaza, qui est perçu, presque partout dans le monde, comme une mesure inacceptable. La perspective d’une expulsion des Palestiniens du nord de Gaza pour les regrouper dans un camp ségrégué au sud ternit son image.
J’ai donc l’impression que la perception de Netanyahou dans l’opinion publique israélienne est restée globalement inchangée.
Les États-Unis ne quittent pas l’UNESCO pour faire plaisir à Israël.
Ehud Olmert
Est-ce que le soutien actif apporté par Donald Trump à la guerre en Iran marque une inflexion de la politique américaine envers Israël ?
J’aimerais aussi pouvoir comprendre, mais je cherche quelqu’un qui puisse m’expliquer ce que fait Trump !
Je pense qu’Israël a surpris les États-Unis en attaquant l’Iran. Et que ces derniers ont préféré se joindre à l’opération avant que la guerre ne dégénère en un conflit beaucoup plus important.
La participation américaine peut être comprise comme une tentative de contenir les événements avant qu’ils ne deviennent incontrôlables. Par leur attaque, les États-Unis ont envoyé un message aux dirigeants iraniens, les avertissant des possibles conséquences d’une escalade dans la riposte à Israël.
Par leur engagement, les États-Unis ont probablement évité que l’attaque israélienne ne provoque de plus grands troubles dans tout le Moyen-Orient.
Si Israël prend conscience de l’ampleur et de l’impact de ce que les gens voient et s’il modifie son cap pour mettre fin à la guerre, cela pourrait aussi ouvrir la voie à une réhabilitation diplomatique.
Ehud Olmert
Le Département d’État américain a annoncé le retrait des États–Unis de l’UNESCO en réaction à une possible reconnaissance par l’organisation internationale de l’État de Palestine. Est-ce une victoire politique pour Netanyahou ?
Je ne crois pas. Les États-Unis avaient déjà quitté l’Unesco pendant le premier mandat de Trump, avant que Biden ne réintègre l’organisation.
Les États-Unis ne quittent pas l’UNESCO pour faire plaisir à Israël. Ce nouveau retrait fait tout simplement partie du programme de Trump et la question de la Palestine ne sert qu’à renforcer son argumentaire.
Depuis deux ans, les victoires militaires d’Israël sont indéniables. L’opération contre l’Iran a été un succès ainsi que l’élimination des cadres du Hezbollah. Et pourtant, en raison des choix du gouvernement israélien à Gaza mais aussi en Cisjordanie, on observe un rejet diplomatique croissant d’Israël de la part des pays du « Sud global ». Pensez-vous que cette dynamique pourra être inversée après l’ère Netanyahou ?
Cela changera très probablement après Netanyahou. En réalité, cela pourrait même changer avec lui, s’il acceptait d’écouter le monde et comprenait que ce qui pouvait encore sembler justifiable le 7 octobre 2023 ne l’est plus nécessairement en juillet ou en août 2025.
Quelque chose de profond s’est produit entre ces deux dates. Le 7 octobre 2023, environ 1 500 Israéliens ont été massacrés, égorgés, pris en otage. Mais en juillet 2025, on compte plus de 60 000 Palestiniens tués et environ 60 % des bâtiments de Gaza détruits.
La perception internationale a évolué, non seulement à cause de l’horreur initiale du 7 octobre, mais aussi à cause de ce qu’Israël a fait depuis. Et cette perception continue de changer.
Si Israël prend conscience de l’ampleur et de l’impact de ce que les gens voient, chaque jour, en Europe ou aux États-Unis — les colonnes de fumée, les explosions, les frappes aériennes sur Gaza — et s’il modifie d’une manière ou d’une autre son cap pour mettre fin à la guerre, alors oui, cela pourrait aussi ouvrir la voie à une réhabilitation diplomatique.
Selon vous, quelle est aujourd’hui la probabilité que le gouvernement Netanyahou soit renversé dans les semaines ou les mois à venir ?
Le désir de Netanyahou de rester au pouvoir est ce qui motive ses actions depuis le premier jour. Il n’est pas mû par les intérêts d’Israël, ni par la réponse aux difficultés que nous avons traversées ces deux dernières années.
Y compris dans le contexte très difficile de la guerre, Netanyahou fera tout ce qu’il peut pour rester aux commandes d’Israël. Et nous devons continuer à faire tout ce que nous pouvons pour nous débarrasser de lui.
Il faut d’abord rappeler clairement et fermement une évidence : Gaza fait partie de la Palestine et doit continuer d’en faire partie.
Ehud Olmert
Je ne pense pas que Netanyahou sera renversé par un vote à la Knesset, car il n’y a pas actuellement assez de voix pour soutenir un Premier ministre alternatif, condition nécessaire pour faire tomber un gouvernement.
Cela dit, je constate que son gouvernement s’affaiblit et perd progressivement en popularité.
Il est donc probable que des élections anticipées soient organisées, peut-être à la fin mars 2026. Ces élections pourraient bien marquer la fin de l’ère Netanyahou.
Faudrait-il selon vous engager des poursuites judiciaires contre Benjamin Netanyahou et d’autres responsables israéliens pour la manière dont ils ont conduit cette guerre ?
Netanyahou ne peut être poursuivi en justice que s’il existe des preuves qu’il est individuellement et directement responsable d’avoir abusé de ses prérogatives en tant que Premier ministre pour commettre ce qui est défini en termes juridiques comme un crime.
Si, d’une part, la CPI a émis des mandats d’arrêt à l’encontre de Benyamin Netanyahou et l’ancien ministre de la défense Yoav Gallant, d’autre part, la CIJ de La Haye a accordé des mesures provisoires en faveur de la protection des Palestiniens tout en refusant de suspendre les opérations militaires israéliennes.
Le débat juridique sur ce point est donc en cours.
Pour ma part, j’espère sincèrement qu’il sera poursuivi en Israël, pour les crimes qu’il a commis contre l’État d’Israël, contre sa stabilité et contre la solidarité de la société israélienne — ce qui entraînerait sa chute politique.
J’espère en revanche que Netanyahou ne sera pas poursuivi au niveau international car un procès contre le Premier ministre israélien deviendrait un procès contre l’État d’Israël. Et je pense que cela pourrait créer une situation dans laquelle il serait plus difficile encore d’aller vers la paix.
Comment voyez-vous l’avenir de Gaza à court terme ?
Il faut d’abord rappeler clairement et fermement une évidence : Gaza fait partie de la Palestine et doit continuer d’en faire partie.
Historiquement, Israël a toujours eu une attitude ambivalente à l’égard de l’enclave. Gaza n’a jamais fait partie de l’État d’Israël et n’a jamais été destinée à en faire partie. Toutefois, tout au long des processus de négociation historiques que nous avons menés avec les pays arabes au sujet de Gaza, en particulier avec l’Égypte, la posture israélienne a toujours été de conserver la possibilité de contrôler Gaza d’une manière ou d’une autre.
En 2005, alors que j’étais Vice-Premier ministre de Sharon, nous avons fait ce qui était alors une première pour un gouvernement israélien en décidant de nous retirer complètement de la bande de Gaza et de démanteler toutes les colonies israéliennes situées de l’autre côté de ce qui était considéré comme la frontière. Et nous avons fait appliquer cette décision.
Un aspect essentiel porte sur la connexion physique entre Gaza et la Cisjordanie. Ce lien n’a jamais existé, mais je le juge essentiel. Je ne le répéterai jamais assez : Gaza ne fait pas partie d’Israël, elle fait partie de la Palestine. Et si Gaza fait partie de la Palestine, alors la Palestine doit participer à sa reconstruction et à son administration.
Quels scénarios pourraient permettre de terminer cette guerre ?
La seule issue possible aujourd’hui est de mettre immédiatement fin à la guerre, de rapatrier tous les otages, de libérer les prisonniers palestiniens dans le cadre d’un accord et de mettre en place une force de sécurité intérimaire composée de Palestiniens, d’Égyptiens, de Jordaniens, d’Émiratis, de Bahreïnis — et peut-être aussi de soldats saoudiens — qui prendraient le contrôle effectif de Gaza. Cette force permettrait un retrait complet d’Israël tout en empêchant le Hamas de reprendre le dessus.
Il faut, dans le même temps, établir une administration chargée de gouverner Gaza à la place du Hamas. Elle serait liée organiquement à l’Autorité palestinienne, le seul organe représentatif global des Palestiniens, reconnu par la communauté internationale, les Nations unies, l’Union européenne, etc.
Le problème, c’est que le bilan de l’Autorité palestinienne en matière de gouvernance, en particulier à Gaza, est médiocre.
Nous proposons donc qu’il y ait un lien juridique avec l’Autorité palestinienne, mais que l’organe directeur à Gaza dispose de pouvoirs exécutifs indépendants afin de pouvoir contrôler le territoire et mettre en œuvre ce qui est nécessaire pour la reconstruction.
C’est le plan que j’ai présenté, avec l’ancien ministre des Affaires étrangères de l’Autorité palestinienne, Nasser Al-Qidwa.
Nous pensons que c’est aujourd’hui la seule voie viable.
Bien sûr, si l’on souhaite aller plus loin et transformer en profondeur la donne régionale, il faudra ouvrir une nouvelle ère. Une décision politique forte sera nécessaire pour entamer des négociations sérieuses avec l’Autorité palestinienne autour d’une solution à deux États.
À l’échelle régionale, cela permettrait de reprendre les relations avec l’Arabie saoudite et, potentiellement, avec l’Indonésie et d’autres pays arabes et musulmans.
Israël ne veut pas mettre fin à la guerre.
Ehud Olmert
Cela représenterait un changement stratégique majeur, capable de modifier en profondeur les équilibres au Moyen-Orient. Ce serait un tournant radical.
Qui pourrait contraindre toutes les parties concernées à faire un pas important vers le début d’une solution de paix ?
Si vous demandez aux acteurs impliqués ce dont ils ont besoin pour parvenir à une solution, ou du moins à un début de négociation, ils vous répondront tous : « Nous avons besoin que le président américain adresse une demande très ferme aux parties concernées. »
En ce sens, nous attendons que Trump convoque Netanyahou dans le lieu qu’ils aiment tous les deux le plus : le Bureau ovale, devant les caméras. Là, le président Trump pourra dire théâtralement à Netanyahou : « Bibi, ça suffit. Trop, c’est trop. Tu dois passer à autre chose. »
Le rôle de l’Arabie saoudite pourrait aussi être déterminant ?
Je pense que les Saoudiens font face à un dilemme.
D’un côté, ils sont impatients d’avancer vers la normalisation avec Israël, dans le cadre d’une nouvelle stratégie visant à rassembler tous les pays modérés potentiellement opposés aux Iraniens. Ils ont répété à maintes reprises qu’ils étaient prêts et disposés à normaliser leurs relations.
Dans le même temps, les Saoudiens ne sont pas prêts à aller de l’avant sans une évolution sur la question israélo-palestinienne. Comme MBS le répète sans cesse à ceux avec qui il discute de ces questions : « En Arabie saoudite, il y a des millions de citoyens qui ne me pardonneront pas d’ignorer les besoins des Palestiniens. »
Par conséquent, la position de l’Arabie saoudite est un élément majeur qui influencera les développements qui pourraient avoir lieu.
Je pense que les Saoudiens ont mis en avant des options positives pour Israël, en présentant les avantages potentiels d’un pas en avant vers les Palestiniens et en garantissant que cela mènera à une normalisation avec l’Arabie saoudite. Cela placerait l’État d’Israël dans une situation totalement différente de celle qu’il connaissait jusqu’alors.
Les Saoudiens apportent donc leur contribution et nous devons saisir le potentiel que cela représente.
Quel rôle le Qatar joue-t-il aujourd’hui dans les négociations sur la libération des otages et un possible cessez-le-feu avec le Hamas ? Où en sont ces négociations et qu’est-ce-qui, selon vous, empêche d’aboutir à un accord de cessez-le-feu ?
Je ne connais pas tous les détails du processus de négociation actuellement en cours au Qatar, ni l’ensemble des dynamiques en jeu. Mais de manière générale, le cœur du désaccord est assez simple.
Le Hamas affirme — et je suis enclin à le croire — qu’il est prêt à libérer tous les otages si Israël accepte de mettre fin à la guerre, et que cette fin soit encadrée et garantie de manière crédible par les États-Unis.
Toutefois, Israël ne veut pas mettre fin à la guerre. Il n’existe donc, à ce stade, aucune base réelle pour un accord.
Je ne cherche en rien à minimiser la nature du Hamas. Ce sont des assassins, des extrémistes, une organisation absolument intolérable. Cela ne fait aucun doute pour moi. Mais ils ne sont pas stupides. Et je ne crois pas qu’ils renonceront à leur seule carte de négociation — les otages — sans obtenir en échange ce qu’ils considèrent comme l’essentiel : la fin des hostilités.
La question, désormais, est de savoir si Israël est prêt ou non à mettre fin à la guerre pour obtenir le retour de tous les otages.
À ce jour, l’opinion publique israélienne semble majoritairement favorable à un arrêt immédiat de la guerre, quelles que soient les circonstances, si cela permet le retour des otages.
Mais une part significative du gouvernement israélien est explicitement opposée à la fin de la guerre, même si cela implique la mort de certains otages. Ils sont prêts à sacrifier les otages plutôt que de mettre fin à la guerre.
Israël devrait-il participer financièrement à la reconstruction de Gaza ?
Cette reconstruction devra d’abord être prise en charge par la communauté internationale.
Certes, Israël peut être tenu pour responsable des destructions. Mais l’État israélien pourrait aussi formuler des revendications concernant la destruction de colonies et de villes israéliennes à l’intérieur de son territoire, perpétrée par le Hamas au début de la guerre, le 7 octobre 2023.
Se focaliser sur l’obtention d’une participation financière d’Israël à la reconstruction me semble donc contre-productif. Il y a suffisamment de pays arabes ayant les moyens nécessaires et, compte tenu des circonstances, seraient disposés à prendre en charge les besoins de reconstruction à Gaza.
Vous êtes un partisan convaincu de la solution à deux États. Toutefois, à chaque nouvelle crise, cette perspective semble s’éloigner. Comment convaincre qu’il s’agit encore d’une option crédible, réaliste et concrètement viable ?
Au fond, il n’y a que deux options.
La première est de continuer à se battre indéfiniment. C’est ce que nous faisons entre Israéliens et Palestiniens depuis 77 ans environ. Nous pouvons poursuivre dans cette voie encore longtemps. Cela conduira à davantage de sang versé, d’Israéliens et de Palestiniens tués, sans qu’aucun changement radical n’ouvre un nouvel horizon.
L’autre option est d’essayer de faire la paix. Or, il n’existe, à mes yeux, qu’un seul chemin vers une paix durable : la solution à deux États.
Bien que cela puisse prendre du temps, tôt ou tard, chacun finira par reconnaître cette réalité incontournable : il n’existe pas d’alternative crédible à la solution à deux États.
Il est clair que le gouvernement actuel repose sur l’opposition à cette solution politique. Il ne s’y oppose pas seulement sur tel ou tel point : il est farouchement opposé à sa substance même.
C’est la raison pour laquelle, pour avancer, Netanyahou doit être démis de ses fonctions.